Gabriel gara sa voiture devant l'entrée illuminée du casino, ses phares projetant des ombres dansantes sur les marches de marbre. Après avoir rendu visite à sa grand-mère, il avait décidé de se déplacer au casino préféré de Pelezzi, pour le rencontrer.
Il coupa le moteur et descendit, la portière de la voiture se refermant doucement derrière lui, son claquement résonnant faiblement dans la nuit tranquille. Il ajusta soigneusement son noeud de papillon noir, glissa ses doigts sur le col de sa veste de costume noire impeccablement taillée, puis s'avança vers le voiturier, qui attendait à quelques pas.
Un sourire confiant flottait sur les lèvre du procureur alors qu'il lançait les clés au jeune homme. Sans un mot, il pénétra dans le casino, le lieu où la fortune changeait de mains en une simple rotation du cylindre. L'intérieur s'ouvrait devant lui comme un univers parallèle, une grande salle remplie de murmures et de cliquetis de jetons, imprégnée de l'odeur de tabac et de luxe. Ses yeux parcoururent la pièce, cherchant à repérer Fabio Pelezzi.
Un hôte d'accueil se glissa vers lui, poli et discret. « Bonsoir monsieur, avez-vous des choses à déposer dans le casier ? » Gabriel secoua légèrement la tête en signe de refus. L'hôte acquiesça et s'éloigna silencieusement.
Le procureur se dirigea lentement vers les tables de jeu, ses yeux examinant chaque visage. Il savait que l'homme qu'il cherchait était là ce soir, il avait eu l'information de Tobias après l'avoir prévenu. Mais, il voulait en être certain. Soudain, il aperçut une silhouette familière, près de la roulette, apportant son verre entre ses lèvres gercées.
Gabriel s'approcha de la caisse et échangea une somme d'argent contre des plaques. Lorsque Gabriel se tourna vers la table, Pelezzi éclata de rire, victorieux après un coup de chance. Les autres joueurs, perdant à plusieurs reprises, partirent avec un mécontentement qui se lisait sur leur visage. Gabriel s'avança, prenant leur place sans hésitation. L'homme le dévisagea, un sourire narquois au coin des lèvres.
« Ces messieurs avaient déjà accepté leur défaite avant même de commencer, » dit l'homme d'une voix rauque mais assurée. « Ils sont venus avec l'idée d'être vaincus, pas avec l'idée de se battre. Et vous, monsieur, êtes-vous ici pour me défier sérieusement ? J'ai besoin d'un adversaire de taille. »
Gabriel soutint son regard, ses yeux ancrés dans ceux de Fabio Pelezzi. Il savait qu'il se tenait face à un maître de la roulette, un adversaire redoutable. L'homme esquissa un sourire moqueur avant de faire demi-tour pour partir, comme s'il avait déjà évalué Gabriel et le trouvait insuffisant. Le procureur ouvrit la bouche pour le retenir, mais ses mots moururent sur ses lèvres.
A cet instant précis, un homme apparut à ses côtés, captant son attention comme une brise froide en pleine nuit d'été. Ses yeux bruns, d'une intensité hypnotique, se plantèrent dans les siens, l'empêchant de penser à autre chose. Il oublia un instant qu'il était là pour une autre cause. Cet homme était grand, avec une carrure imposante et des épaules larges qui semblaient capables de porter le poids du monde.
« Apportez-nous deux verres de whisky » s'adressa-t-il au serveur avec une autorité nonchalante. Il s'installa en face de Gabriel avec une aisance déconcertante, comme si la place lui avait toujours appartenu. « Lancez le jeu » ordonna-t-il au croupier, qui s'exécuta immédiatement. Gabriel un peu déstabilisé par cette intervention inattendue, fit tourner ses jetons entre ses doigts, cherchant à trouver un semblant de contrôle sur la situation. Il regarda l'homme qui se tenait en face de lui puis regarda la table de jeu : il s'agissait d'un jeu de chance, et lui, savait très bien qu'il n'avait pas de chance. Il allait donc perdre contre cet homme.
Pourquoi se laissait-il entraîner dans le jeu de cet homme ? Il aurait dû poursuivre Pelezzi.
Gabriel plaça sa mise de 20 euros à l'extrémité de la ligne où se trouvait les nombres 19, 20, et 21, suivant son instinct. Il a donc 3 chances sur 37 de gagner, soit 8, 11 % de chance. Mais lorsqu'il leva les yeux vers l'homme, il le vit miser un peu plus que lui. Il déposa 50 euros sur un nombre pair, avec une confiance sereine qui le déstabilisa. Leurs regards se croisèrent, et il esquissa un sourire, comme s'il savait quelque chose que Gabriel ignorait. Il a une probabilité de gagner de 18 sur 37, l'équivalent de 50 % de chance. Sourit-il parce qu'il avait plus de chance que Gabriel ? Le procureur le fixa avec un visage impassible puis se tourna vers le croupier pour se recentrer sur le jeu.
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Echos des Brumes [ BARDATTAL ]
Mystery / ThrillerDans un monde où la lumière vacille et les ombres s'étendent, Gabriel Attal, un procureur aguerri, est confronté à l'une des enquêtes les plus déroutantes de sa carrière. Lorsqu'un corps est retrouvé enfoui dans une forêt obscure, les indices mènent...