Le Mariage
La lumière du jour s'infiltrait à travers les rideaux légèrement tirés de l'appartement 221B Baker Street. Le silence du matin était rompu par une mélodie agréable émanant d'un violon. Sherlock, concentré, dansait en esquissant des mouvements presque chorégraphiques, le regard distant, ses pensées aussi aiguisées que la lame d'un scalpel. Le morceau, une composition originale de sa personne, semblait répondre à une question qui le hantait.
Assise à une table au coin de la pièce, Émilie feuilletait des dossiers en silence, son stylo à la main, tout à son travail. Les affaires attendaient, même en ce jour spécial. Elle leva un instant les yeux, observant Sherlock, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
Le son caractéristique des pas de Mme Hudson résonna dans l'escalier. Peu après, elle entra, un plateau dans les mains, contenant deux tasses de thé fumant. Elle s'arrêta net en voyant Sherlock, toujours absorbé dans sa danse.
— Oh mon Dieu, Sherlock, dit-elle en posant le plateau.
— Vous vous posez une question, n'est-ce pas ? C'est physiquement douloureux de vous voir réfléchir comme ça.Sherlock cessa de danser et se tourna lentement vers elle, les sourcils légèrement haussés.
— Mme Hudson, il est fascinant de constater à quel point vos déductions, bien qu'inexactes, frôlent parfois la vérité.
Mme Hudson croisa les bras, un sourire amusé sur le visage.
— Vous savez ce que vous devriez faire, Sherlock ? Arrêter de vous torturer et admettre que ce mariage vous perturbe.
— Perturber est un mot trop faible, répliqua Sherlock. Ce mariage est une anomalie sociale complexe. John, mon ami le plus proche, s'engage dans une institution qui repose sur des conventions absurdes et...
— Oui, oui, grogna Mme Hudson en l'interrompant. Vous pensez que personne n'est assez bien pour lui.
Sherlock, agacé, arrêta la musique et prit une grande inspiration.
— Mme Hudson, vous êtes indispensable à bien des égards, mais cette conversation ne fait pas partie de vos attributions.
— Bien sûr, bien sûr, dit-elle en haussant les épaules, un éclat rieur dans les yeux. Je vous laisse à vos... brillantes réflexions.
Elle se retourna pour quitter la pièce, mais avant de fermer la porte, elle ajouta :
— Vous savez, Sherlock, ce serait bien que vous montriez un peu d'enthousiasme. John mérite que vous fassiez un effort aujourd'hui.
Sherlock ne répondit pas. Il se contenta d'observer la porte se refermer, les mâchoires serrées.
Émilie, qui avait observé la scène en silence, posa son stylo et s'appuya contre le dossier de sa chaise.
— Elle n'a pas tort, lança-t-elle doucement. Vous pourriez au moins essayer.
Sherlock se tourna vers elle, ses yeux perçants scrutant son visage.
— Vous avez une opinion là-dessus, vous aussi ?
— Oh, j'ai des opinions sur beaucoup de choses, répondit Émilie en se levant. Mais je vais les garder pour moi. Je dois me préparer pour le mariage.
Elle attrapa ses dossiers et les rangea dans son sac. Avant de sortir du salon, elle ajouta avec un sourire :
— Et ne soyez pas trop dramatique, d'accord ?
Sherlock resta immobile, les yeux fixés sur le fauteuil de John, vide, comme si le poids de cette absence le frappait enfin.
L'appartement, habituellement empreint de chaos contrôlé sous l'égide de Sherlock, semblait étrangement ordonné désormais, à l'exception des papiers éparpillés sur la table basse. Sherlock était maintenant plongé dans ses notes, essayant de trouver les bons mots pour un discours qu'il redoutait plus que toute enquête criminelle.
Émilie, quant à elle, observait en silence depuis un fauteuil près de la fenêtre. Elle était maintenant habillée simplement, mais élégamment, dans une robe bleue marine qui contrastait avec la lumière douce de la pièce. Elle regardait Sherlock se battre avec ses pensées, incapable de trouver une formulation convenable pour le discours qu'il devait prononcer en tant que témoin de John. C'était un moment rare où il semblait véritablement déstabilisé, et cela fascinait Émilie autant que cela la troublait.
— Vous voulez de l'aide ? finit-elle par demander d'une voix douce, cassant le silence qui s'était installé depuis un moment.
Sherlock leva les yeux de ses notes, les sourcils légèrement froncés.
— Non, répondit-il sèchement, avant de se plonger à nouveau dans ses réflexions. Il n'était pas habitué à demander de l'aide, encore moins à recevoir des conseils sur un sujet aussi personnel que celui-ci.Émilie esquissa un sourire en coin. Elle connaissait bien cette facette de Sherlock – son incapacité à gérer des émotions humaines ordinaires sans les analyser jusqu'à ce qu'elles perdent toute leur substance. Mais aujourd'hui, il devait parler de John. Et John n'était pas qu'un sujet d'analyse ; il était son ami. C'était une réalité qu'il n'arrivait pas à contourner.
— Si vous voulez, vous pouvez commencer par dire ce que vous ressentez vraiment pour lui, proposa-t-elle.
Sherlock la fixa, son regard perçant la regardant comme s'il essayait de déchiffrer un code caché dans ses paroles.
— Ce que je ressens n'a aucune pertinence. Ce mariage est une formalité. John et Mary l'ont choisi, je dois simplement être présent, rien de plus.Émilie croisa les jambes et se pencha légèrement en avant.
— C'est peut-être exactement ce qu'il vous demande : d'être présent. Pas en tant que détective consultant ou génie arrogant, mais en tant qu'ami. Ça ne vous coûterait rien de le dire.Il y eut un long silence, puis Sherlock soupira et jeta un coup d'œil rapide à l'horloge.
— Je vais être en retard, lâcha-t-il en se levant brusquement, évitant de répondre à la remarque d'Émilie.
— Sherlock, ce discours... vous devriez parler avec votre cœur, pas seulement avec votre tête.Sherlock resta silencieux un moment, puis sans la regarder, il se leva.
— Je parlerai avec ce qui est approprié, répondit-il avant de sortir.Quelques temps plus tard, Sherlock était prêt. Droit dans son costume impeccable, il ajusta sa cravate devant le miroir, puis lança d'un ton théâtral :
— Allons-y. Le combat a sonné.
Émilie, qui l'attendait près de la porte, leva les yeux au ciel.
— Vous êtes d'un dramatique...
Ils quittèrent l'appartement ensemble et prirent la direction de l'église.

VOUS LISEZ
Une colocataire improbable
FanfictionDans les ruelles sombres de Londres, où chaque ombre cache un secret, Sherlock Holmes se trouve face à un ennemi à la hauteur de son intellect : le redoutable Moriarty. Alors que les complots se multiplient et que les preuves se retournent contre lu...