Kim était assise sur le rebord de la baignoire balnéo d’Abigail, avec ses mains tremblantes posées sur ses genoux et le regard perdu. La jeune mafieuse avait emmené la barman dans sa salle de bain pour pouvoir désinfecter la plaie dans son cou. L'atmosphère était lourde de silence, seulement interrompue par le bruit d'Abigail fouillant dans son armoire à pharmacie, qui était au-dessus du lavabo. Une fois les objets trouvés, elle se retourna vers Kim, toujours silencieuse.
Puis, elle se s'agenouilla devant elle, ses doigts glissant sur la peau de la jeune femme pour écarter doucement la chemise et découvrir la plaie. Ses gestes étaient sûrs, mais il y avait dans ses mouvements une délicatesse inattendue. Puis, elle imbiba la compresse de désinfectant et commença à tamponner la plaie. Face à ce geste délicat, Kim ne pouvait s’empêcher de frissonner, mais elle ne dit rien. Cependant, son regard finit par croiser celui d’Abigail et elle finit par briser le silence.
« Pourquoi il m’a pris en otage ? Vous le connaissez ? » demanda-t-elle, d'une voix tremblante.
Abigail continua son geste, imperturbable, avant de répondre calmement, comme si la réponse n’avait aucune importance :
« Aucune idée. Vous êtes juste tombée sur la mauvaise personne, au mauvais moment. »
Ces mots, aussi froids qu’ils pouvaient paraître étaient contrebalancés par la douceur avec laquelle elle termina de désinfecter la plaie. Se relevant, elle jeta la compresse dans une poubelle proche, puis sans se retourner, elle ajouta :
« Mais, en tout cas, je suis heureuse que vous soyez indemne. »
Kim cligna des yeux, surprise. Il y avait quelque chose dans le ton d’Abigail qui la déstabilisait.
« Merci… » murmura-t-elle, la voix à peine audible.Elle se leva du rebord de la baignoire, mais ses jambes tremblaient encore de peur et d'adrénaline. Abigail remarqua immédiatement. Ses yeux, d’habitude durs et perçants, semblaient ce soir plus attentifs, presque inquiets. Après un court moment d’hésitation, la mafieuse posa une question inattendue :
« Qu'est ce que vous aimez manger ? »
Kim la fixa, encore plus surprise par ces élans inattendus de gentillesse.
« Je mange de tout... Pourquoi ? »
demanda-t-elle, suspicieuse.
Abigail peu habituée à ce genre d’échange avec Kim, sembla chercher ses mots avant de soupirer et d’admettre :
« Vous avez passé une sale soirée, et vous n'avez probablement rien mangé... Je me disais que... vous préparer quelque chose serait une bonne idée. »
Kim la regarda, suspicieuse. Ce ton aimable ne collait pas du tout avec l’image d’Abigail.
« Je rêve... Vous jouez la gentille, et ensuite, vous allez me demander quelque chose en retour ? »
Abigail leva les yeux au ciel, croisant les bras d'un air amusé
« Pour une fois que j’essaie d’être sympa avec vous… » répondit-elle d'un ton faussement exaspéré. Puis, d'un air résolu, elle ajouta : « Je vais préparer des pâtes carbonara. Allez dans le salon. »
Elle sortit de la salle de bain sans attendre de réponse, laissant Kim derrière elle, encore plus troublée.~~
Quelques minutes plus tard, Kim s’installa dans le canapé, ses pensées tourbillonnant. Elle tourna son regard vers Abigail qui revenait, tenant deux assiettes fumantes. Elle s’assit à côté d’elle et lui tendit une assiette. Kim, encore méfiante, hésita à manger. La patronne, remarquant son hésitation, lui lança avec un sourire amusé :
« Ce n’est pas empoisonné, si c’est ce que vous vous demandez »
Kim leva les yeux vers elle avec une étincelle de défi dans le regard, mais elle prit tout de même la fourchette.
« Je n’en étais pas sûre », rétorqua-t-elle en goûtant prudemment.Le silence s'installa entre elles, seulement interrompu par le son de la télévision. Les minutes passèrent, et peu à peu, Kim se détendit, appréciant le plat plus qu’elle ne l’aurait cru. Abigail, dans un rare élan d’humour, lança :
« Ça doit être sympa, pour une fois, de se faire servir, non ?
- Je dois admettre… c’est agréable. Et… c’est plutôt bon.... » Répondit Kim, sans pouvoir s’empêcher de sourire.Le repas étant terminé, Abigail ramassa les assiettes et les emmena dans la cuisine, laissant Kim seule un instant. Assise sur le canapé, la barman restait nerveuse, incapable de chasser son anxiété. Sa jambe tremblait légèrement trahissant son agitation intérieure. De retour à côté d’elle, Abigail remarqua le tremblement de Kim qui était toujours présent. Elle s’assit sans s’approcher, observant la jeune femme avec une rare bienveillance.
« Ça va ? Vous semblez encore tendue..»Kim força un sourire et hocha la tête. « Ça se voit tant que ça ? » plaisanta-t-elle doucement, avant de se confier à demi-mot. « Ça fait du bien de vous voir comme ça... Je ne m'y attendais pas. »
Abigail baissa les yeux, mal à l’aise devant cette franchise. Elle toussota et changea de sujet avec maladresse.
«Comme mes hommes sont occupés…Et que personne ne pourra surveiller vos alentours...Je préfère que vous restiez ici..» Après une pause, elle demanda : « Vous aimez les films ? »
Kim, un peu déconcertée par le brusque changement de sujet, répondit seulement à la question : « Euh... oui, j'aime bien. »Abigail sourit faiblement et metta un film de science-fiction, avant de se couvrir d’un grand plaid et de l'étendre sur Kim. La jeune femme, sentant la chaleur rassurante du tissu, s’installa plus confortablement dans le canapé. Après un quart d’heure, la fatigue rattrapait Kim. Elle se sentit sombrer peu à peu dans son sommeil. À un moment, sans même s’en rendre compte, elle laissa sa tête tomber doucement sur l’épaule d’Abigail. La mafieuse, d’abord surprise, laissa échapper un léger soupir et tenta de déplacer délicatement la tête de Kim loin de son épaule, mais celle-ci revenait toujours rechercher cette proximité.
Son instinct lui criait de la repousser, mais quelque chose de plus doux l'en empêchait. Finalement, elle céda, l’enveloppant un peu plus dans le plaid, tout en l'ajustant contre elle, dans une position plus confortable. La barman, déjà à demi endormie, s’abandonna totalement à ce geste, blotti contre Abigail. Sa respiration devenait régulière, signe qu'elle s'était profondément endormie. La patronne lutta, elle aussi contre le sommeil avant de céder. Elle se laissa glisser contre l'accoudoir, entraînant inconsciemment Kim avec elle.Les deux femmes s'étaient endormies l'une contre l'autre, leurs corps trouvant un réconfort mutuel aussi inattendu que profond, formant un cocon protecteur contre le froid de la nuit. Kim avait la tête nichée contre la poitrine d'Abigail, et leurs souffles s'entremêlaient dans une douce harmonie. La jeune mafieuse l'enlaça avec une tendresse insoupçonnée. Leur proximité était à la fois fragile et inéluctable.
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Le Moncelino
Teen FictionKim, une jeune femme ordinaire, décide de briser sa routine en visitant le Casino Moncelino un lieu luxueux mais dangereux, dirigé par Abigail Moncelino, une figure redoutée de la mafia locale. Après avoir perdu de l'argent, Kim se retrouve piégée p...