My step brother | EN CORRECTION|

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑

Je quitte le parc, mon cœur encore battant de colère et de honte. La colère qui a précédé ma sortie a laissé place à un sentiment de tristesse et de frustration. La ville scintille autour de moi, mais je n'ai ni l'envie ni l'énergie de la découvrir. Je cherche un endroit pour me vider l'esprit, et le premier bar venu, avec ses néons clignotants et sa musique entraînante, semble être la réponse à ma détresse.
   Je pousse la porte et entre dans le bar, la chaleur et le bruit m'enveloppant immédiatement. Je commande un verre, puis un autre, et encore un autre. Chaque gorgée est une tentative pour noyer mes émotions, pour oublier la confrontation avec Camille et la sensation d'humiliation. La soirée avance, et mes pensées deviennent de plus en plus floues.
   Peu après, alors que je suis à moitié avachie sur le comptoir, Camille entre dans le bar. Je le remarque à peine, trop occupée à essayer de rester debout sans vaciller. Il s'approche de moi avec une expression fermée, probablement agacé d'avoir à me chercher.

— Alesha, dit-il d'une voix qui se veut ferme mais basse, tu es prête à rentrer ?

   Je lève les yeux vers lui, l'esprit embrumé par l'alcool. Il semble en colère, mais aussi résigné, comme s'il savait qu'il n'avait pas vraiment le choix.

— Camille, murmuré-je, sa voix se mêlant aux bruits de la musique. Pourquoi tu es là ? T'as pas autre chose à faire ?

   Il ne répond pas immédiatement. Au lieu de cela, il signe au barman pour qu'il lui apporte l'addition. Puis il se tourne vers moi, m'aidant à me lever.

— Parce que Miles a insisté, dit-il finalement d'une voix lasse. Et parce que je ne suis pas complètement sans cœur.

   Je le suis en titubant, incapable de marcher droit, mes pensées se mélangeant. Camille me soutient par le bras, un contact qui me rappelle brutalement que je ne suis pas seule, même si je le souhaiterais.
   Nous sortons du bar, et l'air frais de la nuit me fait un bien fou. Camille m'aide à monter dans le taxi qu'il a appelé, et une fois à l'intérieur, je me laisse tomber sur le siège, essayant de calmer la nausée qui monte. Camille s'assoit à côté de moi, l'ambiance dans la voiture étant étrangement silencieuse. Le taxi démarre, et nous roulons en direction de la maison dans un silence pesant.
   Je regarde les lumières de la ville défiler à travers la vitre, les pensées tourbillonnant dans ma tête. Chaque bosse sur la route semble amplifiée par ma gueule de bois naissante. Camille, quant à lui, reste silencieux, les yeux fixés sur la route, sa posture rigide montrant clairement qu'il préfère ne pas engager la conversation.
   Après quelques minutes, je ne peux m'empêcher de briser le silence.

— Tu sais, Camille, dit-je d'une voix embrumée par l'alcool, je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je voulais juste... juste m'intégrer, mais c'est difficile avec toi. T'es trop un connard..

   Il tourne brièvement la tête vers moi, ses yeux clairs montrant une lueur de compréhension, mais son visage reste impassible.

— La vie ici n'est pas facile, Alesha. Je ne suis pas le méchant de l'histoire, tu sais. Chacun a ses propres défis.

   Je secoue la tête, les yeux fermés pour essayer de chasser la douleur qui pulse dans mes tempes.

— Je sais, c'est juste... Je pensais que les choses pourraient être différentes. J'ai l'impression que tout est contre moi.

   Camille soupire, le bruit du moteur et le ronronnement de la voiture étant les seuls sons qui remplissent l'espace entre nous. Il semble réfléchir un instant, puis il parle d'une voix plus douce, bien que toujours distante.

— Peut-être que les choses ne sont pas faciles maintenant, mais elles ne resteront pas ainsi pour toujours. Ce que tu fais ici, ça compte. Et tu finiras par trouver ta place.