chapitre XXIV

132 6 0
                                    

Le garde conduisit Leonardo à l'arrière du casino, dans une ruelle sombre, tandis qu'Abigail marchait à quelques pas derrière eux. Lorsqu'ils furent enfin hors de vue des invités, elle s'approcha de l'homme avec une froide détermination.

« Ça suffit, Mandez ! Vous avez dépassé les limites. »

Elle se planta devant lui, bras croisés, son regard noir figé dans celui de Leonardo, que le garde maintenait fermement. Le sourire en coin de ce dernier trahissait une certaine défiance.

« Ohoh, mais de quoi parlez-vous, Abigail ? J'ai simplement discuté avec une barman, rien de plus. »

Les muscles du visage d'Abigail se contractèrent sous l'effet de la frustration. Elle inspira profondément avant de répondre, maîtrisant sa colère.

« Cette 'barman' est une employée ici. Je ne tolérerai plus que vous fassiez votre petit numéro avec elle ou quiconque. C'est clair ? Ce comportement doit cesser immédiatement. »

Leonardo lâcha un ricanement méprisant, indifférent à l'avertissement.

« Ah ouais ? Et sinon quoi ? Vous allez me virer pour avoir discuté avec votre barman préférée ? Ne soyez pas ridicule, Abigail. J'ai toujours agi ainsi ici et ça ne vous a jamais dérangé. Et puis, je suis un homme important, vous le savez très bien. »

Abigail serra les poings, la patience lui échappant peu à peu face à l'insolence de Leonardo.

« Ce n'est pas juste une discussion, comme vous le prétendez. Vos remarques déplacées et votre attitude irrespectueuse envers mes employées sont inacceptables. Pas seulement avec elle, mais avec toutes les autres. C'est votre dernier avertissement, Mandez. »

Elle s'avança d'un pas, imposante, tandis que le garde tenait fermement Leonardo, l'empêchant de bouger. Leonardo ne baissa pas les yeux, défiant toujours son regard.

« Ou sinon quoi ? Vous allez me descendre dans cette ruelle ? Vous devriez plutôt être reconnaissante que je sois votre client. Je pourrais aller ailleurs, et cela mettrait un beau coup à vos précieux trafics, non ? »

Il sourit, avant d'ajouter, d'une voix mielleuse :

« Ou peut-être êtes-vous simplement jalouse ? »

Abigail plissa les yeux, sentant la colère monter en elle. Elle refusa de céder à la provocation, bien que chaque mot de Leonardo la heurtât profondément.

« Essayez seulement, et je pourrais en effet vous descendre ici-même. Mais ne vous méprenez pas, Mandez. Ni votre argent, ni vos menaces n'ont la moindre valeur à mes yeux. »

Leonardo éclata de rire, refusant toujours de se soumettre malgré l'avertissement.

« Ne faites pas l'hypocrite, Abigail. Tout le monde sait ce que vous êtes vraiment. Une femme faible, qui n'a rien accompli par elle-même. »

Ses paroles étaient comme des lames acérées, destinées à la blesser. Le venin dans sa voix réveilla la rage d'Abigail. Sans réfléchir, elle attrapa Leonardo par le cou, le serrant fortement.

« Taisez-vous, Mandez. Vous pouvez me traiter de tout ce que vous voulez, mais jamais de faible. Vous avez oublié que c'est mon père qui a sauvé votre trou du cul prétentieux quand vous pensiez pouvoir tout contrôler. »

Elle le regardait avec une froideur glaciale, ses doigts se crispant autour de sa gorge. Le garde, observant la scène sans intervenir, gardait un visage impassible. Leonardo, malgré la douleur, trouva encore la force de répliquer, un sourire cruel aux lèvres.

« Monsieur Moncelino est mort, Abigail. Vous êtes seule. Vous avez personne sur qui compter. »

Abigail serra davantage, luttant contre l'envie d'étouffer cette voix sarcastique et moqueuse

« Ne prononcez plus jamais son nom ! » cracha-t-elle, les yeux remplis d'une rage noire. « Contrairement à vous, je ne suis pas seule. J'ai des alliés fidèles. Des gens qui ne me trahiront jamais. »

Leonardo, à bout de souffle, tenta une dernière provocation.

« Oh, vraiment ? Comme Marck ? Franck ? Ce ne sont que des pions. Ils finiront par vous tourner le dos, tout comme cette barman. »

À ces mots, Abigail relâcha brutalement son emprise. Elle le regarda avec mépris.

« Si jamais vous touchez à Kim, ou à une autre employée, je vous garantis que ce sera la dernière chose que vous ferez. »

Elle ajouta, sa voix étant froide et tranchante comme une lame.

« Et ne parlez plus jamais de Marck ou Franck comme s'ils étaient sans importance. C'est une insulte envers eux, et envers moi. »

Elle tourna les talons, s'approchant de la porte. Avant de rentrer dans le casino, elle lança une dernière menace.

« Si je vous revois ici ou sur mon territoire, vous êtes un homme mort. »

Puis, d'un signe de tête vers le garde, elle ajouta :

« Tu sais quoi faire. »

La porte s'ouvrit puis se referma dans un claquement sec. Le garde, une fois seul avec l'homme, esquissa un sourire cruel. Sans un mot, il tabassa Leonardo, le laissant au sol, couvert de sang. Avant de rentrer à l'intérieur, il jeta un dernier regard à Leonardo, qui crachant du sang, parvient à murmurer avec rancœur.
« Vous venez de faire une grave erreur... Vous allez le payer. »

Le MoncelinoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant