XV - Entre Peur et Retrouvailles

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Jordan resta un moment figé, le téléphone encore collé à son oreille, écoutant le silence pesant qui résonnait après l'appel brutalement coupé. Une vague de froid l'envahit, comme si la réalité de la situation venait de le frapper de plein fouet. Gabriel était en danger, et il n'avait pas compris toute l'ampleur de ce qui se jouait jusqu'à cet instant précis.

Son cœur battait à tout rompre. Il essaya de reprendre ses esprits, mais l'urgence dans la voix de Gabriel, ses mots précipités, lui tournaient encore dans la tête. « Appelle la police ! » Jordan serra la mâchoire, luttant pour ne pas céder à la panique. Il tenta une nouvelle fois de rappeler le procureur, par réflexe, bien qu'il sache déjà que la ligne serait coupée. Son téléphone ne fit que sonner dans le vide avant de basculer sur la messagerie. Inutile...pensa-t-il avec frustration. Le procureur avait tenté de lui donner sa position, il était vers un village... mais il n'avait pas eu le temps de lui dire. Que faisait-il vers un village ?

Les pensées se bousculaient dans son esprit. Tobias aurait pu être son premier réflexe, mais sans son numéro, il n'avait pas d'autre choix que d'agir seul, du moins pour l'instant. Calme-toi... calme-toi, se dit-il intérieurement.

Respire.

Jordan se força à respirer profondément. Il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps ou de paniquer. Chaque seconde comptait. Si Gabriel avait mentionné la police, c'est qu'il n'avait probablement pas eu le temps de les alerter lui-même. Il fallait qu'il s'en charge. Il se força à composer le numéro des services d'urgence, son doigt tremblant légèrement sur l'écran. La sonnerie résonna brièvement, et une voix claire répondit presque aussitôt.

« Services d'urgence, que puis-je pour vous ? »

« Oui, bonjour. C'est... Le procureur Gabriel Attal. Il est en danger, il m'a appelé à l'aide. Il m'a dit qu'il était vers un village mais... je.. » Les mots lui manquaient, son ton se faisait pressé et confus, mais il reprit son souffle. « Je n'ai pas plus de détails, il était en danger ! Il faut faire quelque chose ! C'est urgent, s'il-vous-plaît ! »

La voix à l'autre bout se fit plus attentive. « D'accord, nous allons envoyer une unité sur place. Vous avez un lieu précis ? Une sortie, quelque chose d'autre ? »

Jordan resta silencieux un instant, la frustration montant en lui. « Non, il n'a pas eu le temps de tout dire. C'est un village...j'ai uniquement entendu le début...c'était quelque chose comme « La Ce... »

L'opératrice lui promit qu'ils allaient faire de leur mieux pour trouver sa position et qu'elle le contacterait rapidement. Mais cela ne suffisait pas. Jordan savait qu'il ne pouvait pas rester là, à attendre que la situation s'améliore d'elle-même.

Il raccrocha et s'empressa de fermer son ordinateur, attrapant sa veste au passage. Il quitta son bureau d'un pas rapide, annulant tous les rendez-vous de sa journée en quelques coups de fil hâtifs, sans donner trop de détails. Les explications pourraient attendre. Il sentait l'adrénaline commencer à envahir ses veines. Chaque minute perdue pouvait compter, et il refusait de rester impuissant.

Sans plus attendre, il monta dans sa voiture, démarrant avec une précipitation inhabituelle pour se rendre directement au commissariat le plus proche du tribunal. Ses pensées étaient tournées vers une seule chose : retrouver Gabriel. Les rues parisiennes défilaient rapidement devant lui, mais son esprit était ailleurs, entièrement accaparé par ce qui venait de se passer. Pourquoi Gabriel était-il en danger ? Qui lui voulait du mal ?

Son imagination, exacerbée par l'adrénaline, commença à dériver vers les scénarios les plus sombres. Peut-être que Gabriel était déjà... Jordan déglutit, sentant sa gorge se nouer. Mort ? Non, impossible. Mais l'image se dessinait dans son esprit malgré lui : Gabriel, allongé quelque part, sans vie, abandonné dans une ruelle sombre ou enterré dans un lieu qu'on ne retrouverait jamais. La pensée le secoua brutalement, lui donnant presque la nausée. Il revoyait le visage de Gabriel, souriant quelques jours plus tôt, et il ne pouvait pas accepter l'idée que tout cela pourrait disparaître si vite.

Echos des Brumes [ BARDATTAL ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant