En septembre 1963, le Lycée Voltaire, jusqu'alors réservé aux garçons, devient mixte et accueille des filles pour la première fois. Même si elles sont peu nombreuses, cette ouverture est une vraie révolution. La vie du lycée en est bouleversée.
Ros...
Rose s'est réveillée avec les yeux bouffis et les joues couvertes de larmes sèches. Cela n'a pas été une nuit facile, la passant à pleurer et à ressasser les choses dites et faites de Descamps. Elle s'est levée et Hortense l'a aidé à se préparer. On a toque à la porte et Charles est entré, déjà dans son costume pour aller au travail avec leur père. Il s'appuie contre le chambranle de la porte, croisant les bras sur son torse.
- T'as pas dîné hier soir.
- J'avais pas faim.
- Mom, nous a expliqué ce que Joseph a fait. Quel crétin.
- Mmm.
- Tu vas lui pardonner ?
- J'en sais rien, soupire-t-elle. Mais il m'a blessé.
- Je suppose. Eh, si tu veux lui donner une leçon, t'es dans ton droit.
- J'ai pas vraiment envie d'aller voir un autre gars pour le rendre jaloux.
- Je te dis pas forcément d'aller embrasser un autre mec ! Juste... Montre-lui ce qu'il a perdu.
La jeune fille sourit, se levant de sa coiffeuse pour aller l'enlacer.
- Tu es un génie. Merci, brother !
- Anything for you, sister.
Charles embrasse sa joue puis ressort de la chambre. Rose ôte la longue jupe et le pull qu'elle avait prévu de mettre aujourd'hui, les balançant sur son lit et fouille dans son armoire pour trouver la tenue parfaite. Elle enfile une longue robe à la jupe noire et à la veste blanche.
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Une robe que lui a offert sa grand-mère il y a plusieurs années et qu'elle n'a jamais pris le temps de mettre.
- Miss, vous êtes absolument splendide, sourit Hortense en nouant un petit nœud dans ses cheveux.
- Merci, Hortense.
Rose met des bottines à talon puis prend sa sacoche et descend dans la salle à manger. Ses frères sifflent quand elle entre, tournant sur elle-même en souriant.
- Honey, tu es magnifique !
- C'est son plan pour rendre jaloux Joseph, explique l'aîné.
- Ohh, tu es vicieuse, sister, ricane Antoine.
- Je suis heureuse de voir que tu vas déjà mieux, sourit leur mère.
- Je vais mieux. Avoir pleuré toutes les larmes de mon corps m'a fait du bien.
Ils rigolent tandis qu'elle s'installe à table. N'ayant pas mangé la veille, elle prend un petit déjeuner copieux puis se rend à sa voiture. Jacques la salue, heureux de la voir de bonne humeur et lui ouvre la porte arrière. L'homme la conduit au lycée où il se stoppe devant la grille.
