Chapitre 48 - Les Jeux de Masques

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Les Jeux de Masques

L'aube s'était timidement installée sur Londres, inondant la ville d'une lueur grise et douce, comme un voile posé délicatement sur ses rues pavées. Le silence qui régnait dans l'appartement d'Émilie contrastait fortement avec l'effervescence intérieure qui l'animait en ce matin si particulier. Elle venait de passer une nuit des plus étranges. Pas désagréable, mais certainement déroutante.

Sherlock dormait encore, son souffle lent et calme, une rareté pour lui qui semblait souvent être sur le qui-vive, même dans ses rares moments de repos. Allongé sur le lit de la chambre où ils avaient passé la nuit, il ne s'était pas aventuré plus loin que lui toucher la main, respectant un espace que ni lui ni Émilie n'étaient prêts à franchir.

Le soleil perça doucement à travers les rideaux entrouverts, et Émilie, déjà éveillée depuis un moment, l'observait sans le regarder vraiment, perdue dans ses pensées. La chaleur légère du matin faisait écho à la confusion intérieure qu'elle ressentait encore. Cette proximité avec Sherlock... Elle n'arrivait pas à la comprendre, ni à s'en détacher. Mais il était temps de se concentrer sur la journée à venir.

Elle avait une conférence aujourd'hui, un événement important où elle devait incarner une version plus sophistiquée d'elle-même. Une façade qu'elle avait appris à maîtriser avec le temps, une sorte de costume social qu'elle enfilait chaque fois qu'elle montait sur scène pour parler de philosophie. Elle se leva silencieusement, en essayant de ne pas réveiller Sherlock.

Se dirigeant vers la salle de bain, elle passa devant un miroir et s'arrêta pour se regarder un instant. Ses cheveux étaient ébouriffés, sa peau encore marquée par la fatigue, mais ce n'était rien que quelques gestes bien calculés ne pouvaient pas dissimuler. Aujourd'hui, elle devait être irréprochable.

Après une douche rapide, elle commença à se préparer. Elle choisit un tailleur noir ajusté, avec des détails subtils qui mettaient en valeur sa silhouette. C'était une tenue qu'elle réservait aux grandes occasions. Le pantalon était droit et fluide, la veste cintrée, le tout surmonté d'une chemise en soie couleur ivoire qui contrastait délicatement avec l'obscurité de l'ensemble. Aux pieds, des talons hauts, chose rare pour elle, mais qui faisait toujours son effet. Émilie termina sa préparation en coiffant soigneusement ses cheveux, les attachant dans un chignon élégant qui dévoilait la finesse de son cou.

Une fois prête, elle retourna dans la chambre où Sherlock était toujours allongé, mais son regard perçant la fixait déjà, éveillé, sans qu'elle l'ait entendu bouger.

— Vous partez déjà ? demanda-t-il d'une voix basse, encore marquée par le sommeil, mais avec cette clarté typique chez lui.

Émilie sourit légèrement, ajustant la manche de sa veste.

— J'ai une conférence ce matin. Sur le concept de l'identité en philosophie.

Elle était consciente du contraste entre son apparence actuelle et l'Émilie que Sherlock connaissait, toujours plus détachée, presque sauvage dans ses manières et ses choix vestimentaires.

Sherlock se redressa, s'asseyant sur le lit, ses yeux suivant chacun de ses mouvements avec une attention particulière. Il pencha légèrement la tête, fasciné.

— C'est... surprenant, dit-il en se frottant le menton. Vous semblez différente. Plus...

Il chercha ses mots.

— Plus quoi ?

— Comme si vous portiez un masque, répondit-il enfin, l'observant comme si elle était un puzzle à déchiffrer. Vous n'avez jamais ce genre de... costume. C'est presque comme si vous jouiez un rôle.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant