Après des heures de route, nous arrivons enfin à la ville. Les rues sont silencieuses, baignant dans la lumière orangée du crépuscule. Les ombres s'allongent sur le bitume, rappelant la pénombre du couvent que nous venons de quitter. Azrael et moi n'échangeons que quelques mots, encore absorbés par ce que nous avons vécu. L'atmosphère est lourde, chargée d'une tension indéfinissable, une tension qui semble s'accumuler depuis notre retour à la réalité.
Nous atteignons enfin l'immeuble où nous vivons tous les deux, un bâtiment en briques qui semble à la fois familier et étranger après tout ce que nous avons traversé. Azrael coupe le moteur, et nous restons assis un moment dans la voiture, sans parler, comme si nous redoutions ce qui nous attend à l'intérieur.
-"On est rentrés," murmure-t-il finalement, brisant le silence.
-"Oui," dis-je simplement, mon regard fixé sur la porte d'entrée.
Mais même ici, loin du couvent, je ne peux m'empêcher de sentir sa présence, légère mais palpable, comme un souffle qui passe entre nous.
Nous descendons de la voiture, et sans un mot, nous montons les marches qui mènent à sa maison. Le bruit de nos pas résonne dans le hall vide, chaque écho semblant amplifié par le silence qui nous entoure. Quand nous atteignons la porte, Azrael sort ses clés et la déverrouille, puis il se tourne vers moi, son regard plein de fatigue et d'une autre émotion que je ne parviens pas à déchiffrer.
À l'intérieur, tout est exactement comme nous l'avons laissé, mais quelque chose semble avoir changé, comme si le poids de notre expérience avait imprégné les murs. Je pose mon sac sur le canapé, essayant de chasser cette impression, mais elle persiste, un rappel constant de ce que nous avons traversé.
Azrael ferme la porte derrière nous et se laisse tomber dans un fauteuil, ses mains passant sur son visage en un geste de pur épuisement.-"C'est... beaucoup," dit-il enfin, sa voix rauque.
Je m'assoie sur le bord du canapé, sentant la tension monter entre nous, cette tension qui n'est plus seulement liée aux événements du couvent, mais à quelque chose de plus profond, de plus personnel.
-"Oui," répondis-je, incapable de trouver des mots qui pourraient véritablement capturer ce que je ressens.
Nous restons ainsi, silencieux, nos regards se croisant de temps en temps, chacun de nous luttant avec ce qui se passe dans nos têtes. La tension est presque palpable, une énergie chargée qui semble remplir la pièce.
-"Je suis désolé pour tout ça," murmure Azrael, brisant le silence avec une sincérité qui me surprend. "Je n'aurais jamais dû te mettre dans cette situation."
-"Ce n'est pas ta faute," dis-je doucement. "On a pris ces décisions ensemble. Et... je suis contente que tu sois là."
Il lève les yeux vers moi, et je vois dans son regard quelque chose qui me touche profondément, une vulnérabilité qu'il montre rarement. Il y a aussi une chaleur, une intensité qui me donne soudain l'impression que la pièce est devenue beaucoup plus petite, plus intime.
-"Moi aussi," répond-il, sa voix légèrement plus basse, plus rauque.
Le silence qui suit n'est plus inconfortable, mais chargé d'une tension différente, une tension qui me fait prendre conscience de chaque petit mouvement, de chaque respiration. Je sens mon cœur battre plus vite, mes pensées s'embrouillent alors que je réalise à quel point sa proximité me perturbe.
Azrael se lève alors, faisant un pas vers moi. Il s'arrête, comme s'il hésitait, puis continue de s'approcher.-"Je ne sais pas ce que je ferais sans toi," dit-il, sa voix grave et pleine d'émotion.
-"Tu n'auras pas à le découvrir," dis-je doucement, me levant à mon tour, attirée par cette proximité que je ne peux plus ignorer.
VOUS LISEZ
Secrets
Roman d'amourAzélia Celle qui est chassé. Orpheline, recueillie dans un couvent depuis le tragique décès de ses deux parents. Malheureusement pour elle, ce couvent est loin d'être ce qu'elle pensait, regorgeant de secrets et de choses immondes et sombres, elle d...