Chapitre 16 - Nora

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Je suis tellement impatiente de le revoir que je cours pratiquement pour rejoindre son appartement, ce qui ne s'avère pas spécialement pratique avec une valise. Tant pis. Je n'ai jamais aimé faire dans la praticité de toute manière et j'ai bien trop rêvé de ces retrouvailles ces derniers jours pour être raisonnable et rentrer chez moi d'abord.

J'ai erré dans le brouillard pendant cinq années, mais aujourd'hui, j'aperçois enfin la lumière. Elle est resplendissante. Je l'accueille comme une vieille amie qu'il m'a fallu longtemps attendre.

Je toque à la porte et sautille pratiquement d'impatience à cause de l'attente. Sera-t-il heureux de me voir ? Ou bien pense-t-il qu'il est préférable que nos chemins restent désormais séparés ?

Je secoue la tête pour réfuter ces pensées négatives engendrées par mon manque de confiance. Isaac est venu à Londres pour moi. Il est revenu, il est resté, pour moi.

Il m'a dit qu'il m'aimait.

Aujourd'hui, je sais enfin ce que je veux et il est hors de question que je me défile au dernier moment.

Grand-Ma a raison. Je mérite d'être heureuse.

La porte s'ouvre finalement, me laissant entrapercevoir un Isaac totalement ensommeillé. Et torse nu.

— Tu ouvres à tous les inconnus aussi peu vêtus ? l'interrogé-je en désignant ses abdos parfaitement dessinés qui feraient rougir de jalousie n'importe qui.

Isaac se passe une main sur le visage en étouffant un bâillement.

— Tu frappes souvent chez les gens à une heure du matin sans prévenir de ta venue ? rétorque-t-il en haussant un sourcil. Pour ta gouverne, j'ai vérifié qui était derrière la porte avant d'ouvrir. Quelle est ton excuse à toi ?

Je n'en ai pas.

— Est-ce que je peux rentrer ?

Le tact, Nora, le tact... Je me force à me reprendre pour éviter qu'il pense avoir affaire à une folle. Je veux le reconquérir, pas le faire fuir.

— Bien sûr, confirme-t-il sans hésiter une seule seconde. Par contre, j'attends toujours une réponse, insiste-t-il après avoir refermé la porte derrière moi. Je vais finir par croire que tu vas me déclarer ta flamme. Pourquoi es-tu là ? Il y a un problème ? Tu avais besoin d'un endroit pour dormir et Aaly n'a pas répondu ? Pas de soucis, continue-t-il sans me laisser une chance d'en placer une, tu peux dormi...

— J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit, le coupé-je en plongeant mon regard dans le sien. Et je ne veux pas être la femme que tu sauves, Isaac.

J'inspire pour me donner le courage de poursuivre, sans jamais dévier mes yeux des siens. Son regard devient de plus en plus confus et une barre se dessine sur son front, preuve de son désarrois. Réalisant l'inquiétude que mes mots ont suscité, je me dépêche de reprendre en affirmant, sûre de moi :

— Je veux être la femme que tu aimes.

Je ne lui offre pas la possibilité de rétorquer quoique ce soit. Je franchis les quelques mètres qui me séparent de lui pour conclure mes mots par un doux baiser. Dès que nos lèvres se retrouvent après ces cinq longues années de manque, je sens quelque chose se débloquer en moi. Un peu comme si je m'étais contentée de retenir mon souffle pendant tout ce temps, et qu'aujourd'hui, je parvenais enfin à remonter à la surface.

Isaac a toujours représenté plus que mon premier amour. Il a été mon meilleur ami, le seul témoin de mes larmes, de mes vulnérabilités, de mes échecs. Je lui ai caché une part de ma vie, mais je lui ai offert absolument tout le reste.

Ses mains viennent trouver mes joues, renforçant cette union de nos deux corps, de nos deux âmes. Mon dos percute le mur du couloir alors qu'Isaac passe une main autour de ma taille et que les miennes se perdent dans les boucles de ses cheveux.

Les émotions que me procure notre étreinte sont encore plus fortes qu'il y a cinq ans. Notre relation ne sera plus faîte d'aurevoirs mais de promesses.

Isaac met fin à notre baiser quand le souffle commence à nous manquer. Sans s'écarter d'un centimètre, il se penche pour poser son front contre le mien. Je savoure cet échange plus calme où nos respirations sont les seules mélodies venant rompre la quiétude de l'appartement. Je passe mes bras autour de son dos pour l'étreindre totalement, profiter de sa chaleur et de la protection qu'il m'offre. Isaac pose son menton sur mes cheveux, et alors que je crois mourir de bonheur, il prononce des mots qui font rebattre mon cœur anesthésié.

— Je t'aime, Nora.

Je relève des yeux brillants dans sa direction. Ma lèvre tremble légèrement face à ce tsunami d'amour qui vient balayer toutes les dernières traces de détresse qui substituaient au fond de moi.

— Mon cœur t'appartient, Isaac, confessé-je en l'embrassant tendrement. Il t'a toujours appartenu.

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