Chapitre VII

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En sortant du bureau, Kim se retrouva face à Franck, qui l'attendait patiemment près de la porte. Dès qu'il comprit que c'était le bon moment, il commença à avancer dans le couloir, lui faisant signe de le suivre. Il la guida à travers le casino, passant devant plusieurs joueurs enivrés par le jeu, des gardes en faction, et d'autres employés affairés. Ils atteignirent une porte qui menait à l'arrière du casino, dans une ruelle sombre où se tenait Veronica, la femme de ménage.

C'était une petite femme dans la quarantaine, aux cheveux bruns ébouriffés et imprégnée de l'odeur de la cigarette. Appuyée contre un mur, elle fumait tranquillement. Franck la salua et lui dit :

— Voici votre nouvelle collègue, j'espère que vous lui expliquerez le métier.

Veronica dévisagea Kim de haut en bas, avant de lancer, entre deux bouffées de fumée :

— T'es une jolie femme.

Kim ne répondit qu'un simple « merci ». Quant à Franck, il resta en retrait, sa mission se limitant désormais à surveiller Kim. La femme de ménage jeta sa cigarette à terre, l'écrasa du pied, puis rentra dans le casino. Franck et Kim la suivirent jusqu'à un local exigu où était rangé le matériel de nettoyage. Veronica se tourna vers Kim et expliqua sèchement :

— Voilà ton matériel. C’est pas compliqué : l'balai, c’est pour balayer, et les produits, y sont ici.

Elle montra les différents produits alignés sur le chariot. Kim prit le chariot et le poussa jusqu'à l'ascenseur. Veronica et Franck la rejoignirent. Appuyant sur le bouton du premier étage, Veronica poursuivit ses explications :

— On f'ra l'premier étage ce matin, ensuite les autres, sauf l'dernier. De toute façon, personne peut y accéder.

Intriguée, Kim demanda :

— Pourquoi on ne peut pas y accéder ?

Veronica répondit sans détour :

— C'est l'appart de la patronne, et il faut sa clé pour monter à cet étage.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le premier étage. Veronica lui expliqua dans quelles chambres elle devait faire le ménage. Après les explications Kim s'attela à nettoyer sa première chambre. Elle lava les carreaux, ramassa les déchets laissés par le client, puis s'attaqua à la salle de bain et aux toilettes. Tout en frottant, elle murmura pour elle-même, dégoûtée :

— C'est répugnant.

La fin d’après-midi arriva,  Kim était épuisée mais déterminée à terminer son travail. Elle avait déjà nettoyé les étages et se dirigeait maintenant vers le bar du casino, sous le regard attentif de Franck qui continuait de la surveiller de près. La jeune femme se concentra sur sa tâche, ignorant volontairement la présence pesante de Franck

Alors qu'elle s'affairait à astiquer le comptoir, Abigail sortit de son bureau et se dirigea vers elle, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres. Elle s'appuya contre le bar, les bras croisés sur sa poitrine, observant Kim avec une pointe de mépris dans le regard.

« Je vois que vous êtes à plein régime » lança-t-elle d'un ton moqueur.

Kim leva les yeux, toisant Abigail avec défi. Le regard fixe de cette dernière l’irritait au plus haut point. Dans un élan d'insolence, elle remarqua un verre de Coca-Cola posé sur le comptoir. Sans réfléchir, elle le saisit et le renversa sur le sol, provoquant un désordre qui, étrangement, lui arracha un sourire satisfait.

Le verre éclata en touchant le sol, projetant des éclats de verre un peu partout. Kim serra son chiffon, tentant de maîtriser la colère qui montait en elle. De son côté, Abigail observa la scène avec un rictus moqueur qui ne fit qu'attiser la fureur de Kim. Celle-ci, à bout de nerfs, finit par exploser.

« Je vais… » commença-t-elle, prête à répliquer, mais elle fut brusquement interrompue.

D'un geste rapide, Abigail l'attrapa et la plaqua violemment contre le comptoir, la coinçant fermement. Son visage devint soudain glacial tandis qu’elle approchait son visage de celui de Kim.

« Vous n'allez rien faire, » murmura Abigail d’un ton menaçant. « Ce verre, c'était pour votre insolence. »

Elle maintint son emprise, pressant son corps contre celui de Kim, qui, paralysée par la peur, n'osait plus bouger. Le silence s'installa, seulement troublé par le bruit de leur respiration. Sentant la résistance de Kim faiblir, Abigail murmura à son oreille :

« Vous avez choisi de jouer les rebelles, et maintenant vous êtes piégée. »

Satisfaite de son effet, elle finit par relâcher son emprise et se tourna vers Franck, qui observait la scène à distance, impassible.

« Quand elle aura fini de nettoyer, raccompagnez-la à sa chambre, » ordonna-t-elle avant de s'éloigner en direction de l’ascenseur, sans un regard en arrière.

Kim resta là, le cœur battant la chamade, encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle se força à reprendre le contrôle, sachant qu’elle n’avait pas d’autre choix que de terminer son travail sous l’œil vigilant de Franck.

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