Chapitre 18 - Nora

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— Surprise !

Tous nos amis sortent de leur cachette lorsque nous passons la porte d'entrée, pour souhaiter un joyeux anniversaire à Eleanora. Le sourire qui fait le tour de son visage vaut toutes les étoiles de l'univers. Elle se doutait probablement de ce qui se tramait ici, puisqu'Aaly ne sait pas tenir sa langue, mais sa joie de voir ses amis pressés autour d'elle l'emporte sur l'effet de surprise raté.

Tour à tour, elle serre dans ses bras Matthew, Gina, Susie et offre la plus longue de ses accolades à sa meilleure amie. La plus grande constante de ces dernières années.

L'émotion charge très rapidement l'air, ce qui semble convenir à pratiquement tout le monde. Après tout, la célébration de la naissance de l'un d'entre nous ne vaut-il pas des échanges de sourires et de larmes pour s'en féliciter ?

— Alors, qu'est-ce que ça fait de se rapprocher du quart de sa vie ? balance Matt, dans une tentative désastreuse de faire disparaître le parfum sentimental flottant dans l'air.

Susie ouvre des yeux ébahis alors que Gina prend sa tête entre ses mains, honteuse du comportement décalé de son compagnon. Aaly arque un sourcil, et je ne doute pas une seule seconde qu'une répartie bien trouvée s'apprête à quitter ses lèvres.

— Cela change ma vie, la devance Eleanora en portant la main sur son cœur. Je me sens tellement mature depuis que je me suis réveillée ce matin. C'est comme si je réalisais enfin que les minutes s'écoulent à toute vitesse, et que viendra rapidement le jour où une couleur grisâtre remplacera le roux de ma chevelure. Oui, vraiment, je comprends aujourd'hui que je dois profiter un maximum des jours s'offrant à ma vie...

Un éclat de rire général accueille la fin de sa tirade digne d'une pièce de théâtre. Seul Matthew s'abstient de glousser, mais cela tient davantage à la crédibilité qu'il tient à conserver pour avoir lancer les hostilités.

— Calme-toi, jeune fille, tu n'avais pas besoin d'être aussi dramatique pour me clouer le bec.

— Moi ? Dramatique ? insiste-t-elle en exagérant la fin du mot.

Cette fois, même Matthew ne parvient pas à retenir son fou rire.

Les éclats de joie qui brillent dans les yeux de ma copine me réchauffent le cœur. Les dernières semaines ont été éprouvantes. En l'espace de seulement cinq mois, elle a vécu une rupture compliquée, la sortie précipitée de sa mère du centre de soin, et un changement de travail rapide. Je craignais qu'il ne lui faille beaucoup plus de temps pour ramener un doux sourire constant sur ses lèvres.

Actuellement accaparée par une discussion sportive avec Matthew et Susie, je me perds quelques secondes dans la contemplation de ce tableau chaleureux. Je suis soulagé que l'univers d'Eleanora s'accorde si bien avec le mien. Susie est une jeune femme au cœur pur, qui apporte toute la stabilité dont Aaly avait besoin. Matthew, derrière son humour maladroit, est l'une des personnes les plus droites que j'ai côtoyées ces dernières années. J'aime que sa légèreté se dispute sa droiture, et je crois qu'Eleanora lui apprécie les mêmes qualités. Quant à Gina... elle s'est intégrée à la perfection à notre bande. A moins que ce ne soit notre bande qui se soit intégrée à la perfection à elle ? Nous la voyons assez rarement, parce qu'elle vit actuellement à Manchester pour y terminer un stage en marketing digital, mais elle ne manque jamais l'une de nos joyeuses invitations à faire la fête tous ensemble.

Une main m'agrippe le dos alors que je faisais mine d'avancer vers mes amis. Je sursaute, donnant par mégarde un coup d'épaule dans la mâchoire de la coupable. J'arque un sourcil, partagé entre l'agacement et l'inquiétude que m'inspire constamment Aaliyah.

— Tu sais, le langage n'a pas été inventé pour faire joli, laissé-je échapper alors qu'une grimace déforme son visage.

Mon amie se passe une main sur la mâchoire sans manquer de me fusiller de ses yeux verts. Son regard s'adoucit pourtant lorsqu'il se pose derrière moi. Je suis la même direction qu'elle, et assiste à une accolade chargée en émotions entre Susie et Eleanora. Les jeunes femmes sentent le poids de notre attention sur elles, parce qu'elles se lâchent en pouffant de rire lorsqu'elles tournent la tête vers Aaly.

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