Le Moncelino

Chapitre XXIX

Après leurs vacances chez Madame Moncelino, Kim, Franck et Abigail étaient rentrés au casino reprenant rapidement le cours du quotidien. La barman nettoyait les derniers verres de la soirée, la patronne était dans son bureau passant en revue les rapports. Quant à Franck, il déambulait dans le casino.

La porte du bureau d'Abigail s'ouvrit, laissant apparaître un de ces hommes de main. Son visage était plus que sérieux. « Mademoiselle, je dois vous informer de quelque chose », annonça-t-il attendant que la jeune femme lève enfin les yeux de ses documents. Lorsqu'il vit qu'il avait capté l'intention de sa cheffe, il continua :
« Pendant votre absence, il y a eu des transactions suspectes à la frontière de notre territoire, et un peu trop proches à mon goût… »
La femme, impassible se dressa lentement sur son siège de bureau. Son regard fixé sur l'homme.
« Quel genre de transaction ? demanda-t-elle, son ton étant sec.

- On ne sait pas encore, mais ils se rapprochent de plus en plus de notre territoire.

-Très bien... Continuez à les surveiller. Si la situation évolue, informez-moi immédiatement. » ordonna-t-elle avant de lui faire signe de quitter la pièce.

Pendant ce temps, le casino se vidait petit à petit, à l'exception d'un jeune homme d'une vingtaine d'années. Celui-ci s'avança doucement vers le bar.
« Kim ? » Lança-t-il
La jeune femme qui nettoyait le comptoir, se retourna vers l'homme surprise de ne pas reconnaître la voix.  « On se connaît ? » demanda-t-elle intriguée.
L'homme ayent un sourire énigmatique sur les lèvres, secoua légèrement la tête avant de répondre :
« Non, pas vraiment » Puis, sans prévenir, il sortit discrètement un couteau dissimulé sous sa veste. Sans lui laisser le temps de réagir, il l'attrapa violemment, tout en plaçant la lame froide contre sa gorge et la tira au milieu du casino. Les hommes de main, terminant leur ronde furent instantanément témoins de la scène.

L'intrus maintenant plus fermemant Kim, hurla aux hommes de main :
« Personne ne bouge ou je l'égorge ! »
Prise de panique, Kim tenta en vain de se libérer de son emprise, ses mains agrippant désespérément le poignet de son agresseur. 
« Qu’est-ce que vous voulez ?! Lâchez moi ! » s’écria-t-elle, la voix tremblante. L'homme ne sembla même pas la regarder, fixant plutôt les hommes de main qui étaient devant lui.
« Je veux voir ta patronne ! » rétorqua-t-il les yeux pleins de défis.

Le garde qui avait quitté le bureau d'Abigail plutôt, se précipita de nouveau dedans pour l'informer de la situation. Quelques minutes plus tard, la jeune mafieuse fit son apparition dans la salle. Elle regarda calmement la scène, avant de faire un signe discret à ses hommes, ordonnant de ne pas intervenir.
« Que veux-tu ? » demanda-t-elle froidement, sans une once d’émotion dans la voix.
L’homme resserra un peu plus son emprise sur Kim, la forçant à émettre un petit cri de douleur et à se débattre. Il la regarda se débattre avec un sourire cruel aux lèvres, avant de répondre :
« Tout ce que je veux, c’est ton livre de comptes. Sinon, elle y passe. »
À cette demande, la femme fut prise au dépourvu, mais elle garda tout de même son calme.
« Je ne peux pas le donner..» dit-elle sèchement.
L'homme, frustré par son manque de coopération, enfonça un peu plus la lame contre la gorge de la barman, ce qui provoqua une petite coupure. Kim, face à cette douleur retint un cri et ferma les yeux.
« C’est soit elle, soit toi ! » menaça-t-il.

Franck, qui n’avait pas encore été repéré, s’approcha discrètement avec son arme à la main. Abigail apercevant son fidèle allié esquissa un sourire et répondit calmement :  « Aucune des deux. »
C'est à cet instant que Franck surgit derrière l’agresseur et lui asséna un coup de crosse sur le crâne. L’homme s’effondra lourdement au sol,
lâchant instantanément son couteau et Kim par la même occasion. Tandis qu’il perdait connaissance, Franck se pencha au-dessus de lui et laissa échapper un petit rire.
« Bonne nuit, Monsieur », murmura-t-il en rangeant son arme.
Kim tremblante et encore sous le choc, vacilla incapable de retrouver son équilibre. La patronne inquiète, accourut et la rattrapa juste à temps. La tenant fermement contre elle tout en regardant la coupure dans le cou de la jeune femme. Inquiète, elle lui demanda d'une voix douce : « Ça va ? »
Kim hocha faiblement la tête, malgré la terreur qui l'habitait encore « J-je vais bien... », balbutia-t-elle, sa voix marquée par l’émotion et son souffle étant court. Elle leva les yeux vers Abigail, qui continuait de la maintenir contre elle, comme pour la protéger du monde extérieur.

La mafieuse jeta un regard sombre à l'homme inconscient au sol, puis ordonna à Franck : « Emmène-le en bas. » Celui-ci hocha la tête, avant de traîner le corps vers le sous-sol du casino, suivit des hommes de main.
Après un dernier coup d'œil à Kim, Abigail la serra un peu plus contre elle, ses bras se refermant autour de la jeune femme avec une tendresse inhabituelle. La barman, encore sous le choc, posa doucement sa tête contre l'épaule d'Abigail, se laissant aller à la sécurité que lui offraient ces bras.