XII - Fragilités Partagées

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Les portes automatiques de l'hôpital se refermèrent doucement derrière eux, coupant Gabriel du lieu où sa grand-mère venait de s'éteindre. Le froid mordant de la nuit les accueillit, accentuant la lourdeur déjà pesante dans l'air. Gabriel ferma brièvement les yeux, inspirant profondément comme pour se préparer à affronter ce qui l'attendait encore. La perte de sa grand-mère n'était que le début d'un long processus.

Tobias marchait à ses côtés, son épaule frôlant la sienne dans un geste silencieux de soutien. Jordan suivait légèrement en retrait, respectant l'espace émotionnel entre les deux meilleurs amis, mais restant tout aussi présent.

« On peut aller chez toi si tu veux. Il est tard... on s'occupera de tout demain, » proposa doucement Tobias.

Gabriel hocha la tête mécaniquement, encore sous le choc. Ses pensées étaient embrouillées, piégées entre la tristesse profonde et l'épuisement total. Le simple fait de penser à ce qu'il devait organiser dans les jours à venir lui donnait le vertige : les funérailles, les papiers administratifs... Une vague d'angoisse l'envahit de nouveau.

Avant de partir, le médecin les avait brièvement informés des démarches à suivre. Gabriel se souvenait à peine de ce qu'il avait dit, ses mots noyés dans la douleur, mais Jordan avait écouté attentivement. « Vous devrez venir récupérer certains documents pour les obsèques demain, » avait précisé le Docteur Gauthier. « Nous vous fournirons également le certificat de décès. »

Les funérailles... Gabriel n'était même pas certain d'avoir la force de les organiser. Il se sentait dépassé par tout ce qui l'attendait. Soudain, il eut l'impression de porter un fardeau trop lourd à supporter.

Arrivé devant la voiture, Tobias ouvrit la portière pour lui. Gabriel hésita un instant avant de s'installer. Ses mains tremblaient légèrement sur ses genoux, le souvenir de sa grand-mère le hantant encore. Les images de cette soirée se rejouaient dans sa tête sans cesse.

Jordan, se tenant à côté de la voiture, posa une main réconfortante sur son bras. « Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là, d'accord ? » Sa voix était douce, sincère, pleine de cette compréhension silencieuse qui avait permis à Gabriel de tenir jusque-là.

Gabriel acquiesça doucement, un sourire à peine perceptible se dessinant sur ses lèvres avant de détourner le regard. « Merci... » murmura-t-il.

Le véhicule démarra lentement, s'éloignant dans la nuit calme. Jordan resta immobile, observant les feux arrière s'estomper jusqu'à ce qu'ils disparaissent de sa vue, ses pensées toujours focalisées sur Gabriel. Il sentait un poids étrange dans sa poitrine, une inquiétude sourde qu'il ne pouvait ignorer. Les évènements de la soirée tournaient en boucle dans son esprit, et chaque souvenir accentuait ce sentiment de douleur partagée.

Après quelques minutes, Tobias jeta un coup d'œil vers Gabriel, ses traits toujours tirés par la tristesse. « Écoute, je peux m'occuper de certaines choses si tu veux. On verra ça demain, mais pour l'instant, il faut que tu te reposes. »

« Non... » Gabriel secoua légèrement la tête, une détermination faible mais présente dans sa voix. « C'est ma grand-mère... je dois... m'en occuper. »

Tobias ne répondit pas tout de suite, conscient que son ami avait besoin d'espace pour gérer tout cela à sa manière. Pourtant, il restait prêt, aux aguets, prêt à l'épauler à la moindre fatigue, à la moindre fissure dans l'armure que Gabriel tentait encore de maintenir en place.

Au fond, Gabriel savait qu'il n'était pas encore prêt à affronter tout ça, mais il avait toujours été de ceux qui prenaient la responsabilité de tout sur leurs épaules. Cependant, cette fois, il sentait bien que sans l'aide de Tobias et de Jordan, il n'y arriverait pas.

Echos des Brumes [ BARDATTAL ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant