(Storytober - Jour 24 - Éclipse)
Il était une fois, dans un royaume nommé Soloria, le soleil brillait d'or dans le ciel, illuminant les champs et les forêts, les rivières et les montagnes. Mais cette époque était révolue. Depuis plus de cent ans, le royaume languissait sous l'ombre d'une éclipse interminable. La lune s'était glissée devant le soleil et y était restée, voilant le monde d'un crépuscule permanent. Dans cette pénombre, les arbres se fanaient, les récoltes échouaient, et les rivières coulaient lentement et froidement.
Le peuple parlait d'une légende—le jour où l'éclipse avait commencé, la Princesse du Soleil avait disparu, et elle seule pouvait ramener la lumière. Certains disaient que le soleil avait caché son visage par chagrin pour sa perte. D'autres croyaient que la lune, jalouse de la radiance du soleil, l'avait emprisonnée derrière son ombre.
Le prince Surun, plus jeune fils du vieux roi, était né pendant l'éclipse, ne connaissant rien de la chaleur du soleil sauf à travers les récits chantés par les ménestrels ou murmurés par le vent. Pourtant, il rêvait de lumière, comme si celle-ci l'appelait d'au-delà du ciel sombre. Lorsque son père tomba malade et que l'espoir s'éteignit à Soloria, Surun résolut de partir à la recherche du soleil perdu et de le restaurer dans les cieux.
"Où iras-tu, mon fils ?" demanda le roi fatigué. Ses yeux, ternis par les années et le chagrin, cherchaient des réponses sur le visage du prince.
"Je suivrai le chemin de l'éclipse," répondit Surun. "Les légendes parlent d'un endroit où le soleil et la lune se rencontrent—là, je trouverai la clé pour mettre fin à cette ombre."
Le vieux roi lui donna une épée forgée à partir du dernier éclat de la lumière du jour, une lame d'acier brillant qui avait refroidi dans le crépuscule éternel. "Qu'elle te guide à travers les ténèbres," dit-il.
Avec l'épée à ses côtés et l'espoir brûlant dans son cœur, Surun se mit en route. Il voyagea pendant des jours à travers des forêts où les arbres n'étaient que des squelettes noircis, leurs feuilles tombées et oubliées. Il traversa des champs où la terre était gelée sous une fine couche de givre, bien qu'aucun hiver ne soit venu.
En fin de compte, Surun atteignit les confins du royaume, où l'ombre de l'éclipse s'épaississait en une nuit profonde. Là, il rencontra un renard blanc comme la lumière de la lune, dont la fourrure luisait faiblement dans le crépuscule.
"Petit prince," dit le renard, "où erres-tu, si loin des terres des hommes ?"
"Je cherche le soleil, qui est caché depuis bien trop longtemps," répondit Surun. "Sais-tu où je pourrais le trouver ?"
Les yeux du renard scintillèrent comme des étoiles. "Le chemin est périlleux," avertit-il, "mais si tu as du courage, je te guiderai."
Ainsi, le renard le mena plus loin, aux confins de Soloria où les montagnes se dressaient comme d'anciens sentinelles contre le ciel. Là, au cœur d'un sommet creux, se trouvait une grotte dont l'entrée était voilée par des ombres aussi épaisses que du velours. "Dans cette obscurité," dit le renard, "tu trouveras la prison de la Princesse du Soleil. Mais prends garde, car tout ce qui s'y trouve n'est pas bienveillant."
Surun entra dans la grotte, où aucune lumière ne pouvait atteindre, pas même une lueur. Il marcha pendant ce qui lui sembla des heures, guidé seulement par l'air glacial qui murmurait à travers les tunnels. Enfin, il arriva dans une grande caverne, et en son centre, sur un dais de pierre, reposait une figure endormie—ses cheveux comme de l'or en fusion se répandaient sur le roc, sa peau pâle comme l'aube.
"La Princesse du Soleil," souffla Surun.
Mais alors qu'il s'approchait, les ombres s'agitèrent, se rassemblant pour former la silhouette d'une femme vêtue de robes sombres. Ses yeux brillaient d'argent, froids et aiguisés comme la lune elle-même. "Tu pénètres dans mon royaume, petit prince," dit-elle d'une voix douce et cruelle. "Pourquoi cherches-tu à réveiller le soleil ?"
"Soloria se meurt dans les ténèbres," répondit Surun. "Je ne cherche qu'à mettre fin à l'éclipse et à restaurer la lumière."
L'esprit de la lune éclata de rire, un son semblable à de la glace se brisant. "Tu souhaites défaire ce que j'ai accompli ? Alors prouve ta valeur, jeune prince. Voici mon défi : tue-moi, et le soleil se lèvera de nouveau."
Surun hésita, sa main posée sur la garde de son épée. Il regarda la princesse endormie, dont la respiration était faible comme un soupir, puis l'esprit de la lune, dont le regard brûlait d'une rancune ancienne. Le choix était clair mais cruel.
Il abaissa son épée. "Je ne sacrifierai pas une vie pour une autre," dit-il. "Il doit y avoir une autre solution."
Les yeux de l'esprit de la lune s'agrandirent, son expression passant du triomphe à l'incertitude. "Tu me laisserais en vie ? Alors prends son cœur, si tu l'oses." Elle plongea la main dans sa poitrine et en tira un orbe lumineux, plus brillant que n'importe quelle étoile. Il pulsait de chaleur et de lumière—un écho du soleil lui-même. "Rends-le-lui," dit-elle, "si tu en es capable."
Alors que Surun tendait la main vers l'orbe, les ombres autour de celui-ci s'épaissirent, tentant d'étouffer la lumière. Il tira la lame de son père et les trancha, mais elles se refermèrent sur son bras, l'attirant vers l'obscurité. La voix du renard résonna dans son esprit : Courage, petit prince.
Surun serra l'orbe fermement, le pressant contre la poitrine de la Princesse du Soleil. Ses yeux s'ouvrirent, et dans un souffle, elle reprit vie. La lumière grandit, emplissant la caverne, forçant l'esprit de la lune à vaciller et à se dissoudre comme une brume.
Alors que les premiers rayons de soleil éclataient, la Princesse du Soleil se leva, ses cheveux dorés resplendissants, sa voix claire et lumineuse. "Tu m'as libérée, brave prince," dit-elle, "et en faisant cela, tu as restauré la lumière à Soloria."
L'éclipse prit fin, et le royaume s'éveilla comme d'un long et troublé sommeil. Les arbres s'étirèrent vers le ciel, les rivières scintillèrent, et les champs reverdirent. Le peuple se réjouit alors que le soleil baignait la terre de sa chaleur, un don longtemps oublié.
Le prince Surun retourna auprès de son père, le soleil brillant désormais haut dans le ciel. Le vieux roi vit la lumière du jour sur le front de son fils et sourit, car il savait que le temps des ténèbres était passé.
Ainsi, on disait que le courage de Surun avait brisé l'éclipse, non pas en tuant les ténèbres, mais en choisissant d'épargner ce que d'autres auraient détruit. Car parfois, pour réparer un monde, il faut guérir la fracture entre la lumière et l'ombre.

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Contes de fées pour petits et grands
FantasyQuelques contes que je m'amuse parfois à écrire. Il s'agira donc non pas d'une, mais de plusieurs petites histoires. Rappelez-vous qu'il s'agit de contes de fées. Pour les enfants et pour rêver. Oui c'est cours. Oui c'est irréaliste. Mais c'est exac...