Chapitre XX

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Abigail et Franck levèrent les yeux de leur paperasse au même moment que la porte s'ouvrit. Franck, amusé, lança avec un sourire :

« Eh bien, il n’y a pas que moi qui toque ! »

Abigail leva les yeux au ciel tandis que Kim entrait dans le bureau en les saluant d'un signe de tête. Elle s'approcha du bureau d'Abigail, sortit un trousseau de clés de sa poche, et le déposa devant elle.

« Tes clés », dit-elle simplement.

Abigail observa les clés un instant, hésitante, comme si elle s'apprêtait à dire quelque chose, mais elle se ravisa rapidement et se contenta de les saisir d’un geste brusque.

« Merci », répondit-elle d'un ton sec.

« De rien », rétorqua Kim sur le même ton avant de quitter la pièce.

Abigail suivit Kim du regard alors qu'elle sortait, le silence pesant sur ses épaules, un trouble évident dans ses yeux. Franck, qui avait observé l’échange avec attention, ne manqua pas de remarquer la tension palpable entre les deux femmes, ainsi que les marques discrètes mais visibles dans le cou de Kim. Une fois que Kim fut hors de vue, il se tourna vers Abigail, l’air intrigué.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu ne donnes pas les clés de ton penthouse comme ça… »

« Rien, c'est rien... », répondit Abigail sèchement en se replongeant dans ses papiers, feignant une indifférence qu'elle était loin de ressentir.

Franck ne la lâchait pas des yeux, cherchant à déceler quelque chose dans son expression.

« Je te connais, et je sais que tu as tendance à cacher tes émotions, mais ne me mens pas. »

Abigail posa brusquement la paperasse sur le bureau et leva les yeux vers Franck, visiblement déstabilisée. Elle prit une profonde inspiration avant de se lancer :

« Je… euh… Après le mariage, j'ai proposé à Kim de venir boire un dernier verre chez moi... Et après plusieurs verres… c'est le black-out total. Et, Je me suis réveillée avec Kim dans mon lit ce matin... »

Franck écouta le récit d’Abigail en silence. Quand elle eut fini, il laissa planer un moment de silence avant de répondre :

« Et tu n’as aucun souvenir de ce qui s’est passé pendant la nuit ? Rien du tout ? »

Abigail soupira, agacée par la question.

« C’est ça… Rien. Je ne me souviens de rien. Je ne sais même pas ce qu’on a fait ou comment ça s’est passé. C’est juste un trou noir dans ma mémoire… »

Franck  hocha la tête lentement, songeur et répondit :

« Je pense que vous avez couché ensemble… Vu les marques dans son cou… »

Abigail tressaillit à cette remarque. Elle avait remarqué ces marques ce matin-là, mais n'avait pas pensé à leur signification. Maintenant, tout prenait une toute nouvelle dimension.

« Eh bien… je m’en doutais un peu… » murmura-t-elle en passant une main dans ses cheveux, l’air légèrement confus. Elle ajouta rapidement, comme pour se protéger : « C'était une simple erreur. »

Franck poussa un petit soupir en observant la confusion sur le visage d’Abigail.

« Et tu le penses vraiment ? » demanda-t-il, légèrement taquin. « Je veux dire, tu as déjà ramené quelqu’un chez toi pour boire un verre après une soirée ? »

Agacée, la patronne soupira à nouveau. Elle se renversa dans son fauteuil, croisant les bras sur sa poitrine.

« Non… Pas vraiment », admit-elle, avant de le fixer droit dans les yeux. « Mais de toute façon, c’était juste un accident dû à l’alcool. Ça n’arrivera plus. »

Franck, peu convaincu, insista :

« Un simple accident ? Et tu crois vraiment ça ? » Il croisa les bras à son tour. « Ou alors tu caches ce que tu ressens pour elle en prétendant que c'était un accident dû à l’alcool. »

Abigail serra les mâchoires et répondit sèchement, tentant de rester indifférente :

« C'était juste un accident, d’accord ? Je ne ressens… rien pour Kim. »

Franck soupira, presque inaudible, avant de murmurer :

« Si tu le dis… »

Ils retournèrent ensuite tous deux à leur paperasse, le silence de la pièce à peine troublé par le bruissement des feuilles.

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