CHAPITRE QUATORZE

5 1 6
                                    

Rafaël

- Lâche rien, Raf ! 

Je frappe à nouveau dans le sac de sable. Les poings serrés, le corps transpirant et le regard noir, je tape de plus en plus fort. Pour chaque coups, je grogne de rage. Mes phalanges me brûlent et saignent un petit peu. 

Frappe à gauche. 

Frappe à droite. 

Une rage grandissante s'installe petit à petit dans mon organisme. Mon front est imbibé de ma transpiration. Mes poumons se contractent à chaque coups que je donne dans le sac. J'ignore depuis combien de temps je me défoule ainsi. Une chose est sûre, ça me fait un bien fou. 

- C'est bon Raf ! Je pense que tu peux arrêter cette fois ! m'indique Tiago à mes côtés.

Je lâche tout et respire de plus en plus fort. Sa main gauche se pose sur mon épaule droite et m'adresse deux petites frappes amicales. Je me laisse lentement tombé sur mes genoux, les mains sur mes cuisses. J'entends mon ami rire avant de me dire : 

- C'est que tu en avais des choses à défouler, mon pote ! 

- M'en parle pas... lui répondis-je entre deux reprises de respirations.

- Alors... Qu'est-ce qu'il s'est passé ! Dis-moi ! 

Il me tend une bouteille d'eau et vient s'asseoir en face de moi. Il agrippe ses genoux avec ses paumes et ne me lâche pas du regard. Je prends une grande gorgée d'eau en fermant les yeux. 

- C'est encore tes problèmes avec les Aquile qui te rendent aussi aigri ? 

- Je n'en peux déjà plus, d'eux... dis-je après avoir avalé. 

- Qu'est-ce qu'il s'est encore passé ? Tu as réussis à avoir ce que tu voulais ? 

- Absolument pas.

Je pose la bouteille sur ma gauche et baisse la tête. Je ferme les yeux et calme ma respiration. 

- Raconte ! Bon sang de bonsoir ! 

- Je suis aller à une soirée hier soir. 

- Ouais...? Et c'est quoi le rapport avec les Aquile ?

- C'est trop compliqué à expliquer. 

- Comment ça "compliqué" ? Il s'est passé quelque chose de grave ? 

Je regarde autour de moi, vérifiant qu'il n'y est personne qui nous écoute. Je regarde finalement Tiago qui se tient impatient face à une réponse de ma part.

- Alicia s'est faite agressée hier soir, à la soirée...

- Hein ? Agressée ? Mais par qui ? 

- Je ne sais pas... Je ne connais pas le gars. Ils étaient tout les deux dans une chambre quand je les ai entendu. Et de ce que j'ai cru comprendre dans leur discussion, la petite Aquile s'est engagée dans un bourbier sans nom. 

- Ouhhh... La petite fille à papa est finalement une vilaine fille ? me dit Tiago en ouvrant ses yeux en grand. 

- Nan, ce n'est pas finis... Il semblerait que ce soit son père qui soit derrière tout ça.

- Explique ? demande-t-il en fronçant des sourcils. 

- Je ne sais pas comment expliquer... Tout ça m'a l'air assez complexe... 

- Il n'y a rien de complexe, Raf. Alicia est envoyée par son père pour détruire votre famille en commençant par ta petite tête. 

Je grogne et me lève. Je passe une main dans mes cheveux et lui tourne le dos. Mes pensées tournent en boucle dans mon crâne, tandis que Tiago reste assis sur le sol. Je m'avance de quelques pas, le regard vide. 

- Pourquoi tu te casses la tête, Raf ? Cette fille est en train de te prendre la tête dans tous les sens possible. 

- Je n'ai que quelques jours pour faire un compte rendu de mes observations...

- Et alors ? Tu pourrais très bien écrire tout ce que tu viens de me dire ! Moi je dis... c'est largement suffisant pour faire avancer les choses. 

- Nous risquons de faire fausse route dans notre objectif principal. 

- Mais c'est quoi votre but dans cette histoire ? Je ne comprends plus rien du tout ! 

