Chapitre 19 - Enigmes Non Résolues

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Enigmes Non Résolues

La pluie fine s'écrasait contre les pavés de Baker Street, créant une douce mélodie qui résonnait dans la nuit silencieuse. Sherlock et Émilie restaient immobiles sous cette pluie légère, comme deux statues dans un tableau en noir et blanc, figées dans une danse de regards inachevée. Le temps semblait suspendu, chaque goutte d'eau tombant au ralenti, comme si même la pluie hésitait à troubler l'instant qui se jouait entre eux.

Sherlock, toujours emmitouflé dans son manteau sombre, fixait Émilie sans bouger, ses pensées tournant à une vitesse vertigineuse. Pourtant, pour la première fois depuis bien longtemps, il n'arrivait pas à structurer ses réflexions, à les assembler en un tout cohérent. Émilie était là, à quelques pas de lui, et il ne parvenait pas à la classer, à la comprendre comme il le faisait habituellement avec tout et tout le monde. Elle demeurait un mystère. Un mystère qui, contrairement aux autres, ne l'irritait pas, mais l'attirait. Mais pourquoi ? Pourquoi cette femme, si fascinante soit-elle, réussissait-elle à semer autant de chaos dans son esprit ?

Émilie, quant à elle, ne quittait pas Sherlock des yeux. Elle pouvait voir les rouages de son esprit tourner, les milliers de pensées qui traversaient cet homme en permanence. Et pourtant, elle savait aussi qu'il y avait là une barrière, quelque chose qu'il ne parvenait pas à franchir. Cette distance infranchissable entre eux, même si elle n'était faite que de quelques centimètres, semblait être un gouffre qui les empêchait de se comprendre pleinement. Elle ressentait la même chose que lui : une attirance inavouée, une fascination qui dépassait l'intellectuel. Mais elle n'était pas capable de mettre des mots dessus. Pas encore.

Le silence entre eux devenait presque insoutenable, mais ni l'un ni l'autre ne semblait prêt à le briser. Ils étaient comme deux pôles opposés d'un aimant, attirés l'un vers l'autre, mais incapables de se toucher. Sherlock, en particulier, se sentait déstabilisé. Il avait l'habitude de tout comprendre, de tout déduire en une fraction de seconde. Mais là, face à Émilie, il se retrouvait dans une situation qu'il ne contrôlait pas, et cela le rendait presque... vulnérable.

Finalement, ce fut Émilie qui fit le premier pas. Littéralement. Elle se rapprocha de Sherlock, doucement, jusqu'à ce que leurs visages soient à peine séparés par quelques centimètres. La pluie continuait de tomber autour d'eux, créant une sorte de bulle d'intimité dans l'immensité de la ville endormie. Sherlock ne bougea pas, il se contenta de la fixer, ses yeux cherchant dans ceux d'Émilie des réponses qu'il ne trouvait nulle part ailleurs.

— Sherlock, murmura-t-elle, sa voix douce presque noyée par le bruit de la pluie, à quoi pensez-vous ?

Sherlock hésita. Il n'hésitait jamais. Mais cette fois-ci, il était incapable de formuler une réponse. Ses pensées étaient un tourbillon de confusion, un labyrinthe sans issue. Il ouvrit la bouche, puis la referma, avant de finalement répondre, presque en chuchotant :
— Rien.

Émilie le regarda intensément, ses yeux verts cherchant quelque chose dans ceux de Sherlock. Quelque chose qu'elle ne trouvait pas.
— Sherlock, ce n'est pas possible de ne penser à rien, n'est-ce pas ?

Elle avait raison. Sherlock ne pensait jamais à « rien ». Son esprit était toujours en ébullition, toujours en train de traiter des informations, de résoudre des problèmes, de déchiffrer des énigmes. Alors pourquoi, en cet instant, se sentait-il incapable de penser clairement ? Pourquoi, face à Émilie, toutes ses certitudes semblaient-elles s'effondrer ?

Il détourna légèrement le regard, fixant un point imaginaire derrière elle.
— Vous avez raison, finit-il par murmurer. Il est impossible de ne pas penser.

Le ton de sa voix était plus doux que d'habitude, presque apaisant. Mais derrière cette apparente sérénité, il y avait une tempête qui grondait, une bataille intérieure qu'il peinait à dissimuler. Émilie le savait. Elle le sentait. Et cela la rendait d'autant plus perplexe.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant