Chapitre VIII

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Les semaines passèrent, et l'attitude d'Abigail ne changea pas. Elle continuait à être dure et moqueuse envers Kim, qui encaissait les remarques sans broncher, mais non sans ressentir une frustration croissante. Ce samedi là, le casino était exceptionnellement fermé, offrant à Kim une rare occasion de nettoyer la salle sans l'afflux constant de clients. Elle se leva tôt, comme à son habitude, et se mit à la tâche, toujours sous l'œil vigilant de Franck.

Abigail fit son apparition, vêtue de manière beaucoup plus décontractée que d'habitude. Son allure détendue contrastait avec sa froideur habituelle. Elle s'approcha nonchalamment des machines à sous, traînant un doigt sur l'une d'elles. Lorsqu'elle vit le grain de poussière recueilli sur son doigt, un sourire moqueur apparut sur ses lèvres.

« Il faudrait vraiment que vous appreniez à faire un travail plus minutieux, » lança-t-elle avec une pointe de sarcasme.

Kim, déjà irritée, ne put s'empêcher de répliquer : « Si vous n'êtes pas contente, vous n'avez qu'à le faire vous-même. »

Abigail rit doucement, un rire qui résonnait d'une indifférence glaciale. « C'est vous la femme de ménage, ici. C'est votre travail, pas le mien. »

Sans attendre de réponse, elle tourna les talons et se dirigea vers la porte qui menait à son bureau, laissant Kim seule avec sa frustration. Celle-ci, la mâchoire serrée, passa un coup de chiffon rageur à l'endroit précis où Abigail avait laissé sa trace, répétant intérieurement les mots de cette dernière, le cœur lourd.

Franck, qui avait observé la scène de loin, s'approcha à cet instant. Voyant l'agitation intérieure de Kim, il prit un deuxième chiffon sur le chariot et lui adressa un sourire rassurant.

« Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, je vais vous donner un coup de main, » dit-il d'un ton bienveillant.

Sans attendre de réponse, il se mit à nettoyer les machines à sous adjacentes, tout en gardant un œil sur Kim. Chaque geste qu'il faisait semblait empreint de patience et de gentillesse, contrastant avec la dureté d'Abigail.

« Vous savez, vous faites un travail plutôt correct, » dit-il après un moment, tout en frottant soigneusement une machine. « Vous avez juste besoin d'un peu plus d'attention aux détails, c'est tout. »

De temps en temps, il l'aidait à atteindre les endroits plus difficiles, faisant preuve d'une grande délicatesse. Cette attitude inattendue surprenait Kim, qui n'était pas habituée à recevoir autant de considération dans ce lieu où la tension était constante.

Après avoir terminé son travail, Kim posa son chiffon et se tourna vers Franck, le regard interrogatif. « Pourquoi êtes-vous si gentil ? » demanda-t-elle, la voix teintée d'une sincère curiosité.

Franck s'interrompit, la regardant avec un sourire qui reflétait une certaine compréhension.

« Eh bien, je suppose que c'est parce que je vois que vous faites de votre mieux malgré les circonstances, » répondit-il calmement. « Ce n'est pas facile de faire le ménage dans un casino, surtout en présence d'Abigail. »

Kim poussa un soupir, ses pensées se bousculant. « C'est une personne peu sympathique... » murmura-t-elle, à demi-mot.

Franck émit un petit rire, approuvant d'un léger signe de tête. « C'est un euphémisme, » dit-il en riant doucement. « Elle peut se montrer vraiment difficile dans certaines occasions. »

Puis, son ton se fit plus sérieux, empreint d'une pointe de nostalgie. « Vous savez, je travaille pour elle et sa famille depuis longtemps. Je me suis occupé d'elle quand elle était jeune, je l'ai vue grandir, j'étais comme son deuxième père. Je sais comment elle est. Abigail peut être dure et exigeante, surtout depuis qu'elle a repris les affaires familiales après la mort de son père. Ce rôle a laissé des traces. »

Il marqua une pause, son regard se perdant un instant dans ses souvenirs avant de revenir sur Kim.

« Mais en dessous de cette coquille, je crois qu'elle se soucie vraiment des gens qui l'entourent. Elle a juste du mal à l'exprimer. »

Kim l'écouta attentivement, touchée par les paroles de Franck. Peut-être que derrière cette façade glaciale, il y avait effectivement plus à découvrir chez Abigail. Mais pour l'instant, la seule chose qu'elle pouvait faire, c'était de continuer à avancer, un jour à la fois, en espérant que cette dureté finirait par se fissurer

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