Chapitre 15

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Tony se réveilla lentement, comme s'il sortait d'un brouillard dense et oppressant. Chaque pensée semblait lointaine, chaque sensation décalée. Il mit un moment à comprendre où il était. La pièce autour de lui était sombre, à peine éclairée par la lumière vacillante d'une ampoule au plafond. L'air était lourd, chargé d'une odeur âcre de sueur, de sang et de quelque chose de métallique qui le faisait frémir.

Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux, il distingua une silhouette assise juste en face de lui. Un homme, immobile, le fixait avec une intensité glaciale. Le visage de Yassine émergea lentement de l'ombre, ses traits marqués par un sourire qui ne présageait rien de bon. Un sourire froid, presque mécanique, qui n'atteignait jamais ses yeux. Ces yeux, d'ailleurs, brillaient d'une lueur sinistre, comme un prédateur jouant avec sa proie.

Tony : Vous... vous me regardez depuis combien de temps ?

Sa voix n'était qu'un murmure rauque, un son brisé qui peinait à franchir ses lèvres sèches. Il se sentait faible, vulnérable, comme si chaque mot lui coûtait un effort immense.

Yassine, après un long silence, répondit d'un ton neutre : Trois heures.

Trois heures. Le mot résonna dans l'esprit de Tony comme un écho sinistre. Pendant trois longues heures, cet homme avait été là, le regardant, scrutant le moindre de ses mouvements. Un frisson glacial parcourut son échine à cette pensée. Trois heures pendant lesquelles il aurait pu tout faire... tout ce qu'il voulait.

Tony, essayant de masquer son angoisse par une tentative de bravade : Vous ne vous êtes pas ennuyé ?

Yassine haussa un sourcil, amusé par la question. Il y avait dans son regard une lueur de malice, comme s'il trouvait la situation divertissante.

Yassine : Non, je me suis un peu occupé.

Ces mots, si simples en apparence, firent monter en Tony une vague de terreur. Occupé ? Le ton désinvolte de Yassine ne présageait rien de bon. Tony sentit son cœur s'accélérer, une sueur froide perlant sur son front.

Tony : Comment ?

Yassine ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de faire un signe de tête en direction des mains de Tony. Un geste si léger, si subtil, mais qui porta en lui tout le poids de la menace. Tony hésita, redoutant ce qu'il allait découvrir, mais la curiosité mêlée à l'instinct de survie l'obligea à baisser les yeux.

Ce qu'il vit le pétrifia de terreur. Ses mains étaient dans un état épouvantable. Les chairs étaient déchiquetées, les plaies béantes laissaient s'échapper un filet de sang. Les blessures étaient profondes, irrégulières, comme si quelqu'un s'était acharné sur elles avec une lame émoussée. La douleur qu'il n'avait pas encore pleinement réalisée afflua soudain, brutale et dévastatrice. Un gémissement étouffé s'échappa de ses lèvres.

Tony, le souffle court, tremblant : Et vous vous êtes amusé ?

Yassine haussa les épaules, son expression indifférente, comme s'il parlait de quelque chose de banal, presque trivial.

Yassine : Bof, ça m'a occupé, c'est le principal.

Tony ferma les yeux, tentant de maîtriser la panique qui montait en lui. Comment avait-il pu rester inconscient pendant que cet homme lui infligeait de telles blessures ? Il n'arrivait pas à comprendre comment son corps n'avait pas réagi.

Tony, d'une voix cassée : Comment ça se fait que je n'ai rien senti ?

Yassine se pencha en avant, son regard s'enfonçant dans celui de Tony, comme pour percer son âme.

Captive In Somalia (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant