Echos des Brumes [ BARDATTAL ]

XVII - Sweet

Le premier rayon de lumière filtra à travers les rideaux, éclairant doucement la pièce encore silencieuse. Jordan se réveilla lentement, ses yeux clignant face à la lumière tamisée du matin. Sans bouger, il prit une longue inspiration, son corps encore bercé par la chaleur de la nuit passée, puis tourna doucement la tête vers Gabriel, toujours endormi près de lui.

Gabriel reposait là, son corps lové contre celui de Jordan, la tête nichée juste sous son menton et leurs jambes étaient légèrement entremêlées sous la couverture. Son visage était tourné vers Jordan, exposant la courbe douce de ses traits dans la lumière du matin. Ses lèvres étaient légèrement entrouvertes, relâchées dans le sommeil, et ses cheveux bruns en bataille tombaient de manière désordonnée sur son front, créant un contraste attendrissant avec son expression paisible.

Jordan, toujours immobile, prit un instant pour apprécier cette proximité. Le bras de Gabriel était passé autour de sa taille, tandis que l'une de ses mains reposait mollement sur son torse, comme si, même dans le sommeil, il cherchait à maintenir ce contact. La chaleur de son souffle venait effleurer doucement la peau de Jordan, créant une sensation qui était réconfortante.

Il se redressa délicatement, prenant appui sur son coude sans rompre cette étreinte si précieuse. Un sourire tendre se dessina sur ses lèvres lorsque son regard glissa doucement sur Gabriel. Le voir ainsi, en paix, semblait presque irréel, comme une vision trop fragile pour appartenir au monde réel. Avec une infinie douceur, il laissa ses doigts glisser dans les mèches éparses de Gabriel, jouant un instant avec une boucle rebelle. Il aimait cette intimité, ce moment où tout semblait suspendu. Le silence de la pièce était si profond qu'il semblait accentuer chaque détail : le léger mouvement de la poitrine de Gabriel qui se soulevait à un rythme régulier, la chaleur de sa peau contre la sienne, et l'odeur familière qui flottait autour de lui, douce et réconfortante.

Jordan laissa son regard parcourir les contours délicats du visage de Gabriel : la courbe fine de ses cils reposant contre ses joues, le léger rosissement de sa peau, et cette sérénité presque sacrée qui l'habitait tout entier. Il ressemblait à une figure d'un rêve lointain, comme si le poids du monde ne l'avait jamais touché, et Jordan ne pouvait s'empêcher de ressentir une immense gratitude d'être celui à ses côtés en cet instant. Chaque détail, chaque respiration, chaque petite imperfection le frappait d'une intensité nouvelle. Dans cette posture vulnérable, Gabriel s'était entièrement abandonné à lui, et Jordan sentait cette confiance silencieuse comme un trésor, précieux et rare.

L'homme qu'il tenait là, entre ses bras, était à la fois puissant et délicat, une combinaison de forces et de fragilités qui faisaient de lui cet être unique. Jordan laissa ses yeux suivre les contours du visage de Gabriel, sans jamais oser le toucher, comme s'il s'agissait d'une œuvre précieuse. Il traça, du regard, la courbe douce de son front, descendant le long de ses tempes jusqu'à l'arc subtil de ses lèvres, où reposait une paix fragile. Ses doigts, quant à eux, effleuraient à peine son épaule, dessinant des lignes invisibles, un contact si léger qu'il semblait fondre dans le silence.

Gabriel, niché contre lui, paraissait presque irréel dans cet instant suspendu, comme une incarnation de calme après la tempête. Jordan ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ressemblait à un ange tombé du ciel, un être complexe et lumineux, porteur de tant de blessures mais capable d'une telle sérénité. Il avait devant lui non seulement un corps qui se reposait, mais une âme qui, pour une fois, avait trouvé un refuge dans le chaos.

Gabriel bougea doucement, ses paupières tremblant légèrement avant de s'ouvrir. Ses yeux, encore un peu perdus dans le brouillard du sommeil, rencontrèrent immédiatement ceux de Jordan. Il mit quelques secondes à réaliser où il était, puis un sourire léger apparut au coin de ses lèvres. Ce sourire, bien que discret, envoya une chaleur douce à travers le corps de Jordan.