CHAPITRE 5 : LE DERNIER SOUFFLE

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Je ne savais pas ce qu'était le dernier souffle de vie. J'ai compris par la suite que ce jour-là était le dernier que j'allais pouvoir réellement passer avec mon père (encore conscient de tout).

Le dernier souffle est un passage où le patient vis une dernière journée comme si toute la maladie avait disparu. Il se sent bien, pas de douleur, de bonne humeur. Souvent ce jour-là est signe que le patient va bientôt nous dire au revoir, en tout cas les heures sont comptées à partir de cette journée-là.

Je suis entourée de mes deux parents dans une ambiance chaleureuse et affectueuse. Je suis tellement chanceuse d'avoir mes deux parents réunis et ce moment est un instant de vie tellement important. Je retrouvais en l'espace d'un instant le vrai sens de notre famille.

Mon père rompt ce silence agréable :

- Merci d'être venue me voir encore une fois.

 - C'est normal papou.

Il me regarde me prend la main. Je sens la main de ma mère se poser sur ma cuisse et je soupçonne une larme rouler sur sa joue. Je comprends. C'est le moment. C'est maintenant que je dois être forte. Pour lui. NE RIEN LAISSER PARAÎTRE! NE RIEN LAISSER PARAÎTRE! CE N'EST PAS TOI QUI EST MALADE! OK? ALORS SOIS FORTE POUR LUI. Et dans ma tête c'est ridicule, mais je veux me contenir, contenir mes larmes pour qu'il ait comme dernière image de sa fille, une fille heureuse et épanouie. Une fille qui est fière d'avoir grandi dans cette famille et qui est belle. Je ne veux pas avoir une sale gueule. Je veux qu'il me voie heureuse comme il le souhaitera pour les prochains jours et mois difficiles.

- Tu sais je vais partir.

Ok ! C'est maintenant ! Respire tu peux y arriver.

- Je sais papa.

- Mais dans pas très longtemps tu sais.

- Je sais papa.

- Tu sais que je t'aime et que je serai toujours là pour toi ?

- Je le sais papou et je t'aime aussi très fort hein.

Comme mon père le faisait toujours il ne fallait pas du sérieux trop longtemps, il me sort :

- Bon et puis dans la baraque, l'imprimante est pour toi et tout ce qui est papeterie, ça te servira avec tes élèves !

- Papa!

- Si si c'est pour toi ! 

- Merci papa.

Je le serre dans mes bras, son dos est tout mince, je sens tous ses os contre mes bras. Je ne m'attarde pas sur ce détail, je n'ai pas envie de me pourrir l'esprit parce que j'aurai bien le temps de le faire plus tard. Je profite de ce moment de douceur et de légèreté avant la tempête qui va s'abattre sur nos vies.

- Et puis je ne veux pas que tu te fasses emmerder par des mecs ! Tu sais avec Antoine (le petit ami de l'époque), je sais que c'est ton premier copain, mais il ne te rend pas heureuse. Tu l'as quitté il y a quelques semaines et tu es revenue mais fais attention à toi. Je lui pardonne ce qu'il a fait mais je ne suis pas content. S'il continue à te faire du mal, je viendrais lui chatouiller les pieds la nuit en mode fantôme.

PATUTE, à coeur ouvertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant