Chapitre 20

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Sherlock marchait d'un pas décidé à travers les rues sinueuses de Londres, ses pensées tournant exclusivement autour d'Émilie. Le vent frais du matin effleurait son visage, mais il ne sentait rien. Son esprit était en effervescence, cherchant à comprendre ce qu'il ressentait vraiment pour cette femme qui semblait avoir percé la carapace qu'il avait si longtemps protégée.

En approchant du parc où il savait qu'Émilie aimait se promener le matin, il ralentit son pas, observant les silhouettes à distance. Et puis, il la vit.

Émilie marchait avec une grâce tranquille, ses mouvements délibérés et mesurés, comme si elle était en parfaite harmonie avec son environnement. Elle portait un long manteau noir qui flottait légèrement autour d'elle, accentuant sa silhouette élancée. Son allure élégante était empreinte d'un mystère qui attirait l'attention sans effort, mais sans jamais la réclamer ouvertement. Elle avait cette présence subtile mais imposante, une aura qui la distinguait des autres.

Son visage, aux traits fins et délicats, exprimait une intelligence vive, mais aussi une profondeur que Sherlock trouvait fascinante. Ses yeux, d'un vert intense, semblaient tout voir, tout comprendre, perçant au-delà des apparences pour découvrir la vérité cachée derrière chaque façade. Il y avait quelque chose de captivant dans ce regard, quelque chose qui le défiait à chaque instant, le poussant à vouloir en savoir plus.

Sherlock nota également les petites imperfections qui faisaient d'elle une personne réelle, et non un simple idéal. Une légère asymétrie dans son sourire, une mèche de cheveux rebelle qui échappait constamment à la discipline, des cernes sous ses yeux indiquant qu'elle avait probablement passé une nuit blanche à réfléchir, à lire, à analyser. Ces détails, loin de diminuer sa beauté, la rendaient plus humaine, plus complexe, et par conséquent, plus fascinante.

Mais ce qui attirait le plus Sherlock, au-delà de son apparence physique, c'était sa force intellectuelle, son esprit acéré qui semblait constamment en éveil, capable de déduire, d'analyser, et de comprendre des choses que peu de gens pouvaient saisir. Cette combinaison de beauté sophistiquée et d'intelligence acérée était en elle-même une énigme, une énigme qu'il ne pouvait s'empêcher de vouloir résoudre.

Il s'arrêta un moment, la regardant de loin, pris par ce mélange de curiosité et de quelque chose d'autre, quelque chose qu'il n'avait pas encore pleinement identifié. Il n'était pas homme à se laisser troubler par l'apparence ou par les émotions, mais avec Émilie, c'était différent. Il y avait chez elle une complexité, une profondeur qu'il ne trouvait pas chez les autres.

Émilie s'arrêta près d'un banc, le regard tourné vers le ciel, comme si elle méditait sur une pensée profonde, ou peut-être simplement savourait-elle le calme du matin. Sherlock sentit son cœur battre plus vite, un phénomène étrange pour lui, mais il l'ignora, focalisant toute son attention sur elle.

Finalement, il se décida à avancer, ses pas feutrés sur le gravier du parc. Émilie ne se retourna pas, mais il savait qu'elle l'avait entendu. Elle était toujours consciente de son environnement, un autre trait qu'il trouvait admirable. Lorsqu'il fut suffisamment proche, elle tourna lentement la tête, croisant son regard.

— Sherlock, dit-elle calmement, un sourire léger et énigmatique sur les lèvres. Je me demandais quand vous viendriez.

Il s'arrêta à quelques pas d'elle, observant chaque détail de son visage, chaque nuance dans son ton.
— Vous m'attendiez ? demanda-t-il, sa voix basse, presque un murmure.

Elle haussa légèrement les épaules, un geste élégant et contrôlé.
— Je savais que vous finiriez par me retrouver. Vous avez cette... détermination, dit-elle, le taquinant à peine.

Sherlock inclina légèrement la tête, un geste exceptionnel chez lui.
— Vous êtes un mystère, Émilie, et je ne supporte pas de ne pas comprendre.

