CHAPITRE QUINZE

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Alicia

Une assiette d'escalope milanaise avec des spaghettis dans mon assiette, je n'y touche pas. Face à moi, mon père mange tranquillement, sans un mot. Un vinil de chansons italiennes comble le silence. Nerveusement, je joue avec ma fourchette. Mon chat est installé sur mes genoux, tandis que le chien de mon père est allongé sur la table. 

Je jette quelques rapides coups d'œil à mon père tandis qu'il déguste. Jusqu'à ce qu'il relève sa tête et regarde mon assiette. Il fronce les sourcils et me dit d'une voix grave : 

- Pourquoi tu ne manges pas, mia cara ? 

- Je n'ai pas faim. 

Je lâche ma fourchette et m'adosse contre le dossier de ma chaise. Je croise les bras et le regarde dans les yeux. Mon père attrape son verre de vin et boit une gorgée. 

- C'est quoi cette histoire avec Remy, papa ? je lui demande finalement. 

Il manque de recracher. Ses yeux s'ouvrent en grand et pose sa coupe derrière son assiette. Il s'essuie la bouche avec sa serviette et se racle la gorge. 

- De quoi est-ce que tu parles ? 

- Ne joue pas l'innocent avec moi, papa. Réponds à ma question ! C'est quoi cette histoire avec Remy ? 

- Mia cara... 

- Non papa ! Smetilla ! Je veux que tu me répondes ! Pourquoi tu as envoyé Remy me surveiller à la soirée de hier soir ! Il n'y a rien de compliqué dans ma question ! Si ? 

Tandis que j'attends une réponse de sa part, mon père s'essuie les mains dans sa serviette, les yeux baissés. 

- Remy n'était pas là pour te surveiller. Il devait te guider dans une mission claire et précise. C'était pourtant très simple ! Tu devais attirer Rafaël vers toi pour que ton partenaire de mission puisse enfin le kidnapper et me l'emmener. 

- Désolée papa... Mais ton plan, c'était de la merde ! Tu pensais sincèrement que JACOB allait se laisser faire comme ce que tu l'aurais espéré ? Surtout qu'il y avait Léandro qui était avec lui. 

- Ils étaient deux, tu dis...?

- Oui papa !! Rafaël n'était pas tout seul à cette soirée ! Il était avec son frère et sa meilleure amie. Comment as-tu pu penser qu'il allait se faire avoir comme ça. Chaque fois que je suis dans son champ de vision, il...

- Je me fiche de savoir comment il est quand vous vous regardez ! Je suis très déçu de toi, Alicia. Tu as échoué dans ta mission, encore une fois ! 

- Vas plutôt faire la morale à Remy qui a abusé de moi pendant la soirée. Tu payes des types qui ne pensent qu'à m'avoir dans leur lit !

Son regard devient noir. 

Lentement, mon père se lève et me surplombe de sa hauteur. Je lève les yeux pour mieux le regarder. 

Une gifle. 

Ma tête vacille sur le côté. Un cri d'effroi traverse la barrière de ma bouche et mes yeux s'ouvrent en grand. Ma joue chauffe et me fait mal. Puis d'une main, mon père m'attrape le visage pour m'obliger à le regarder dans les yeux. 

- Tu me fais honte, Alicia DIAZ. Vraiment honte. Arrête de faire ta pleureuse et réveille toi un petit peu. Tu n'avais qu'une chose à faire, c'était de t'occuper de Rafaël et de faire ce que je t'ai demandé de faire.

- BORDEL PAPA !!! POURQUOI TU NE VEUX PAS ENTENDRE CE QUE J'AI A TE DIRE !!! 

Nouvelle gifle. Je manque de m'écrouler sur le sol. Je pose une main sur ma joue brulante, les larmes aux yeux. 

- Ton rôle n'est pas de coucher avec tout ce qui bouge. Tu feras bien ce que tu veux lorsque tu auras accomplis ce que je t'ai demandé de faire. Tu es sous mes obligations. Que tu sois ou pas, ça ne changera rien. 

- Je ne suis pas ta fille, papa... 

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Je ne sais pas d'où vient cette prise de courage. Je tourne la tête pour accrocher mon regard dans le sien. Je me lève pour lui faire face, mais le regrette instantanément. 

- Je ne suis pas ta fille papa. Je suis ton pion, ton soldat. Tu oublies que je ne suis pas comme tout ces hommes que tu engages depuis toutes ces années. Je me demande sincèrement si tu m'écoutes quand je te parle ? Depuis que maman s'est barrée et qu'elle est morte, tu me dénigres complètement. Tu m'empêches de faire des choses comme tout les autres étudiants de mon âge. Tu me considère comme un objet. C'est la même chose pour tes hommes ! Si tu veux tout savoir, c'est Remy qui m'a tirer par le bras, m'a emmené dans une chambre pour me forcer à coucher avec moi. Je ne faisais rien d'autres que de m'amuser ! Il n'est pas le seul à l'avoir déjà fais ! 

Long silence. 

Mon père me regarde avec colère mais ne dit rien. Je maintiens son regard noir dans le mien. Mes poumons se contractent et une larme coule le long de ma joue. Je me mords la lèvre pour ne pas plus pleurer. 

- Tu vois... Tu ne dis rien... Tu me regardes comme si j'étais responsable de tout tes problèmes... N'oublie pas que je suis ta fille. Que nous partageons le même sang. Que je ne suis pas ton putain de soldat. J'attends encore le jour où tu vas comprendre que je ne reste pas avec toi dans l'unique but de prouver aux JACOB que je suis de ton côté... Que j'ai une soif de vengeance similaire à la tienne. Pourquoi ce n'est pas toi qui va confronter les Volpe toi-même ? Pourquoi tu m'envoies au front comme ça ? Entre Raf et moi, je suis la plus faible.

Il se crispe et m'attrape par les cheveux. Il me force à me lever et me traine jusqu'à ma chambre. J'hurle en lui ordonnant de me lâcher. Mais il n'y a rien à faire. Il me jette finalement sur mon lit. Je me cogne le front contre le coin de ma table de chambre. 

Sonnée, je pose une main sur mon arcade. Un liquide s'écoule lentement entre mes doigts. 

Mon sang... Mon propre sang.

Ma vision est floue. Mon père se dresse face à moi et m'agrippe à nouveau les cheveux. Mes yeux sont embués de larmes. 

- Plus jamais tu me parles ainsi, jeune fille. Tu vas continuer de faire ce que je t'ai demandé sans ouvrir ta bouche, tesoro. Que tu sois mon enfant ou pas, ça ne change rien. Tu dois faire ce que je te demande de faire. Point final. 

Il relâche mes cheveux et ma tête tombe lourdement sur mon matelas. Une douleur assassin me pousse à lâcher un grognement profond. Mon père quitte la chambre et claque la porte. 

Je reste allongée sur mon lit, laissant mon sang tâcher mes draps. 

Je pleure. 

Je craque. 

Impossible de me redresser. Mon corps est envahit de spasme. Mes poumons me brûlent, mon cœur tape de plus en plus fort dans ma poitrine. Je suis paralysée par la haine, par la peur, par la fatigue. 

Je suis fatiguée, épuisée par la vie qu'on m'offre. 

Qu'est-ce que j'ai fais pour mériter un père comme ça...? 



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