Chapitre 2

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Comme prévu, Madame Giraud n'a pas été la professeure du siècle. Aigrie comme jamais, elle lui faisait penser à une vieille chouette.
Ensuite, ils ont eu cours de latin avec Monsieur Douillard qui n'interrogeait que les garçons même si elle ou Annick levaient la main.
L'homme a écrit une phrase en latin au tableau puis s'est tourné vers ses élèves.

- Qui peut me dire ce que cela signifie ?

Rose a lu la phrase puis a levé la main sans trop d'enthousiasme, sachant qu'elle ne serait pas interrogée. Cinq ans de latin et de grec pour qu'un vieux croulant vous ignore.
Un jeune homme dans le fond lève la main et comme prévu, le professeur l'interroge.

- Oui ?

- Je crois que Mademoiselle Smith lève la main, dit-il.

Les élèves se mettent à rire alors qu'elle pivote la tête. C'est un garçon aux cheveux châtain clair presque blond, des yeux noisette et une paire de lunettes rondes sur le nez. Plutôt mignon. Il lui fait un clin d'œil et elle se détourne.

- Alors ?

Rose repousse sa chaise, se levant, les mains croisées devant elle.

- « Les Romains accueillent Horace avec des cris de joie et de félicitation et ils l'escortent jusqu'à chez lui », cite-t-elle.

- « Les Romains acclament Horace », corrige l'homme. Qui peut me conjuguer le verbe « ovare » ?

Monsieur Douillard se retrouve bien obligé d'interroger Annick tandis que sa voisine se rassoit. Rose écoute son ami réciter quand elle entend du raffut dans son dos. Il y a des chuchotements et des papiers échangés.
La feuille pliée atterrit dans les mains d'un grand brun à la chemise orange, le professeur interrompant le cours.

- Arrêtez. Donnez-moi ça.

Le jeune homme se lève et traverse l'allée pour aller lui donner le papier qu'il déplie, découvrant un dessin obscène.

- Vous trouvez ça drôle ?

- Je n'ai rien fait.

- Qui est responsable de ce chef-d'œuvre ?

Personne ne répond.

- Votre nom ?

- C'est pas moi.

- « C'est pas moi ». Tous les coupables portent le même nom. Ils doivent tous être apparentés. D'accord, Monsieur, c'est pas moi..

- Je m'appelle Laubrac, le coupe le brun.

- Très bien, Laubrac. Vous êtes le gamin de l'assistance, devine le professeur.

Des ricanements s'élèvent et Rose fronce les sourcils, se demandant ce qu'il y a de drôle dans le fait d'être orphelin.

- Le fils d'un inconnu qui essaie d'obtenir son diplôme ? Comme c'est amusant. Personne ne vous a appris la discipline dans le système de protection de l'enfance ? Je ne laisserai pas un bâtard perturber mon cours. Sortez d'ici.

La blonde ouvre la bouche, choquée qu'on puisse traiter un élève de cette manière.

- Mais il n'a rien fait !

C'est une des filles qui est intervenue, des cheveux blonds vénitiens bouclés et coiffés en tresses.

- Personne ne vous a appris à lever la main à l'école de filles, Mademoiselle Magnan ? Ou peut-être que vous pensez avoir un laissez-passer gratuit parce que votre oncle est le surveillant général ?

Des chuchotements surpris envahissent la salle.

- Escortez votre nouvel ami au bureau de votre oncle. Il vous donnera aussi une retenue.

My flower {Mixte1963}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant