𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏

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2024

Je marche dans les rues d'amsterdam, les nombreux passants ne prennent pas la peine de se pousser pour me laisser passer. Je suis pressée, trois semaines que j'ai intégré mon nouveau boulot dans un coffee shop et je suis déjà en retard. Hier soir je n'aurais jamais dû ressortir tous ses mauvais souvenir de leurs boîtes. Bien que je commence à en avoir marre de vivre entre les cartons et les planches de bois.

Je presse le pas et me fait bousculer par un homme, mon sac se répand au sol et ma chute est mémorable. Il me tend une main pour m'aider a me relever, je ne l'accepte pas et me remets sur pieds toute seule.

–Excusez- moi, je ne vous ai pas vue arrivée.

Je ne lui réponds pas et reprends mon chemin. Je zigzag entre les vélos et les passants puis j'arrive finalement devant mon boulot.

J'aime l'odeur de cannabis que dégage la boutique, à peine la porte poussée qu'un nuage hilarant me saisit.

–Azélia, t'es en retard.

Mon patron, Tom, autant il peut être adorable dans la vie personnelle, mais au taff c'est un tirant.

–Je sais, je suis désolée, c'était le déménagement hier et j'ai passé ma nuit dans les cartons.

–Ok tu es excusé, allez vas remplir les bocaux, les clients ne vont pas tarder à rappliquer.

La matinée passe plutôt tranquillement, quelques clients venus chercher quelque gramme de beuh, d'autres se sont installés à table pour boire un coup en même temps. Midi arrive rapidement et l'heure de quitter avec. Mon patron arrive, me file un petit pochon.

–Cadeau, ça te fera du bien. On se revoit demain.

J'attrape le cannabis, le four dans ma poche et sort de l'établissement.

Sur la route du retour, je m'arrête a un petit kiosque à journaux, sur l'aller j' avais repéré le nouveau magazine de Friends, je détaille l'étalage et mes yeux se posent sur le journal d'aujourd'hui.

"INCENDIE À AMSTERDAM, BEGUINAGE OU « MONASTÈRE » POUR FEMME."

Je relis plusieurs fois le titre avant d'acheter un exemplaire. Je cours presque jusqu'à mon studio et me jette sur mon lit.

Je souffle quelque seconde devant ce qui représente des mauvais souvenirs.

"Un incendie volontaire a ete declarée au monastere des femme cette nuits, aucune piste n' encore été trouver. Deux blessées et un mort. Les enfants toujours présents ont été placés dans des familles provisoires. Une enquête a été ouverte, plusieurs éléments révèlent que cette institution était loin d'être ce que l'on s'imaginait. De plus, nous avons retrouvé des affaires appartenant à des enfants disparus depuis de nombreuses années. Fermer pour une durée indéterminée. Nous vous prions de ne pas visiter les lieux au risque de brouiller les pistes."

Je ne crois pas ce que je lis... Depuis toutes ces années, j'ai fait en sorte de ne pas y repenser, de ne plus vivre avec cette rage qu'ils ont créée en moi.

Je marche de long en large, dans mon modeste studio, j'avise les photos accrocher au mur, je touche du bout du doigts cette famille que j'ai eu dans ce couvent. Le seul souvenir qu'il me reste de cette horrible période. Je repère rapidement le visage angélique de Sarah, ma seule et vraie amie, la seule avec qui j'ai gardé contact.

J'attrape mon téléphone et lance l'appel. Mon interlocutrice décroche avec une voix endormie

–Allo ?

–Sarah ? Je te réveille ?

Elle souffle avant de répondre:

–Un peu, mais ça va, dis moi ce qu'il t'arrive.

–Tu n'as pas vu le journal d'aujourd'hui.

Elle ne me répond pas, mais je l'entend tapoter sur son écran, le silence dure quelque secondes avant qu'elle s'exclame.

–Seigneur tout puissant ! C'est vraiment vrai ?

–Et bien ... Je crois que oui ... Je me disais qu'on aurait pu aller y jeter un œil.

–Mais tu es folle ! Ils disent bien de ne pas se rendre sur les lieux.

–Mais... Sarah ... Ont en sait beaucoup plus que ce que l'on fait croire ...

–Nan Azélia, oublie ça ... Allez je me recouche on se voit ce soir au bar.

Elle raccroche, je reste planté au milieu de mes cartons et finalement je décide que j'irai toute seule. Je prépare mon sac, avec toutes les affaires nécessaires pour cette petite virée dans l'ancien couvent. Une vague de souvenirs me transperce, tellement puissante qu'il m'est impossible de décrire les sentiments qui me traversent.

La seconde d'après je suis déjà hors du studio, je galope dans les rues de Meda pour rejoindre au plus vite la gare. Je saute dans le train, et je m'assois tranquillement. J'attrape mon casque que j'avais glissé dans mon sac avant de partir, et je lance la musique.

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L'obscurité domine le paysage, je ne vois rien, j'entend la fontaine encore en marche, certainement quelques rongeurs qui courent. Aucune lumière ni aucun bruit venant de l'intérieur. Je pénètre dans le bâtiment, les portes ne me résistent pas et s'ouvrent dans un sinistre grincement. J'éclaire devant moi avec ma lampe de poche, je lève les yeux et je regarde devant moi. Le long couloir qui abritait nos anciennes chambres est vide. Aucune vie, aucun cri d'enfant ou de bonne sœur. J'ai presque du mal à le reconnaître. J'avance doucement, mes pieds me rapprochent inexorablement de la porte de l'horreur. L'endroit où j'ai passé la plus grande partie de mon temps, ce même endroit où sont regroupés tous les secrets du couvent, la ou règne les prières sataniques. Je ravale mes larmes qui menacent de tomber, j'ouvre cette porte et je descends les escaliers. J'aperçois cette table, sur laquelle j'ai été attachée, je me rappelle de cet homme le Hai Le que personne n'a jamais vu. J'ai eu la chance d'entendre sa voix, même si les mots qu'il a prononcer me hantent depuis des années. La porte qui mène au sous-sol claque, je me retourne dans un sursaut, des bruits de pas se font entendre. Mon cœur accélère et menace de sortir de ma poitrine.

Une silhouette se dessine sur les murs, et si c'était lui qui hantait encore les lieux...

–Je te l'avais bien dit, ma mystérieuse rose que je te retrouverais..

Sa voix me perce la poitrine, comme la dernière fois, je ne peux pas voir à quoi il ressemble, il fait trop sombre pour me laisser entrevoir une partie de son visage.

–Qui êtes-vous ?

La panique m'enveloppe, je ne sais pas quoi faire, je dois trouver un moyen de pour remonter et partir en courant. Il avance petit à petit jusqu'à moi, je bouge en rythme et me place dos à escaliers.

Dans un élan de courage je me retourne en vitesse, sans même avoir le temps de grimper les escaliers, il m'attrape le bras, et me susurre à l'oreille.

–Tu ne m'échapperas pas.

Je lui lance un dernier regard, et je peux enfin voir son visage. Il est beau et mystérieux, mon cœur bat la chamade. Je tire sur mon bras pour qu'il détache sa poigne et je pars en courant sans jamais me retourner. La prochaine fois, j'écouterai Sarah, je n'y remettrai plus jamais les pieds. Je saute dans le premier train qui mène jusqu'à chez moi.

Qui est cet homme..

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