𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟐

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   Alors que nous quittons le couvent, l'air semble étrangement calme. L'endroit autrefois rempli d'une lourde présence maléfique est désormais silencieux, presque paisible. Mais cette paix n'apporte aucune consolation. Chaque pas que nous faisons loin de cet endroit semble alourdir mon cœur. Je me retourne une dernière fois pour jeter un regard en arrière, espérant, peut-être, apercevoir un signe, un dernier message de sa part. Rien. Juste le silence et l'obscurité du couvent.
Azrael marche à mes côtés, silencieux. Il n'y a pas de mots pour ce que nous venons de traverser. Le monde autour de nous a repris sa normalité, mais en nous, quelque chose a irrémédiablement changé. Nous savons que cette histoire ne nous quittera jamais, qu'elle hantera nos nuits et nos pensées, que nous resterons marqués par ce qui s'est passé dans ces murs.
Mais alors que nous atteignons la voiture, un souffle de vent inattendu balaie le chemin. Je m'arrête brusquement, sentant quelque chose d'étrange dans l'air. C'est léger, presque imperceptible, mais il y a un murmure dans ce vent, un mot, un nom... le sien.
Azrael le sent aussi. Il tourne la tête vers moi, les sourcils froncés.

-"Tu as entendu ça ?" murmure-t-il, comme s'il avait peur de briser le sort.

Je hoche lentement la tête, mes sens en alerte. Le vent devient plus fort, tourbillonnant autour de nous, et soudain, il y a une présence. Elle est là. Pas comme une simple illusion ou un souvenir, mais bien réelle. Son visage apparaît dans la brume qui s'élève du sol, translucide mais reconnaissable. C'est elle, mais différente, plus tangible, plus présente.

-"Je ne peux pas partir", dit-elle, sa voix portée par le vent, douce mais résolue. "Pas complètement. Vous m'avez libérée, mais en faisant cela, vous m'avez aussi rendue à ce monde. Je ne suis plus celle que j'étais, ni celle que vous avez connue. Je suis quelque chose de nouveau."

Azrael et moi restons figés, incapables de comprendre ce que cela signifie.

-"Tu es... revenue ?" demandai-je, mon cœur battant la chamade.

Elle sourit, un sourire empreint de tristesse et de sagesse.

-"Je suis entre les mondes, mais je peux exister ici, pour un temps. Pas comme avant, mais assez pour veiller sur vous, pour m'assurer que le mal que nous avons combattu ne reviendra jamais."

-"Mais qu'est-ce que ça signifie pour toi ?" demande Azrael, la voix pleine de crainte.

-"Je ne serai jamais complètement libre", répond-elle. "Je suis liée à cet endroit, à cette lutte. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas être là, pour vous, pour nous. Ma forme est différente, mais mon cœur, mes sentiments... tout cela est encore en moi."

Une vague d'émotion m'envahit, mélange d'espoir et de chagrin. Elle est ici, avec nous, mais pas tout à fait la même. Elle est devenue une gardienne, une protectrice, un pont entre notre monde et celui qu'elle devait surveiller.

-"Nous ferons face à cela ensemble", dis-je, tendant la main vers elle.

Mes doigts passent à travers son image, mais je sens une chaleur, une connexion. Ce n'est pas comme avant, mais c'est assez.

-"Nous trouverons un moyen de te libérer complètement, un jour."

Elle hoche la tête, son sourire s'élargissant légèrement.

-"Je crois en vous. Et peut-être, un jour, cette libération viendra. Mais pour l'instant, je suis ici. C'est tout ce qui compte."

Azrael s'approche à son tour, posant une main sur mon épaule.

-"Nous veillerons sur toi aussi, comme tu veilles sur nous."

Le vent commence à se calmer, et avec lui, son image devient plus éthérée, comme si elle se dissolvait dans l'air.

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