Chapitre 45 - La Confrontation Nocturne

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La Confrontation Nocturne

Sherlock se redressa brusquement dans son fauteuil, un éclat d'urgence brûlant dans ses yeux. La vérité n'attendait pas, et soudain, il lui était impossible de rester immobile une seconde de plus. L'appartement était silencieux, seulement brisé par le bruit de ses mouvements précipités. Il attrapa son manteau long sans réfléchir à l'heure tardive ou à la froideur qui s'était installée dans les rues de Londres. Ce n'était pas important. Pas maintenant.

Ses pensées tourbillonnaient, plus vives et plus chaotiques que d'habitude. Émilie. Il devait la voir, lui parler, lui expliquer. Cette tension latente, ce non-dit entre eux depuis son retour devenait insupportable. Il s'était enfermé dans ses raisonnements, ses excuses, mais il savait maintenant que cela ne suffirait plus. Elle méritait des réponses, des explications. Et plus encore, il devait affronter ce qu'il ressentait, ce qu'il refusait de nommer mais qui, cette nuit, semblait plus réel que jamais.

Il descendit précipitamment les escaliers de Baker Street, franchit la porte d'entrée d'un pas vif, la brume londonienne s'engouffrant immédiatement dans son manteau. Les rues étaient désertes, la ville presque figée dans la tranquillité nocturne. Mais pour Sherlock, le monde entier semblait s'être réduit à une seule personne, à une seule destination.

Chaque pas le rapprochant d'Émilie résonnait comme un battement de cœur dans ses oreilles. L'heure importait peu. Il devait la voir, maintenant.

En arrivant devant l'immeuble modeste où elle vivait, Sherlock sentit une étrange nervosité l'envahir. Ce n'était pas un sentiment auquel il était habitué, et encore moins un sentiment qu'il aimait. Pourtant, il savait que ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas un simple échange de mots. Cela allait au-delà des enquêtes et des mystères qu'ils avaient résolus ensemble. C'était plus personnel, plus profond.

Il frappa vigoureusement à la porte de son appartement. Le bruit de ses coups résonna dans le silence de la nuit. Sherlock, pourtant toujours attentif à chaque détail, ne remarqua même pas l'heure tardive sur son téléphone. Ses pensées étaient fixées sur Émilie.

Il entendit des bruits de pas derrière la porte, un léger froissement de tissus, puis la serrure se tourna doucement. La porte s'ouvrit sur une Émilie différente de celle qu'il avait l'habitude de voir. Son visage, d'ordinaire si maîtrisé, si contrôlé, portait les traces d'une fatigue profonde, ses cheveux formaient une crinière ébouriffée autour de son visage, et elle portait un grand pull ample qui trahissait l'intimité de son chez-elle.

Pendant un instant, Sherlock resta silencieux, presque figé devant cette vision d'Émilie, qui, étrangement, le fit sentir... différent. Il ne comprenait pas bien ce qui l'étreignait à cet instant, cette sensation d'étrangeté mêlée à une sorte de familiarité réconfortante. Émilie le fixait, surprise mais sans réelle émotion apparente. Il savait qu'elle ne dormait pas beaucoup, peut-être pas du tout, alors il n'était pas surprenant de la trouver éveillée à cette heure.

— Sherlock ? demanda-t-elle d'une voix rauque, encore légèrement teintée de sommeil.

Il se redressa, secouant cette vague sensation qui l'avait envahi.
— Je dois vous parler, dit-il, sans même prendre le temps de vérifier si c'était une demande ou une exigence.

Émilie haussa un sourcil, mais s'effaça légèrement pour le laisser entrer. Sherlock pénétra dans l'appartement avec la même urgence qu'il avait ressentie en quittant Baker Street, ne prenant pas le temps de remarquer les détails de son environnement, absorbé par une seule pensée : il devait lui parler, maintenant.

L'appartement d'Émilie, en contraste frappant avec l'agitation de ses pensées, était calme, presque trop silencieux. Un espace modeste, décoré de manière personnelle, créative mais tout ici respirait la sobriété et la retenue, comme un reflet de la personne qui y vivait. Sherlock ne prit pas la peine de s'asseoir, il se tenait au centre de la pièce, les mains croisées derrière le dos, son esprit tournant à une vitesse vertigineuse.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant