Echos des Brumes [ BARDATTAL ]

XXIV - Instants Suspendus

« Allez, goûte-moi ce dessert, » murmura Jordan, sa voix douce mais empreinte d'un sous-entendu indéniable. Il s'avança légèrement, amenant la cuillère chargée de dessert jusqu'à Gabriel, une lueur espiègle dans les yeux.

Gabriel le regarda intensément, ses lèvres entrouvertes dans une lente anticipation, une étincelle troublante dans le regard. Il se pencha vers la cuillère, s'approchant suffisamment pour que leurs visages soient presque à la même hauteur. Ses yeux ne quittèrent pas ceux du châtain, cherchant à capter chaque détail, chaque nuance dans ce regard devenu si familier, mais si troublant à cet instant.

Il ouvrit la bouche, laissant la cuillère glisser entre ses lèvres avec une lenteur mesurée, prolongeant l'instant. Jordan, le souffle suspendu, suivit chaque mouvement de Gabriel, presque hypnotisé. Le brun laissa le goût se déployer sur sa langue, fermant un instant les yeux comme pour mieux savourer le dessert... et l'attention du psychologue. Il se lécha ensuite lentement les lèvres, rendant l'instant délicieusement plus sensuel.

« Hmmm... Pas mal, » dit-il enfin, la voix légèrement rauque, et un sourire malicieux effleurant ses lèvres. Son regard se fit plus intense, glissant sur le visage de Jordan comme s'il dévorait plus que le dessert.

Jordan, encore plus troublé, se mit à sourire malgré lui, pris dans l'intensité de l'instant. Il se rapprocha de quelques centimètres, abaissant la cuillère, et murmura : « J'espère que tu as encore de la place... parce que j'ai beaucoup d'autres saveurs à te faire découvrir. »

Il posa délicatement la cuillère sur le bord de l'assiette et se pencha encore un peu plus vers lui, leurs souffles se mêlant dans une proximité à peine retenue. Gabriel, les yeux rivés aux siens, ressentit son cœur accélérer. Le désir, jusque-là contenu, semblait désormais prêt à éclater dans cet espace intime qu'ils partageaient. Sans un mot, il laissa sa main effleurer celle de Jordan, ses doigts traçant un léger frisson contre sa peau. Le moindre contact devenait une promesse silencieuse, un fil invisible qui les attirait irrésistiblement l'un vers l'autre.

Jordan observa le brun, ses yeux brillant d'une douceur mêlée à une certaine intensité. Sans résister davantage, il réduisit l'infime distance qui les séparait et déposa un baiser sur ses lèvres, un baiser profond mais fugace, juste assez pour que leurs émotions se heurtent, s'entrelacent dans cette caresse volée. Gabriel répondit avec la même ardeur, puis, il se recula, son regard encore troublé par les événements de la soirée.

Il prit une profonde inspiration, ses épaules se relâchant légèrement alors qu'un sourire doux se dessinait sur ses lèvres. Il se leva, contourna la table et saisit son téléphone pour y faire jouer une musique douce, une mélodie lente et romantique qui commença à emplir la pièce, enveloppant leurs doutes dans un cocon de sérénité.

Il se retourna vers Jordan, une expression empreinte de tendresse et d'espoir dans le regard. Sa main se tendit dans un geste à la fois simple et symbolique. « Une danse ? » demanda-t-il, avec un sourire timide, comme s'il cherchait à réparer la distance qu'il avait inconsciemment laissée s'installer entre eux en début de soirée.

Touché par ce geste sincère, Jordan répondit d'un simple hochement de tête, acceptant la main de Gabriel et se laissant guider. Ils s'approchèrent l'un de l'autre, leurs corps se trouvant à quelques centimètres à peine, les mains entrelacées, les cœurs battant en synchronie. Le plus grand posa sa main sur la hanche de Gabriel, alors que celui-ci glissa la sienne dans la nuque de Jordan, rapprochant leurs visages jusqu'à ce que leurs souffles se mêlent, créant une tension douce et enivrante.

Ils se balançaient lentement au rythme de la musique, leurs mouvements en parfaite harmonie, comme si la mélodie dictait le tempo de leurs émotions. Chaque note semblait tisser un fil invisible qui les unissait un peu plus, leurs regards plongeant l'un dans l'autre, oubliant le reste du monde. Gabriel sentit la chaleur des doigts de Jordan dans son dos, qui dessinaient de petits cercles apaisants, comme pour le rassurer, pour l'ancrer à cet instant.