- Aquile doivent payer pour le crime qu'ils ont commis ! 

- Mio dio...

Je jette ma bouteille sur le sol et sers les poings. Mon regard se fait de plus en plus sombre dans le vide. J'entends Tiago se mettre debout sans pour autant s'approcher. Il reste calme, très calme. 

Ne pas savoir me rends fou. 

J'ai dû rater quelque chose d'important...

Je tourne en rond, réfléchissant à tout ce dont j'ai pu voir au court de cette semaine. Il ne me reste que trois jours avant de rendre mon compte rendu final. Mais la peur de faire fausse route me prend le corps. Mes mains tremblent et mon cœur bat plus vite. Je rumine en me mordant l'ongle de mon index. 

L'angoisse monte. 

Tiago se lève et avance dans ma direction. Je l'arrête de la main en le regardant méchamment. 

- Alicia et son père sont rusés. Ils savent ce qu'ils font ! Si mes observations sont fausses et que le cartel finit dans la merde, c'est entièrement de ma faute ! Ils peuvent très bien faire preuves d'imaginations pour nous pousser dans le vide. Tu sais très bien ce qu'il risque de m'arriver si je ne fais que de la merde. 

- Et pourquoi tu ne passerais pas directement à l'action ? C'est bien beau de tourner autour du pot en écoutant aux portes. Mais si tu ne fais rien maintenant, ça n'avancera jamais. 

- Je ne ferais rien sans que ma famille ne soit au courant. Je prendrais trop de risque et perdrait certainement la vie ! Non, non... Je dois faire les choses qu'on me demande ! 

- Putain... Mais qu'est-ce que tu peux être tête de mulle, des fois ! Ta famille est en danger ! Je comprends que tu veuilles ne pas désobéir à ton père ! Mais tu n'as pas le choix ! C'est de la perte de temps, ces observations ! Ca va vous servir à quoi au juste ? A vous casser la tête plus qu'il ne le faut ? Non Raf ! Tu dois te bouger le fion et faire le nécessaire pour protéger les tiens ! 

Fou de rage, j'avance d'un pas lent vers Tiago et l'empoigne par le col. Je le plaque contre un mur et approche mon visage du sien. La tension monte d'un cran et mon regard s'assombrit. Tiago grogne et tente de se libérer. Je l'immobilise et le force à me regarder dans les yeux : 

- Que tu le veuilles ou non, je dois faire ce que mon père me demande de faire. Tu n'as aucun rôle dans le cartel pour me dicter des obligations. Je suis fidèle à mon père... Et ce n'est pas un mec comme toi qui va me faire changer d'avis. Ouais, je suis une tête de mulle... Mais ne t'avise plus jamais d'ouvrir ta gueule sur un sujet qui me concerne. La prochaine fois que tu oses essayé me faire changer d'avis sur ma mission, c'est avec une balle entre les deux yeux que ta famille va te retrouver. Est-ce que c'est bien clair ? 

Il ne me répond pas.

Je le vois commencé à manquer d'air. Ce n'est pas pour autant que je lâche ma poigne. Justement, je la ressers un petit peu plus. Il lâche un énième grognement en fermant les yeux. Je ne le lâche pas une seule seconde du regard. 

- C'est bon... finit-il par dire. J'ai compris...

- C'est bien. 

Je le relâche brutalement et Tiago s'allonge au sol. Il se tient la gorge, le visage comprimé de douleur. Je le regarde de haut, la haine dans mon regard. Je finis par lui tourner le dos et avance jusqu'à ma bouteille. Je l'attrape et prends une grande gorgée. 

La tension n'en finit pas. Mon cœur se comprime de colère. Les mains tremblantes, je m'assois sur le banc et glisse mes doigts dans mes cheveux. Je me masse le crâne en fermant les yeux. Je lâche un long grognement de frustration. 

Il faut que je me détendes...

Il faut que je me détendes...

Il faut que... 

Je vais finir fou. 

DOLCE VENDETTAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant