𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟎

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   Le silence s'épaissit dans la pièce, ponctué seulement par le souffle rauque d'Alexander. Ses paroles résonnent en moi, mais je sens une résistance intérieure. Brûler le couvent, effacer toute trace de ce lieu maudit, ne nous délivrera jamais vraiment de ce fardeau. Les souvenirs, les regrets, ces blessures du passé ne disparaîtront pas dans les flammes.
Azrael reste prostré, les yeux fixés sur la lettre. Ses mains tremblent légèrement, comme s'il luttait pour contenir l'émotion qui monte en lui. Il se redresse soudain, avec une détermination nouvelle.

-"Non", dit-il, brisant le silence. "Brûler cet endroit ne changera rien. Nous devons comprendre pourquoi elle a fait ça. Il doit y avoir une raison, quelque chose de plus profond que la vengeance.

-Qu'est-ce que tu racontes ?" réplique Alexander avec agacement. "Elle nous a attirés ici pour nous détruire. Il n'y a rien à comprendre de plus."

-"Peut-être", répond Azrael, les yeux rivés sur la lettre. "Mais peut-être qu'il y a autre chose... quelque chose qu'on a tous manqué. Et si ce couvent, ce lieu, détenait encore des secrets ? Des réponses que nous n'avons jamais cherchées à trouver ?"

Un frisson me parcourt l'échine. La possibilité qu'Azrael évoque réveille une peur enfouie en moi. Nous avons tous cherché à oublier ce lieu, à fuir les horreurs qu'il a abritées. Mais peut-être est-ce là que réside la clé. Peut-être que, pour trouver la paix, nous devons affronter ce que nous avons laissé derrière nous.

-"Qu'est-ce que tu veux dire ?" murmurai-je, redoutant la réponse.

Azrael me fixe, son regard sombre et déterminé.

-"Je veux dire que, si nous partons maintenant, nous vivrons avec le doute pour le restant de nos jours. Mais si nous restons, si nous fouillons ce couvent et découvrons ce qui s'y cache vraiment, alors peut-être... peut-être que nous trouverons enfin la vérité."

Un silence lourd s'installe de nouveau. Chacun de nous est pris dans ses pensées, confronté à cette terrible décision. Alexander secoue la tête, frustré.

-"C'est de la folie, Azrael. Ce lieu est maudit. Rien de bon ne peut en sortir."

-"Peut-être que ce n'est pas à nous d'en juger", rétorque Azrael. "Nous devons des réponses à ceux que nous avons laissés derrière nous, à elle. Si nous ne cherchons pas la vérité maintenant, ce lieu, ces souvenirs, nous hanteront jusqu'à notre dernier souffle."

Je sens mon cœur se serrer. L'idée d'explorer le couvent, de déterrer les secrets qu'il renferme, me terrifie. Mais Azrael a raison. Nous devons des réponses, à elle, à nous-mêmes. Je hoche la tête lentement, sentant la résignation s'installer en moi.

-"Je reste", dis-je d'une voix plus forte que je ne m'y attendais. "Nous devons savoir. Pour comprendre, pour... pour enfin être libres."

Alexander nous regarde tour à tour, le visage marqué par la colère, mais aussi par une profonde lassitude. Il sait, tout comme nous, que partir maintenant serait une fuite. Finalement, après un long moment, il soupire et acquiesce à contrecœur.

-"Très bien", dit-il, la voix rauque. "Mais si nous découvrons quelque chose qui ne devrait pas être vu, nous détruirons cet endroit pour de bon."

Azrael et moi échangeons un regard entendu. Nous savons que ce que nous trouverons ici pourrait être pire que tout ce que nous imaginions. Mais nous n'avons plus le choix. Nous devons aller jusqu'au bout, pour elle, pour nous, pour mettre fin à cette histoire une fois pour toutes.
Ensemble, nous sortons de la pièce, laissant derrière nous le corps de la femme. Le couvent s'étend devant nous, sombre et silencieux, chaque ombre semblant receler un secret oublié.
Nous nous enfonçons dans les profondeurs du couvent, nos pas résonnent sur les dalles froides. Chaque porte que nous ouvrons, chaque pièce que nous fouillons, nous rapproche un peu plus de cette vérité que nous redoutons tant. Et à mesure que nous avançons, les souvenirs enfouis remontent à la surface, plus vifs et plus douloureux que jamais.
Les corridors, autrefois familiers, prennent une allure sinistre. Les murs semblent murmurer, chuchotant des bribes de notre passé. Et puis, au détour d'un couloir, nous tombons sur une porte que nous avions oubliée depuis longtemps, dissimulée sous des gravats. Une porte que nous n'aurions jamais dû franchir, mais qui, aujourd'hui, semble nous appeler.
Azrael pousse la porte avec une hésitation palpable, et un souffle froid s'échappe de la pièce. L'odeur de renfermé et de pourriture envahit nos narines, mais ce que nous découvrons à l'intérieur est bien pire : des vestiges d'un autre temps, des traces d'un rituel macabre que nous n'avions jamais soupçonné.
Et là, au centre de la pièce, une relique ancienne, un livre, posé sur un autel couvert de poussière. Ses pages jaunies semblent nous attendre, gardant le secret ultime de ce lieu.
Nous savons tous que ce que nous allons découvrir ici changera tout. Mais maintenant, il est trop tard pour reculer.
La pièce dégage une aura oppressante, comme si chaque recoin était imprégné des souvenirs de ceux qui y ont autrefois marché. Azrael avance lentement vers l'autel, sa main tremblante se tendant vers le livre. Alexander et moi restons en retrait, nos cœurs battant à tout rompre, incapables de détourner le regard de cet artefact ancien qui semble renfermer toutes les réponses que nous redoutons.
Lorsqu'Azrael ouvre le livre, un léger souffle d'air semble s'échapper des pages, soulevant la poussière qui s'y était accumulée au fil des années. Les symboles inscrits sur le parchemin sont incompréhensibles, mais il est clair que ce n'est pas un simple texte. C'est un grimoire, un recueil de rituels sombres et de secrets oubliés.

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