𝐄𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞

9 0 0
                                    

   Quelques mois plus tard, alors que la douleur de l'absence de Camille s'était doucement intégrée dans ma vie, le téléphone sonne en plein milieu de la nuit. Le bruit strident me réveille en sursaut, un mauvais pressentiment serrant mon cœur. J'attrape le combiné, mes mains tremblantes.

— Allô ? dis-je, la voix enrouée par le sommeil et l'inquiétude.

— Bonjour, c'est l'hôpital militaire. Nous avons une nouvelle concernant Camille.

Mon cœur s'arrête un instant. Chaque fibre de mon être sait que ce qui va suivre n'est pas une bonne nouvelle. Je m'accroche à l'espoir que ce n'est rien de grave, qu'il s'en sortira comme toujours.

— Il a été grièvement blessé lors d'une mission. Il est stable, mais dans un état critique. Il faudrait que vous veniez le voir.

Les mots résonnent dans ma tête, comme si le temps s'était arrêté. L'adrénaline monte en moi, me forçant à bouger malgré la peur qui me paralyse. J'appelle nos parents, leur annonçant la nouvelle avec une voix brisée. Nous nous précipitons tous à l'hôpital, l'angoisse grandissant à chaque minute qui passe.
Lorsque nous arrivons, l'air est lourd, chargé de l'odeur antiseptique de l'hôpital et de la gravité de la situation. Un médecin nous accueille, nous expliquant brièvement l'état de Camille. Ses paroles se perdent dans le brouillard de mon esprit, mais une chose est claire : il a besoin de nous, maintenant plus que jamais.
On nous conduit dans sa chambre. Là, sur ce lit d'hôpital, Camille paraît fragile, un contraste saisissant avec l'image du garçon fort et déterminé que j'ai toujours connu. Des bandages recouvrent une grande partie de son corps, et des machines bippent doucement à côté de lui, surveillant ses signes vitaux. La vue de Camille, si vulnérable, m'arrache un sanglot que je ne peux contenir.
Je m'approche de lui, mes pas lourds, l'angoisse m'étranglant. Je prends sa main dans la mienne, la serrant doucement. Il ne réagit pas, ses yeux fermés, son visage pâle. Le silence de la pièce est brisé uniquement par le son régulier des machines.

— Camille... souffle-je, espérant un miracle, une réaction, quelque chose.

Il reste immobile, et je m'effondre sur la chaise à côté de son lit, mes larmes coulent librement maintenant, sans retenue. Tout ce que j'aurais voulu lui dire, tout ce que j'aurais voulu partager avec lui, semble tellement insignifiant maintenant.
Nos parents se tiennent près de moi, aussi bouleversés, mais essayant de rester forts. L'attente devient insupportable, chaque minute s'étirant en une éternité. On nous dit qu'il est dans un état critique, mais qu'il est fort, qu'il a toujours été un combattant. Mais les mots ne sont que de maigres consolations.
Les heures passent, le jour se lève à peine. Je ne quitte pas son chevet, refusant de laisser partir cette main que je tiens désespérément. Et puis, dans un murmure presque imperceptible, je l'entends.

— Alesha...

Son souffle est faible, mais c'est bien sa voix. Je me redresse, l'espoir renaissant soudain.

— Camille, je suis là, dis-je en me penchant vers lui.

Il ouvre les yeux, me fixant avec une intensité qui me fait frissonner. Un sourire léger, presque imperceptible, apparaît sur ses lèvres.

— J'ai cru... que je ne te reverrais jamais, murmure-t-il, sa voix brisée.

Je secoue la tête, les larmes continuant de couler.

— Tu es là, c'est tout ce qui compte.

Camille ferme à nouveau les yeux, mais sa main serre doucement la mienne, comme pour s'assurer que je suis bien là. Ce contact, ce simple geste, me donne la force de croire qu'il va s'en sortir, qu'il est trop fort pour laisser la vie lui échapper maintenant.
Le chemin de la guérison sera long, mais ce moment, cette épreuve, a redéfini ce que nous sommes l'un pour l'autre. Peu importe ce qui arrivera, nous avons surmonté tant de choses, et ce lien, bien que fragile, est indestructible. Ensemble, nous trouverons un moyen d'aller de l'avant.

Fin.

"Il y a pire que de ne pas connaître l'amour,c'est de le trouver dans un temps de ta vie qui le rends impossible"

FIN

My step brother | EN CORRECTION|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant