Le silence continuait de s'étendre, lourd, pesant, comme si la forêt elle-même retenait son souffle. Jordan ne bougeait pas, concentré sur les bruits extérieurs. Gabriel, lui, se mordait l'intérieur des joues pour ne pas céder à la panique. Ses mains étaient moites, et il serra un peu plus fort celle de Jordan, cherchant une stabilité qu'il peinait à maintenir. Cette petite cachette, qui le plongeait dans l'obscurité, n'aidait en rien. L'espace confiné, la sensation d'être enfermé, ravivaient ses peurs les plus profondes. Il s'efforçait d'étouffer les bruits qui remontaient dans sa gorge avec sa main libre, tentant de garder son souffle sous contrôle.
Jordan sentait la prise ferme de Gabriel dans la sienne, ses doigts devenaient douloureux sous la pression. Pourtant, l'urgence de la situation l'empêchait de s'en formaliser. Trop concentré sur les bruits extérieurs, il ne réalisait pas à quel point le procureur s'enfonçait peu à peu dans un état second. La respiration du brun devenait plus rapide, ses muscles se contractaient, sa poitrine se soulevait de façon irrégulière, signe que l'angoisse le submergeait.
Soudain, des voix se firent entendre à l'extérieur. Leurs poursuivants se rapprochaient, leurs pas martelant les feuilles mortes. Un craquement de branche résonna, suivi d'un rire guttural qui fit tressaillir Gabriel.
« Tu crois qu'ils sont partis par là ? » demanda une voix rauque, teintée de sarcasme.
« Peu importe, » répondit une autre voix, plus froide, presque mécanique dans son autorité. « Ils ne peuvent pas être loin. Fouille cette cabane. On finira bien par les débusquer. »
Les yeux de Jordan s'écarquillèrent. Fouiller la cabane ? Leur cachette, aussi discrète qu'elle soit, ne tiendrait pas face à une fouille minutieuse. Il tourna lentement la tête vers Gabriel, qui semblait à deux doigts de craquer. Il devait trouver une solution, et vite.
Un coup retentit. La porte de la cabane venait d'être forcée.
Jordan sentit la panique monter en lui. Pas maintenant. Pas ici.
Gabriel, lui, était en pleine lutte interne. Le noir qui l'entourait, oppressant, rappelait ce qu'il avait vécu enfant, lorsqu'il avait été enfermé dans l'obscurité par son père. C'était cette même sensation d'étouffement, ce même vide qui se refermait sur lui. Il suffoquait. Ses mains tremblaient, et ses yeux s'écarquillaient, cherchant désespérément la lumière, une échappatoire à cette terreur qui le submergeait. Son cœur battait si fort qu'il était certain que les hommes l'entendraient.
Jordan, sentant le corps de Gabriel trembler, lui serra la main plus fort, espérant que ce geste suffirait à le ramener. Mais il savait, au fond de lui, que Gabriel était au bord de l'effondrement.
Les pas résonnaient maintenant à l'intérieur de la cabane. Les hommes fouillaient méthodiquement les lieux, retournant les meubles délabrés et renversant tout sur leur passage. Jordan ferma les yeux un instant, concentré sur une seule chose : ne pas bouger, ne pas faire de bruit.
Mais Gabriel perdait pied. Ses souvenirs et la réalité se confondaient, l'encerclant comme un piège dont il ne pouvait s'échapper. L'obscurité, les voix, tout lui rappelait ces moments terrifiants passés enfermé, privé de tout contrôle. Il ne parvenait plus à respirer.
« Gabriel... » murmura Jordan, à peine audible, ses lèvres tout près de son oreille. « Respire avec moi. Juste... respire. »
Il synchronisa son souffle avec le sien, espérant que Gabriel le suivrait, qu'il se calmerait. Mais l'esprit de Gabriel était ailleurs, absorbé par ses souvenirs douloureux.
Un autre bruit se fit entendre. Les hommes se rapprochaient, leurs pas se dirigeant vers la trappe sous laquelle ils étaient cachés. Leurs chances de rester dissimulés s'amenuisaient. Il fallait agir.
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Echos des Brumes [ BARDATTAL ]
Gizem / GerilimDans un monde où la lumière vacille et les ombres s'étendent, Gabriel Attal, un procureur aguerri, est confronté à l'une des enquêtes les plus déroutantes de sa carrière. Lorsqu'un corps est retrouvé enfoui dans une forêt obscure, les indices mènent...