Echos des Brumes [ BARDATTAL ]

XXII - Réseau de Mensonges

Gabriel arriva devant la station de police, se garant avec précision avant de sortir de sa voiture. Alors qu'il se dirigeait vers l'entrée, il aperçut Tobias, adossé contre le mur, une jambe repliée, tenant un expresso dans une main et une cigarette dans l'autre. La fumée s'élevait paresseusement, se mêlant à l'arôme fort du café, créant une ambiance presque familière, comme une pause dans l'agitation de la journée.

Le brun s'approcha, un sourire amusé se dessinant sur son visage. « Quand vas-tu enfin arrêter cette merde ? » dit-il en désignant la cigarette qui fumait entre les doigts de Tobias. « Expresso ? »

Tobias secoua la tête, relâchant un nuage de fumée dans la direction opposée à Gabriel. « Et toi, quand est-ce que tu vas arrêter de me poser cette question ? Oui, c'est un expresso. Quoi d'autre ? »

Gabriel leva les yeux au ciel, feignant l'exaspération, avant d'arracher le gobelet des mains de son ami et d'en boire une gorgée. « J'en avais besoin, je t'en paierai un après, promis. »

Tobias le regarda, surpris, avant d'éclater de rire, son amusement s'épanouissant dans l'air. Il écrasa son mégot dans le cendrier avant de le jeter à la poubelle. « Pelezzi t'attend dans la salle d'interrogatoire. »

Gabriel afficha un sourire en coin, une anticipation grandissante dans son regard. « Tu as eu le temps de lui parler ? »

« Rapidement, » répondit Tobias en faisant un signe de tête vers l'intérieur du bâtiment. « Il avoue avoir dégénéré. »

Ils franchirent les portes de la station, l'odeur familière de café et de désinfectant envahissait leurs narines. Le brun avait encore ce sourire doux sur les lèvres, une trace discrète du souvenir vivant de sa matinée avec Jordan. Tobias, qui connaissait son ami par cœur, ne tarda pas à remarquer ce changement chez lui.

« Eh bien, » lança-t-il d'un ton moqueur, un sourire narquois s'affichant sur son visage. « J'ai bien l'impression que t'as passé du bon temps, toi. Je crois même que je ne t'avais pas vu avec cette expression depuis... longtemps. »

Gabriel, pris de court, fronça les sourcils tout en tentant de réprimer son sourire. « Vraiment ? T'as rien d'autre à faire que d'analyser mon visage ? » répliqua-t-il, essayant de masquer son embarras tout en sachant très bien où Tobias voulait en venir.

Tobias éclata de rire, sa voix résonnant dans le hall. « Bah, faut bien que quelqu'un remarque ce genre de détails ! Sérieusement, t'as l'air détendu... comme un mec qui a passé une très bonne nuit. »

Gabriel le fixa, tentant de garder son calme. « Ferme-la ! » murmura-t-il, jetant un coup d'œil nerveux autour d'eux pour s'assurer que personne n'écoutait. Mais c'était trop tard : Tobias riait de plus belle, se tenant le ventre, visiblement fier de son coup.

« Oh, allez, détends-toi... Puis, je dirai que ton mec a même eu un effet bénéfique sur toi. » Le policier lui tapa sur l'épaule, son sourire n'ayant pas fléchi.

Le brun roula des yeux, un rire finissant par lui échapper. « Tu comptes continuer longtemps, ou on peut se mettre au travail ? On a un suspect à interroger, tu te souviens ? »

Tobias, encore secoué de rires, leva les mains en signe de reddition, prenant un air faussement sérieux. « Ok, ok, j'arrête. » Il se racla la gorge, reprenant un semblant de contenance. « J'ai pu échanger quelques mots avec lui, juste avant qu'ils l'installent en salle d'interrogatoire. C'est... un spécimen intéressant, on va dire. »

Gabriel haussa un sourcil, son intérêt éveillé. « Intéressant, comment ? »

« Disons qu'il joue le gars repentant. Ça va te plaire, je le sens. »