Le Moncelino

Chapitre XXII

Le jour du gala arriva, c'était ce soir. Dès la fin de l'après-midi, tout le monde s'activait pour les derniers préparatifs. Marck et Kim vérifiaient une dernière fois les stocks de boissons, échangeant des mots rapides entre deux tâches. Kim, tout en essuyant le bar d'un geste vigoureux, lança soudainement :
« À propos, c'est quoi exactement ce gala ? Personne ne m'a jamais dit de quoi il s'agissait... »

Marck, en train de ranger les verres propres sur les étagères, lui répondit avec un sourire amusé :
« Ah, ça ? C'est un événement que la patronne organise chaque année pour rassembler les riches et influents de la ville, faire la fête, et surtout, conclure des affaires juteuses. Et puis, les employés peuvent aussi inviter leur famille. »

« Donc, il y aura ta femme ? » demanda-t-elle tout en continuant de frotter le comptoir

Marck ne put s'empêcher de sourire en entendant ces mots.
« Exactement ! Elle vient chaque année. Et toi, tu as invité ton petit ami ou tes parents ? »

À cette question, Kim s'arrêta net, fixant le torchon d'un regard soudainement lointain.
« Ah... euh, je n'ai pas de petit ami... et, eh bien... je suis en froid avec mes parents, donc ça risque d'être un peu compliqué... » murmura-t-elle, visiblement gênée.

Marck, sentant le malaise, se tourna vers elle après avoir rangé le dernier verre.
« Oh... je suis désolé pour toi,» répondit-il doucement, avant de changer rapidement de sujet pour alléger l'ambiance.
« Il y aura aussi Leonardo Mandez. Fais attention à lui, chaque fois qu'il vient, il se fait virer avant même que le gala commence ! » ajouta-t-il en riant.

Intriguée, Kim demanda :
« Pourquoi ? C'est qui, ce Leonardo ? »

Marck soupira en secouant la tête, un air exaspéré sur le visage.
« Leonardo Mandez, c'est un type de l'autre côté de la ville. Il est riche, c'est tout ce que je sais. Je ne comprends même pas pourquoi on l'invite… Il passe son temps à draguer toutes les femmes, et il finit toujours par se faire mettre dehors parce qu'il va trop loin. »

Il ajouta, avec une moue de dégoût :
« Il est vraiment insistant et lourd. Et le pire, c'est que la patronne le tolère parce qu'il a de l'argent, alors qu'il a même essayé de draguer sa mère... Mais tu ne peux pas le manquer, il est... comment dire... plutôt moche et un peu obèse. »

Kim ouvrit grand les yeux de surprise.
« Il a dragué la mère d'Abigail ?? »

Marck acquiesça gravement.
« Oui, et c'était vraiment écœurant. Ce type ne comprend pas le mot 'non'. Mais la patronne l'invite toujours, juste parce qu'il a de la thune... »

Kim soupira en secouant la tête.
« Eh bien, l'argent pardonne bien des choses... »

Marck roula des yeux, un rictus d'agacement sur le visage.
« Malheureusement, c'est la vérité. L'argent a le pouvoir de faire passer beaucoup de choses sous silence, hélas. »

À cet instant, Franck fit irruption, habillé élégamment dans un costume parfaitement ajusté.
« Le gala commence dans moins d'une heure, les premiers invités vont arriver. Tout est prêt ? » demanda-t-il en interrompant leur conversation.

Les deux barmans se tournèrent vers lui. Marck hocha la tête et répondit :
« Oui, tout est prêt ! »

Kim jeta un coup d'œil à la tenue de Franck et lança avec humour :
« Eh bien, Franck... tu as sorti ton plus beau costume. C'est pour quelqu'un de spécial ? Tu as une femme cachée qu'on ne connaît pas ? »

Marck éclata de rire à cette remarque, tandis que Franck souriait, amusé.
« Non, je n'ai pas de femme. Je suis bel et bien célibataire. »

Kim, toujours taquine, répliqua :
« Oh, allez, Franck... dis-nous la vérité. Tu as la soixantaine, tu n'es pas marié, pas d'enfants... C'est louche ! »

Marck renchérit en riant :
« Je ne te crois pas, Franck. Tu ne peux pas vivre comme ça toute ta vie ! »

Franck sourit et répondit :
« J'ai cinquante-cinq ans... Et désolé de vous décevoir, mais je n'ai pas de femme..» Il marqua une pause, hésitant un instant, avant de poursuivre :
« Ni d'enfant...Bon, je dois vous laisser, je vais vérifier si la sécurité est en place. »

Il s'éloigna vers les hommes de main d'Abigail, laissant Marck et Kim échanger un regard complice.
« C'est louche, tout ça,» murmura Kim.

Marck hocha la tête avec détermination.
« Très louche... On le surveille. Je veux connaître la vérité ! »

Kim sourit, acquiesçant avec enthousiasme.
« Je suis totalement d'accord ! »