Elle rit doucement, un son clair et mélodieux qui sembla réchauffer l'air autour d'eux.
— Ah, Sherlock, vous et votre besoin de tout comprendre... Et si certains mystères n'étaient pas faits pour être résolus, mais simplement pour être vécus ?

Il la fixa un instant, ses yeux bleus cherchant des réponses dans ses paroles.
— Peut-être,  concéda-t-il finalement, surprenant même lui-même par cette admission. Mais j'ai besoin de savoir, de comprendre ce qui se passe ici, entre nous.

Émilie le regarda, ses yeux brillant d'une intelligence presque insolente.
— Et que voulez-vous savoir exactement, Sherlock ?

Il ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de formuler ses pensées.
— Pourquoi vous ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi suis-je... affecté par tout cela ?

Elle sourit, un sourire mystérieux, comme si elle possédait des réponses qu'elle n'était pas encore prête à partager.
— Peut-être que certaines questions n'ont pas de réponses immédiates. Peut-être que vous devez vivre l'expérience pour comprendre.

Sherlock resta silencieux, ses pensées tourbillonnant dans son esprit. Il n'était pas habitué à ce genre de conversation, où les réponses ne pouvaient pas être déduites ou logiquement analysées. Et pourtant, il sentait qu'Émilie avait raison, que pour une fois, il devait peut-être simplement laisser les choses se dérouler, sans chercher à tout comprendre immédiatement.

Émilie le regarda avec une tendresse qu'elle dissimulait habilement derrière son sourire énigmatique. Elle s'approcha lentement de lui, réduisant encore la distance entre eux, jusqu'à ce qu'ils soient presque proches de se frôler.

— À quoi pensez-vous, Sherlock ? demanda-t-elle doucement, ses yeux cherchant à capter la moindre réaction, le moindre signe d'hésitation.

Il la fixa, ses pensées s'embrouillant soudainement sous le poids de sa proximité.
— Rien, répondit-il, se réfugiant dans sa réponse habituelle, par pur réflexe.

Émilie secoua légèrement la tête, son sourire s'étirant un peu plus.
— Sherlock, ce n'est pas possible de penser à rien, n'est-ce pas ?

Il l'observa attentivement, notant l'inquiétude à peine voilée dans sa voix, et la compréhension le frappa comme une évidence. — Vous pensez tout le temps, n'est-ce pas ?

Elle acquiesça doucement.
— Tout le temps, murmura-t-elle. C'est épuisant parfois, mais c'est ainsi.

Sherlock ressentit une connexion profonde à ce moment-là, un lien qui transcendait les mots et les pensées. Il comprenait maintenant pourquoi il était attiré par elle, pourquoi elle éveillait en lui des sentiments qu'il ne savait pas nommer. Émilie n'était pas seulement une énigme à résoudre, elle était une âme semblable, une personne qui comprenait la solitude de l'intellect, la fatigue d'une vie constamment occupée à penser, à analyser.

Ils restèrent ainsi, silencieux, mais connectés d'une manière que Sherlock n'avait jamais expérimentée auparavant. Pour la première fois, il se sentit compris, non pas pour ses capacités, mais pour ce qu'il était profondément. Et cela, plus que tout, le terrifiait et l'attirait à la fois.

Le silence entre eux était dense, mais ce n'était pas un silence inconfortable. C'était un silence chargé de significations, de pensées non dites, de sentiments émergents qui n'avaient pas encore trouvé leur forme.

Finalement, Émilie brisa le silence, sa voix douce et posée.
— Peut-être que nous devons juste... laisser les choses se faire, Sherlock. Peut-être que pour une fois, vous devez simplement vivre sans chercher à tout comprendre.

Sherlock la regarda longuement, ses pensées encore en ébullition, mais une étrange sérénité commençait à l'envahir. Peut-être qu'elle avait raison. Peut-être que certaines choses ne pouvaient pas être comprises, mais seulement vécues. Et pour la première fois de sa vie, il se surprit à vouloir essayer.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant