CHAPITRE 7 : CÉRÉMONIE 1

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Les jours se sont enchainés nous sommes le 7 mai et c'est aujourd'hui la cérémonie pour papou et le passage au crématorium.

Encore un putain d'au revoir. Ça ne se termine donc jamais !

Nous sommes toujours en pleine période covid, nous avons le droit à 15 ou 20 invités je ne me souviens plus exactement (mais un nombre ridicule de personnes). Mon père était très apprécié que ce soit dans les relations personnelles ou bien professionnelles, on s'est demandé comment on allait faire.

Il a fallu faire des choix, nous avons décidé mes sœurs et moi, de n'inviter que la famille proche (oncle, tante, cousins, cousines, parents, enfants, frangin). Nous étions 15 il me semble. Nous n'avons pas pu inviter les meilleurs amis de mon père ni ses collègues de boulot très proche... C'était horrible de prendre cette décision mais nous n'avions pas d'autres choix. Alors pour que chacun puisse dire au revoir à mon père, nous avons décidé d'organiser (plus tard) une seconde cérémonie (que j'évoquerai par la suite). 

Avec mes sœurs et l'aide de maman, nous avons tout organisé pour la cérémonie. Les photos, la moto, le choix des musiques...

Nous sommes là, le cercueil est placé dans la pièce d'à côté pour laisser à la famille un temps de recueillement. Mes grands-parents entrent. C'est à ce moment très précis que j'ai compris que ma douleur était partagée. Que les autres avaient aussi le droit de souffrir. Ils portent le deuil de leur fils sur leur visage et cette vision me parcourt de frissons... Comment la vie peut-elle faire ça à des parents ? Je m'empresse de les retrouver et de les serrer dans mes bras.

Dans tout ce malheur, ce qui m'a fait le plus de mal et ce que j'ai encore en tête ... C'est d'accompagner ma grand- mère dans cette salle et de la voir s'écrouler de peine et de douleur sur le cercueil de son fils... C'est une souffrance d'être si impuissante face à ça. Tout le monde pleure. C'est une ambiance plus que pesante.

Certains membres de la famille sont là, alors on se raconte des souvenirs, on essaye d'esquisser des sourires alors que clairement on est tous sur le point de vivre la pire journée de notre vie, en tout cas c'est le cas pour moi. Les gens s'en vont, viennent, reviennent de cette salle, ils discutent, ils écrivent sur le cercueil (oui une idée de nous d'écrire des petits messages) ou l'embrassent.

Puis c'est le moment de la cérémonie. J'avais décidé d'emmener le cercueil devant la famille aussi (je vous l'avais dit je veux faire le maximum pour papou) et j'ai proposé à mes sœurs. Après réflexion, elles l'ont fait avec moi.

Dans la petite salle, le monsieur nous explique que quand la musique commencera, nous emmènerons délicatement le cercueil. Il nous explique deux, trois éléments importants pour manœuvrer dans les virages. Et alors là, le mec est juste génial. Je l'adore. Il a tout compris à propos de papa. Il nous regarde et nous dit :

- Prêtes pour le warm up ?
On esquisse un sourire et emmenons le cercueil.

Petit arrêt pour vous expliquer. Comme dit précédemment mon père était motard. Il regardait souvent les grands prix moto à la télé le dimanche avec maman (à mon plus grand désespoir, ça durait trois heures cette connerie !). Et donc le warm up c'est une course d'échauffement (des tours d'essais) qui va servir à qualifier et à positionner les concurrents de la course sur la ligne de départ. 

PATUTE, à coeur ouvertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant