Secrets

𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟒

Le silence qui suit notre étreinte est lourd de sens. Nos respirations se mélangent, nos cœurs battent à l'unisson, mais la tension entre nous ne s'estompe pas complètement. Au contraire, elle semble se transformer, prendre une autre forme, plus subtile, mais tout aussi intense.
Azrael recule légèrement, comme s'il avait besoin de reprendre ses esprits. Son regard est toujours aussi perçant, mais je peux voir qu'il lutte contre quelque chose, une émotion qu'il ne veut pas laisser transparaître. Je suis tout aussi bouleversée, mon corps encore frémissant du contact, mes pensées un tourbillon d'émotions contradictoires.

-"On ne peut pas..." commence-t-il, mais sa voix se brise, et il détourne les yeux, comme s'il cherchait à échapper à ce qui vient de se passer.

-"Azrael," murmurai-je, m'efforçant de maîtriser ma voix, de paraître plus calme que je ne le suis en réalité. "Ce qui vient de se passer... Ce n'est pas quelque chose qu'on peut simplement ignorer."

Il serre les poings, sa mâchoire se contracte, et je sens la lutte intérieure qu'il mène.

-"Je sais," finit-il par dire, sa voix plus dure que je ne l'aurais imaginée. "Mais ça complique tout."

-"Rien n'a jamais été simple entre nous," répliquai-je, une pointe d'amertume dans la voix. "Mais faire semblant que ça ne s'est pas produit ne nous aidera pas."

Il passe une main dans ses cheveux, visiblement frustré.

-"Tu crois que je ne le sais pas ? Mais qu'est-ce que tu veux que je dise ? Qu'on doit continuer comme si de rien n'était, ou qu'on doit... quoi, tout arrêter maintenant ?"

Cette question me cloue sur place. Arrêter ? L'idée me traverse l'esprit comme une lame froide, mais je la repousse aussitôt. Après tout ce que nous avons traversé, après tout ce que nous venons de découvrir l'un sur l'autre, comment pourrais-je simplement tourner la page ?

-"On ne peut pas tout arrêter, Azrael," dis-je fermement. "Pas maintenant. Pas après tout ça."

Il me regarde, et je vois dans ses yeux qu'il est aussi perdu que moi. Nous nous tenons à la croisée des chemins, un pied dans l'inconnu, l'autre encore ancré dans tout ce que nous avons été avant ce moment. Mais le regard qu'il me lance est chargé d'une intensité qui me fait comprendre que, malgré tout, il ne veut pas me perdre.

-"Alors, qu'est-ce qu'on fait ?" demande-t-il finalement, sa voix plus douce, presque résignée.

Je prends une profonde inspiration, cherchant mes mots.

-"Je pense... qu'on doit être honnêtes l'un avec l'autre. On doit arrêter de jouer à ce jeu de défi, de colère, et commencer à se parler vraiment. Parce que si on continue comme ça, on va se détruire."

Il acquiesce lentement, comme s'il pesait chacun de mes mots.

-"Tu as raison," admet-il. "Mais ce n'est pas facile. Je ne suis pas habitué à... m'ouvrir."

-"Moi non plus," dis-je en baissant les yeux. "Mais il va falloir qu'on apprenne, si on veut avoir une chance de survivre à tout ça."

Un silence s'installe à nouveau, mais cette fois, il est moins tendu, plus introspectif. Nous sommes tous les deux conscients de ce qui est en jeu, de ce que nous pourrions perdre si nous continuons sur cette voie destructrice.

Azrael finit par soupirer et s'assoit sur le bord du canapé, les coudes sur les genoux, la tête penchée en avant.

-"D'accord," dit-il, sa voix à peine audible. "On fait ça à ma manière."

Je fronce les sourcils, incertaine de ce qu'il veut dire.

-"Ta manière ?"

Il lève les yeux vers moi, une lueur déterminée dans son regard.