Chapitre 39 - Des Ombres dans le Ciel

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Des Ombres dans le Ciel

Londres se réveillait doucement sous un ciel gris, une fine bruine enveloppant la ville dans un voile humide. Les rues étaient encore calmes, mais déjà, une tension latente semblait flotter dans l'air. Les petits détails qui échappaient habituellement à l'attention de John Watson prenaient soudain une importance qu'il ne pouvait plus ignorer.

Ce matin-là, John se leva tôt, comme à son habitude. Mary dormait encore paisiblement, une expression de sérénité sur son visage. Il l'observa un instant, un sourire attendri aux lèvres, avant de se diriger vers la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. La routine quotidienne, ce qu'il avait autrefois trouvé réconfortant, commençait à être perturbée par des anomalies qu'il ne pouvait plus mettre sur le compte du hasard.

Alors qu'il attrapait la boîte de céréales, John remarqua que la porte de l'armoire était légèrement entrouverte. Il la referma sans y penser, mais une étrange sensation persistait. Ce genre de détail, aussi insignifiant soit-il, commençait à devenir un motif récurrent. Des objets déplacés, des portes laissées ouvertes, des papiers qui disparaissaient puis réapparaissaient ailleurs. Ces anomalies s'étaient faites plus fréquentes ces dernières semaines, mais ce matin-là, elles prenaient une nouvelle dimension dans son esprit.

John prit une profonde inspiration, essayant de chasser ces pensées de son esprit. Il se répétait que ce n'était rien, que son esprit lui jouait des tours. Mais il savait, au fond de lui, que quelque chose n'allait pas. Et ce n'était pas seulement ces petits détails. C'était aussi cette impression de ne pas être seul, cette sensation d'être observé. Il avait appris à se fier à son instinct, et aujourd'hui, cet instinct lui criait qu'un danger se profilait.

Alors qu'il buvait son café, perdu dans ses pensées, son téléphone vibra sur la table. Il sursauta légèrement, comme si le bruit avait rompu une tension invisible. C'était un message d'Émilie. Depuis leur rencontre impromptue dans ce café, ils avaient repris contact, et John s'était senti de plus en plus concerné par le bien-être d'Émilie. Elle était toujours aussi énigmatique, mais une certaine vulnérabilité émanait d'elle, une vulnérabilité qu'elle tentait de dissimuler sous une façade stoïque. John, quant à lui, sentait une responsabilité croissante envers elle, comme s'il devait veiller sur elle, la protéger.

Le message d'Émilie était court, presque laconique :
« Peux-tu me rejoindre à 10h ? Il y a quelque chose que tu dois voir. »
Aucun détail supplémentaire, aucune explication. Cela ne surprenait pas John, car il savait qu'Émilie avait toujours été avare de mots, préférant laisser parler les faits. Cependant, cette fois-ci, le ton du message avait une urgence inhabituelle, comme si quelque chose d'important se tramait.

John répondit rapidement, confirmant qu'il serait là, puis il se leva pour se préparer. Alors qu'il enfilait son manteau, il jeta un dernier coup d'œil à Mary, toujours endormie, et une vague de culpabilité l'envahit. Il ne lui avait pas parlé des choses étranges qui se passaient, de ses soupçons croissants. Mary était la lumière dans sa vie, et il ne voulait pas l'inquiéter inutilement. Pourtant, il savait qu'il ne pourrait pas continuer à lui cacher la vérité indéfiniment.

Il sortit de la maison, ses pas résonnant sur les pavés humides. Londres, bien qu'éveillée, avait encore un air de mystère, comme si la ville elle-même était complice des secrets qu'elle abritait. John marchait d'un pas rapide, son esprit occupé par mille pensées. Il avait hâte de retrouver Émilie, de comprendre ce qui la troublait autant. Il sentait que cette rencontre pourrait apporter des réponses à ses propres interrogations.

Lorsqu'il arriva à l'adresse indiquée, un petit café discret au coin d'une rue, Émilie était déjà là, assise à une table près de la fenêtre. Elle portait un manteau sombre, son visage partiellement dissimulé par une écharpe épaisse. Ses yeux, cependant, brillaient d'une intensité qui trahissait l'agitation intérieure qu'elle tentait de maîtriser. John s'assit en face d'elle, lui adressant un sourire rassurant, mais il perçut immédiatement la gravité de la situation.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant