Secrets

𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟔

  Le retour au domaine est marqué par une tension palpable, différente de celle qui nous accompagnait à l'aller. Il n'y a plus seulement de la peur ou de l'incertitude entre nous, mais quelque chose de plus profond, plus intense, une détermination forgée par la vérité que nous avons découverte. Le silence règne dans la voiture, chacun de nous absorbé par ses pensées. Azrael conduit, les mâchoires serrées, les mains crispées sur le volant. Alexander, à l'arrière, observe le paysage, le regard perdu dans le vide, tandis que moi, je lutte pour calmer le tumulte qui fait rage dans ma tête.
Une fois arrivés, nous descendons du véhicule sans un mot. Le manoir se dresse devant nous, imposant, mais il ne semble plus aussi intimidant qu'avant. C'est comme si le voyage au couvent avait dissipé les ombres qui planent sur nous.
Alexander est le premier à rompre le silence.

-"Nous devons comprendre ce que cela signifie pour nous, maintenant," dit-il d'une voix grave. "Il y a trop de questions encore sans réponse."

-"Nous le ferons," répond Azrael, sans détourner le regard du manoir. "Mais pour l'instant, nous devons nous reposer et reprendre des forces. Ce que nous avons découvert n'est qu'un début."

Je hoche la tête, sentant la fatigue me rattraper soudainement. Les émotions de la journée, la tension constante, tout cela commence à peser sur moi.

-"Je vais monter," dis-je, cherchant à échapper à la lourdeur de l'instant.

-"Je vais te raccompagner," propose Azrael, sa voix plus douce, presque apaisante. Je suis surprise par son offre, mais je n'ai pas la force de refuser.

Nous entrons dans le manoir ensemble, laissant Alexander dans le hall, et montons les escaliers en silence. Chaque marche semble plus lourde que la précédente, comme si le poids des révélations continuait de me tirer vers le bas.
Lorsque nous atteignons ma chambre, je m'arrête devant la porte, hésitante. Azrael se tient près de moi, si proche que je peux sentir la chaleur émanant de son corps.

-"Merci," murmurai-je, brisant le silence.

Il me regarde, et dans ses yeux, je lis une complexité de sentiments : du doute, de la douleur, mais aussi quelque chose d'autre, quelque chose de plus profond, plus intime.

-"Tu n'as pas à me remercier," dit-il finalement, sa voix basse. "Nous avons traversé trop de choses ensemble pour que je te laisse affronter cela seule."

Il y a un moment de flottement, une hésitation, puis, sans vraiment y réfléchir, je me tourne vers lui.

-"Azrael... je sais que nous avons beaucoup de choses à régler, beaucoup de questions sans réponse, mais..." Ma voix s'éteint alors que les mots me manquent.

Il semble comprendre ce que je ne peux pas dire. Ses doigts effleurent ma joue, une caresse légère mais qui enflamme tout mon être.

-"On a tout le temps qu'il nous faut," murmure-t-il, ses yeux plongés dans les miens. "Mais quoi qu'il arrive, on le fera ensemble."

Je ne sais pas qui fait le premier pas, mais soudain, nous sommes plus proches que jamais, nos souffles se mêlant. Il y a une tension électrique entre nous, quelque chose d'indescriptible qui nous lie d'une manière nouvelle, plus intense. Et puis, lentement, il incline la tête et nos lèvres se touchent.
Le baiser est à la fois doux et urgent, comme si nous cherchions tous les deux à apaiser la douleur et la confusion qui nous habitent depuis si longtemps. C'est une connexion nouvelle, une promesse silencieuse, une acceptation mutuelle de tout ce que nous sommes, bons comme mauvais.
Lorsqu'il recule enfin, je sens une étrange paix m'envahir.

-"On devrait se reposer," murmure-t-il, sa voix rauque.

Je hoche la tête, mais je sais que rien ne sera plus pareil à partir de maintenant. Ce que nous avons partagé ne peut pas être ignoré, et malgré tout ce qui nous sépare, je sais que nous avons franchi une nouvelle étape, ensemble.
Azrael me regarde une dernière fois, puis s'éloigne, me laissant seule dans ma chambre. Alors que la porte se referme doucement derrière lui, je m'appuie contre elle, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur.
La nuit est tombée sur le domaine, mais pour la première fois depuis longtemps, je ne me sens pas seule dans l'obscurité. Azrael et moi avons traversé trop de choses pour revenir en arrière maintenant. Et même si notre chemin est encore semé d'embûches, je sais que nous sommes prêts à affronter tout ce qui viendra, ensemble.
Je m'allonge sur mon lit, mes pensées encore tournées vers ce qui s'est passé, mais avec une nouvelle certitude : ce que nous avons découvert aujourd'hui n'est qu'un début. Le couvent a ouvert une porte sur un passé que nous pensions enfoui, et maintenant, nous devons décider comment utiliser cette vérité pour façonner notre avenir.
Mais pour l'instant, je laisse mes yeux se fermer, me laissant aller à la fatigue, sachant que demain, nous affronterons ensemble tout ce que ce nouveau chapitre de notre vie a à offrir.
Le lendemain matin, la lumière du jour se fraye un chemin à travers les rideaux de ma chambre, apportant avec elle une brise légère qui semble chasser les ombres de la nuit. Je me réveille en me sentant un peu plus reposée, bien que l'angoisse de ce qui nous attend demeure omniprésente. En pensant à ce qui s'est passé entre Azrael et moi, je ressens un mélange d'excitation et de nervosité. C'est comme si un nouveau lien s'était formé entre nous, et bien que cela apporte une certaine clarté, cela soulève aussi de nouvelles questions.
Je me lève, m'habille et descends dans le hall principal où Azrael et Alexander sont déjà réunis autour d'une table, une carte étalée devant eux ainsi que des documents provenant de la découverte au couvent. Leur conversation se fait dans un murmure intense, et je sens qu'ils sont tous deux plongés dans la planification de nos prochaines étapes.