Chapitre 16

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Ren



Le monde me semble tourner au ralenti, on crie autour de moi mais leur voix me paraissent étouffées, on me secoue mais je ne sens rien.
Je n'arrive plus à bouger, je n'arrive plus à parler.
La seule chose que je fais c'est rester fixé sur son corps.
Mes bras la maintiennent contre moi alors qu'elle convulse.
Ses paupières sont fermées mais c'est comme si je parvenais à voir ses iris, je les connais par cœur, jusqu'à la moindre petite tâche.

Je n'ai jamais compris comment les gens pouvaient être aussi figés alors que quelqu'un qu'ils aiment est en danger mais aujourd'hui je comprends.
Je comprends se sentiment d'incohérence entre votre cerveau et votre cœur.
Mon cerveau me hurle de me lever et d'agir mais mon cœur se recroqueville au fond de ma poitrine ne voulant pas être plus blessé qu'il ne l'ai déjà.

Ma main glisse sur sa joue froide, mon pouce effectue des cercles sur sa peau pâle.

- Neeja ? Tu m'entends ? Il faut que tu te battes, tu as toujours été la plus forte de nous deux à la bagarre... Alors bordel réveille toi !

Mes amis sursautent au son de ma voix mais je ne m'en préoccupe pas plus.
Car l'unique signe de vie que je désire est celui de ma meilleure amie.
Seulement il ne se passe rien. Pas un cillement, rien.

Une main se pose sur mon épaule. J'ai vaguement conscience de la présence d'Aasha à mes côtés.

- Ren ?

- Pourquoi elle ne bouge pas ?...

- Thomas dit qu'elle a été empoissonné par la créature qui l'a attaqué.

- Alors il doit bien exister un remède. Tous les poisons en ont un !

- Malheureusement aucun de nous ne connaît les composants.

Mes jointures blanchissent sous l'effet de l'impuissance.
Je suis en colère, pas contre Neeja cela va de soit, non c'est à moi que j'en veux. Si seulement nous étions passé chez elle pour qu'elle puisse récupére son carnet de potion alors nous aurions pû la sauver.
À l'heure qu'il est il ne doit en rester qu'un tas de cendres.

La barque crisse me révélant que nous avons accoster.
Je daigne enfin lever les yeux sur le paysage et découvre que nous nous trouvons face à un escalier.
Je me lève prudemment, la jeune femme convalescente dans mes bras, j'avance sur le sable suivie des autres.

J'entame la montée des marches, mon attention uniquement focalisée sur elle et elle seule.
Jamais je ne m'arrête, je ne me repose pas, je continue de gravir la falaise sans jamais faiblir mut par la peur de la perdre.

Je secoue la tête en chassant cette idée de mon esprit.
C'est Neeja. Jamais elle ne se laissera vaincre par un simple poison. Elle a trop de fierté pour ça.

Un rire nerveux m'échappe à cette pensée.

- De la fierté tu en as. Aucun doute là dessus.

Un souvenir en particulier me revient.
Nous devions avoir dix ans, à l'école nous venions d'avoir un nouveau professeur.

- Bonjour à tous. Comme nous sommes jeudi nous allons commencer la journée par le sport. J'ai pris la décision de séparer les garçons des filles.

Mes yeux s'écarquillent à cette annonce, me séparer de Neeja ? Et pour le sport en plus ? Impossible.
Ma meilleure amie semble être du même avis que moi car elle lève sa petite main.

- Neeja ?

- Et pourquoi ça ?

- Enfin jeune fille, les hommes n'ont pas les mêmes aptitudes physiques que vous. J'en ai donc convenu les filles s'entraîneront à l'apprentissage des danses tandis que les les hommes apprendront l'art du combat.

- C'est injuste !

Notre maître hausse les sourcils.

- Neeja... Tentais-je de la retenir.

- Non Ren ! Il n'a pas le droit de m'interdire de me battre !

- Tu es une fille Neeja, tu ne sais pas te battre. Ricane Félix.

- Je te bats quand tu veux !

- Cela suffit ! Tonna le professeur. Vous allez régler vos problèmes sur le terrain. Neeja va nous montrer à toutes à tous qu'elle sait tenir une épée. Mais tu sais le faire pas vrai ?

La classe éclate de rire et les yeux de ma meilleure amie s'embuent face à l'humiliation mais je sais aussi qu'elle a été touchée dans sa fierté.
J'aperçois sa main attraper le couteau qu'elle dissimule toujours sur elle.
Avant que je n'ai pû l'en empêcher elle le lance en direction de l'adulte.
Il se fiche dans le bois juste au dessus de son oreille.
Les élèves se taisent brusquement.

Elle crache à ses pieds.

- La prochaine fois c'est votre tête que je viserai.

Et depuis se jour elle n'a jamais cesser de s'entraîner, jours et nuits, jusqu'à ce que son corps s'écroule au sol.
Elle n'avait que dix ans et pourtant elle s'imposait déjà un entraînement de fer.
Elle voulait leur montrer qu'elle était forte, invincible.
Mais tout le monde à ses faiblesses.
Tout le monde porte en lui des souvenirs douleureux, des cicatrices.
Certain ont juste une plus grande facilité à le cacher.
Neeja fait partie de ces gens.

Je la dépose sur une des couvertures installé sur le sol en guise de matelas.
Le feu éclair nos gestes dans la nuit.
Nous avons marché en suivant Area, jusqu'à arriver ici.
Au pied d'un panneau et surtout d'un pont.

Plusieurs options s'offrent à nous.

Ender village

La montagne

La forêt.

Et l'option que nous choisirons scellera le  sort de ma meilleure amie.

















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Until the endOù les histoires vivent. Découvrez maintenant