Chapitre XXXII

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Franck et ses hommes étant partis, Abigail commença à s'avancer lentement vers l'homme avec un regard glacial. Arrivée devant lui, elle arracha d’un geste brusque le scotch qui scellait sa bouche. L’homme, ne perdant pas une seconde, une fois sa bouche libérée, lui cracha au visage. Sentant le liquide chaud couler le long de sa joue. Abigail ferma un instant les yeux et d'un geste presque mécanique et calme essuya le crachat du revers de sa main, avant de murmurer :

« Connard »

Sans attendre, elle agrippa violemment le col de l'homme, ses doigts se crispant sur le tissu. Voyant la violence du geste, l'homme ne put s'empêcher d'avoir un sourire moqueur.

« Ouhouh, que j'ai peur,»  ricana-t-il avant de partir dans un fou rire démesuré.

En entendant le rire, Abigail se figea et son regard impassible se posa sur l'homme. Puis, soudain, sans crier gare, elle lui asséna un coup de poing dans l'abdomen. Le rire mourut immédiatement dans un souffle rauque, tandis que les poumons de l'homme cherchaient désespérément de l'air. Plié en deux de douleur, il croisa à nouveau le regard d'Abigail, qui était rempli de colère.

« Qui t’envoie ?! » lança-t-elle, la voix vibrante de rage, tout en resserrant un peu plus sa prise sur son col.

Malgré la douleur, l'homme regarda la femme avec arrogance, refusant de répondre. Son silence était encore plus provocateur que son regard. Face à son silence, Abigail perdit patience et le relâcha brusquement, avant de se détourner pour se diriger vers une table positionnée contre un mur, où reposait le couteau de l'homme. Abigail le saisit d'un geste calculé et revint vers lui d'un mouvement empreint de détermination. La lame du couteau scintillait sous la lumière tamisée de la pièce.

« Tu oses venir sur mon territoire… prendre une de mes employées en otage… et tu crois que tu peux garder le silence ? » demanda-t-elle d’une voix qui était presque basse et hypnotique. 

L'homme, ne prenant pas la menace silencieuse d'Abigail au sérieux, sourit en voyant le couteau. Et lui répondit avec un mépris évident :

« Oui, et alors ? »

À ce même moment, Abigail leva le couteau et le plaça sous son menton, appuyant la lame froide contre sa peau. Puis lentement, elle se mit à la faire glisser le long de sa gorge et de son torse. La lame tranchait légèrement le tissu sans pénétrer la chair. L'homme regarda le couteau descendre lentement sans une once de peur. Tout en faisant ce geste, la jeune mafieuse redemanda, d'une voix douce qui en devenait dangereuse :

« Je vais te poser la question une dernière fois... Qui t’envoie ? »

Malgré la menace, l’homme persistait, ses yeux brûlant de défi, ses lèvres toujours étirées par un sourire. Abigail l’observa un instant, l’évaluant, puis, sans crier gare, elle planta la lame d’un geste sec et précis dans sa cuisse. La douleur brutale arracha un cri déchirant des lèvres de l’homme, tandis que son corps se contractait sous l'effet de la souffrance. Pourtant, malgré le tourment qui se lisait sur son visage, il resta obstinément silencieux.

«Je te conseille de parler ! » siffla-t-elle, d'une voix teintée d'une cruauté froide, puis elle ajouta tout en tournant le couteau dans la plaie « ou cette douleur ne sera qu'un avant-goût de ce qui t'attend...»

L’homme serra les dents et ses yeux se ferma sous l’intensité de la douleur, mais il continua de résister. 

« Je préfère mourir que de les trahir » cracha-t-il entre deux gémissements.

Cette réponse fit soupirer Abigail, et retira lentement la lame, tout en regardant le sang qui coulait le long de sa jambe.

« Mourir, hein ? Je peux arranger ça...» Murmura-t-elle

Elle se glissa derrière lui, attrapa ses cheveux avec force et tira sa tête en arrière, ce qui exposa sa gorge vulnérable. Elle vint loger la lame sous sa mâchoire, la pointe appuyée juste assez pour menacer sans tuer. L’homme se mit à trembler et une fine pellicule de sueur apparut sur son front. L’assurance qu’il affichait un instant plus tôt commença à se fissurer.

« Tu es sûr de vouloir mourir pour eux ? » souffla-t-elle à son oreille d'une voix douce comme un venin. Puis elle ajouta avec un petit sourire :
« Ne veux-tu pas sauver ta petite vie misérable ? » 

Elle accompagna ses mots d’une légère entaille sur sa gorge, comme il l'avait fait sur Kim. Cette coupure fit sursauter l'homme. La douleur de sa cuisse, la tension dans ses cheveux, et la menace sur sa gorge eurent finalement raison de lui et il finit par céder.

« D’accord... d’accord... je vais te dire... c’est Mandez !  »

À l'évocation du nom, elle plissa les yeux, puis  relâcha sa prise et se replaça à nouveau devant l'homme. Elle demanda sa voix étant aussi glaciale que la lame du couteau :

«  Pourquoi ? »

L'homme tremblant, tenta de reprendre son souffle

« Je... je sais pas... Il m’a juste demandé de prendre une barmaid en otage… pour te faire craquer... » balbutia l'homme à moitié effondré.

Abigail écouta attentivement ses mots, comprenant sans difficulté la stratégie de Mandez, qui cherchait à la déstabiliser. Ce qui la fit soupirer, c'était la stupidité d'un plan déjà voué à l'échec.

« Et c’est tout ? Il ne t’a rien dit d’autre ? » Demanda-t-elle, sentant que toute la vérité n'a pas été dite.

L’homme secoua difficilement la tête, sentant la peur l’étreindre.

« Non... rien d’autre. »

Voyant Abigail jouer avec le couteau, le regard de l'homme devint plus désespéré et il se mit à supplier la femme, les larmes aux yeux.

« Pitié... je t'ai tout dit... Je t'en supplie, ne me tue pas... J'ai accepté pour l'argent... pour.. pouvoir subvenir aux besoins de ma fille... Je veux la revoir... S'il-te-plaît..."

Le MoncelinoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant