II - Silences partagés

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Lorsque Gabriel arriva à son bureau, il remarqua immédiatement un dossier soigneusement posé sur sa table. L'atmosphère était calme, presque solennelle, à l'exception du tic-tac de l'horloge mural. Gabriel s'assit dans son fauteuil en cuir usé. Il attrape le dossier et l'ouvrit, révélant une photo d'un homme au visage sévère. Fabio Pelezzi. Il avait 40 ans, et à première vue, il correspondait parfaitement à l'image stéréotypée de l'homme d'affaires à succès. Son regard perçant, ses cheveux bruns soigneusement peignés en arrière et sa moustache bien taillée contribuaient à renforcer cette impression. D'origine italienne, il vivait à Paris, avec sa femme Laure Pelezzi, et ses deux enfants : un fils de 11 ans et une fille de 8 ans. Le procureur prit un moment pour observer la photo de famille insérée dans le dossier. Ils avaient l'air d'une famille ordinaire, souriant sous le soleil parisien.

Le dossier mentionnait que Pelezzi passait la majorité de ses soirées dans des casinos, une passion qui n'était sans doute pas aussi innocente qu'il n'y paraissait. Ce goût pour les jeux du hasard l'avait déjà conduit à croiser la route des forces de l'ordre. En effet, il avait été impliqué à plusieurs reprises dans des altercations physiques au sein de ces établissements. Bien que ces incident n'aient pas encore abouti à des condamnation sérieuses, ils laissaient entrevoir un tempérament impulsif et potentiellement dangereux, loin de l'image d'homme d'affaires respectables qu'il tentait de projeter. Il n'était peut-être pas irréprochable.

Gabriel fut tiré de ses pensées par des coups frappés à la porte. Tobias entra, un gobelet de café fumant à la main qu'il tendit à son ami avec un sourire en coin.

« Salut mec », dit-il en s'approchant du bureau. Gabriel, reconnaissant, saisit le café et but rapidement une gorgée, appréciant la chaleur réconfortante de la boisson qui commençait à le réveiller pleinement. Il s'adossa ensuite dans sa chaise, observant de nouveau la photo de Pelezzi. « Merci, j'avais oublié de prendre mon café ce matin. » murmura-t-il tout en posant le gobelet sur sa table. Il montra ensuite la photo à Tobias.

Tobias prit la photo et l'examina attentivement. « C'est le genre de gars qui cache des trucs louches » dit-il en haussant un sourcil. Gabriel hocha la tête, mais son regard restait fixé sur la photo. « C'est possible, puis ces altercations dans les casinos ne sont pas anodines. Il y a une violence sous-jacente chez ce type. Et on sait très bien que ce genre de comportement peut facilement dégénérer. »

Tobias acquiesça en silence. Il savait que Gabriel avait raison. Les comportements délictueux, même s'ils semblent mineurs, pouvaient révéler des aspects bien plus sombres de la personnalité de quelqu'un. Gabriel referma le dossier. « Envoie une équipe pour surveiller ses mouvements. On verra ce qu'on peut tirer de ses déplacements et de ses contacts. »

« On ne les arrête pas ? » demanda le policier, l'ombre d'une hésitation dans sa voix. Gabriel prit une gorgée de son café, maintenant tiède, avant de répondre « Non, pas encore. Certes, nous avons une preuve contre lui, mais ce n'est pas suffisant pour le moment. On pourrait l'arrêter et l'accuser, mais je veux être sur ce que soit bien lui avant de faire quoi que ce soit. Tu sais comme je suis. C'est pourquoi on va le faire suivre. »

Tobias acquiesça de nouveau, comprenant la prudence de son meilleur ami. Il sortit ensuite son téléphone de sa poche et le montra à Gabriel. « J'ai l'adresse de la mère de la victime », annonça-t-il en désignant l'adresse qui s'affichait à l'écran. Gabriel jeta un coup d'oeil à l'écran avant de hocher la tête. « Eh bien, commençons par sa mère » répondit-il d'un ton déterminé.

*

La voiture s'approcha lentement d'une petite maison, isolée de la capitale. Gabriel observait attentivement les environs. La maison était nichée au milieu d'un verge où des pommiers, des poiriers, et des pruniers se dressaient fièrement. La route était poussiéreuse et la roue de la voiture s'enfonça dans un creux avant d'en ressortir. Cette action inattendue balança la tête du procureur contre la fenêtre puisqu'il était déjà près d'elle. Le choc, bien que léger, le fit grimacer. Gabriel se massa la tempe tout en marmonnant quelques jurons, visiblement irrité. Tobias, assis à côté de lui, ne put s'empêcher de rire discrètement, ses yeux pétillants de malice.

Echos des Brumes [ BARDATTAL ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant