Le Moncelino

Chapitre XIX

Kim ouvrit les yeux, la tête encore lourde et l'esprit confus. L'environnement qui l'entourait lui était totalement inconnu. Elle cligna des yeux, désorientée, essayant de se rappeler où elle se trouvait. Les souvenirs de la nuit précédente lui revenaient par bribes floues : des rires, des lumières étincelantes, et surtout beaucoup d'alcool. Elle se redressa doucement, frottant ses yeux fatigués alors qu'une douleur sourde commençait à se manifester derrière ses tempes.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle et constata que ses vêtements étaient éparpillés de manière négligente sur le sol de la chambre, reflet de l'euphorie qui avait marqué la veille. Lentement, elle se redressa et ramassa ses affaires, les enfilant machinalement en essayant de ne pas trop penser à ce qui avait pu se passer.

Une fois habillée, elle quitta la chambre, se dirigeant d'un pas incertain vers la salle à manger, où une boîte d'aspirine et un trousseau de clés l'attendaient sur la table. Abigail les lui avait laissés avant de partir, sans doute par précaution. Elle avala l'aspirine avec un verre d'eau qu'elle avait trouvé dans la cuisine, puis, réalisant qu'elle était seule dans l'appartement, elle prit les clés et se dirigea vers la sortie, refermant la porte derrière elle d'un geste rapide.

Kim prit l'ascenseur, le regard fixé sur le sol, son esprit encore embrouillé par les événements de la nuit. L'appareil s'arrêta brusquement trois étages au-dessus du sien, laissant entrer Veronica. Kim leva les yeux et la salua timidement. La femme de ménage lui rendit son salut, mais son regard se fixa immédiatement sur le visage de Kim. Elle remarqua le léger gonflement autour de ses yeux et les marques discrètes mais révélatrices sur son cou. Son déshabillé froissé laissait deviner qu'elle s'était habillée à la hâte. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Veronica.

« Eh bien, eh bien... On a passé une nuit agitée, on dirait ? » lança-t-elle d'un ton espiègle.

Gênée, la jeune femme porta instinctivement la main à son cou. « Euh... oui, » balbutia-t-elle.

Veronica rit doucement, complice. « T'inquiète pas, ça reste entre nous. Moi aussi j'vais voir certains clients. »

Kim hocha la tête, soulagée. « Ah euh... Merci, c'est gentil, Veronica. »

La femme de ménage lui adressa un sourire malicieux. « De rien, ça sera notre petit secret. » Puis, avec une lueur d'amusement dans les yeux, elle ajouta : « Mais dis-moi, qui était ton p'tit amant d'un soir ? J'espère que ça en valait la peine. »

Kim hésita un instant, pesant sa réponse, avant de murmurer : « Celui de la chambre 303... et oui, c'était pas mal. »

Veronica éclata de rire, visiblement satisfaite de cette réponse. « La 303, hein ? Allez, donne des détails... »

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur l'étage de Kim. Avant de sortir, elle jeta un dernier regard à Veronica. « Plus tard, je dois y aller. »

Veronica hocha la tête, toujours souriante. « D'accord, à plus tard alors. Mais n'oublie pas, je veux des détails plus tard. »

Les portes se refermèrent et Kim soupira de soulagement. Elle se dirigea rapidement vers sa chambre d'hôtel, l'esprit encore embrouillé par les événements de la nuit passée. Dès qu'elle franchit le seuil, elle se glissa directement sous la douche, espérant que l'eau chaude aiderait à dissiper ses pensées confuses. Mais même sous le jet apaisant, son esprit continuait à revenir sur les souvenirs fragmentés de la nuit précédente.

Après s'être lavée, elle enfila des vêtements propres et descendit rapidement au rez-de-chaussée. Le hall du casino était animé comme à l'accoutumée, mais Kim avait autre chose en tête. Elle se dirigea vers une porte gardée. Le vigile, la reconnaissant, hocha la tête et la laissa passer sans un mot. Kim pénétra dans le bureau sans prendre la peine de frapper.