Echos des Brumes [ BARDATTAL ]

X - L'invitation

Le trajet s'était déroulé dans une sorte de tranquillité complice, marquée seulement par les lumières des réverbères qui éclairaient par intermittence l'intérieur du véhicule, créant également un jeu d'ombres sur le visage de Gabriel. Jordan faisait office de GPS, guidant Gabriel à travers les rues familières, tout en ne pouvant s'empêcher de lui jeter des regards furtifs. Le procureur semblait fatigué, son visage marqué par la complexité de l'enquête. Ses cheveux n'étaient plus si bien coiffés, une mèche de cheveux tombait négligemment sur son front. Jordan ne pouvait s'empêcher de remarquer que même dans cet état, il restait captivant. D'ailleurs, il ne savait pas pourquoi il l'avait invité à manger chez lui. Mais, sa présence lui faisait un bien qu'il n'arrivait pas à expliquer. Puis, contre toute attente, Gabriel avait accepté, et c'était comme si une vague de soulagement l'avait envahi. C'est comme s'il lui avait offert une porte d'entrée vers quelque chose de meilleur. Il était incapable de réprimer le sourire qui se dessinait lentement sur ses lèvres à cet instant.

Il ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait ressenti une telle proximité avec quelqu'un, et certainement pas avec autant de rapidité. Pourtant, le psychologue, a fréquenté de nombreuses personnes, rares étaient celles qui avaient réussi à éveiller en lui une telle intensité. Avec Gabriel, c'était différent. Son corps semblait agir de lui-même, répondant à un instinct profond qui le poussait à se rapprocher du brun. Il ne s'agissait pas seulement d'une attirance physique, il désirait véritablement connaître son âme. Lorsqu'il l'avait vu au casino la première fois, Gabriel était debout à l'entrée, scrutant la salle, comme s'il cherchait quelque chose. Alors que le procureur observait chaque visage autour de lui, Jordan n'avait pu détacher ses yeux de cet homme qui brillait plus fort que les autres dans son élégant costume noir. Ce soir-là quelque chose en lui avait vibré, une connexion inexplicable l'avait poussé à agir, à s'approcher de lui. C'est ainsi, qu'il s'est retrouvé face à lui au jeu de la roulette, le provoquant légèrement. Cet échange, qui était presque silencieux, avait été électrique. Leurs regards s'étaient croisés, et Jordan avait ressenti une décharge d'adrénaline, une étincelle qui avait illuminé tout son être.

Ce mélange de déstabilisation et d'attirance l'avait à la fois fasciné et terrifié. Il n'avait jamais été aussi vulnérable, aussi désarmé face à quelqu'un. Chaque sourire échangé, chaque geste involontaire avait contribué à tisser un fil invisible entre eux. À mesure qu'il s'approchait de Gabriel, il réalisait qu'il ne cherchait pas seulement à comprendre cet homme ; il voulait explorer les recoins de son propre cœur. La simple présence de Gabriel éveillait en lui une douceur oubliée, un désir de partage qui transcendait les mots.

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant l'immeuble du châtain. Celui-ci ouvrit la porte de son appartement, l'invitant à entrer avec un sourire chaleureux.

« Bienvenue chez moi, » dit-il en allumant la lumière. L'espace se révéla alors dans une ambiance sobre et épurée. Les murs, peints dans des teintes de beige et de blanc, diffusaient une luminosité douce, tandis qu'un parquet en bois clair apportait une touche chaleureuse. Le salon était dominé par un canapé en lin gris, parfaitement aligné avec quelques coussins aux couleurs neutres. Une table basse en verre, délicatement agencée, était ornée de quelques livres et d'une tasse en céramique, témoignant d'un goût pour la simplicité. Des étagères minimalistes, presque dépouillées, supportaient une collection de livres de psychologie et quelques objets décoratifs discrets, mais soigneusement choisis. La cuisine, ouverte sur le salon, était impeccablement rangée, avec un plan de travail en bois clair qui invitait à la convivialité.

En entrant, Gabriel ressentit immédiatement une atmosphère apaisante, comme si chaque élément était à sa place, créant un cocon de sérénité. L'endroit reflétait la personnalité de Jordan : un mélange de simplicité et d'élégance. Jordan referma la porte derrière lui, et se défit de son manteau et de ses chaussures avant de les ranger avec soin. Il prit également le manteau de Gabriel, et le suspendit à un porte-manteau à l'entrée.