Chapitre XXXI

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Le lendemain matin, Franck se rendit comme à son habitude dans le bureau d’Abigail. En arrivant, il constata avec grande surprise que le bureau était vide. Cela ne ressemblait pas à la patronne, qui était habituellement présente dans son bureau de bon matin. Intrigué par cette absence inhabituelle, Franck alla interroger quelques hommes de main pour savoir s'ils l'avaient vue. Mais tous lui répondirent la même chose : personne n'avait vu Abigail ce matin-là. De plus en plus inquiet, Franck prit l’ascenseur et passa son badge pour accéder au penthouse d’Abigail.

Une fois devant la porte, il frappa doucement, mais aucune réponse ne lui parvint. C'est alors qu'il décida d'appuyer sur la poignée, remarquant que la porte n'était pas verrouillée. Il tira doucement son arme de sous son blazer et pénétra dans l’appartement qui était plongé dans la pénombre. Il se déplaça silencieusement à l'intérieur et ouvrit doucement la porte de la chambre d'Abigail. Ne la voyant pas à l'intérieur, il poursuivit sa progression avec précaution. Lorsqu’il atteignit le salon, une forme sous un plaid attira son attention. Il s'en approcha, tel un félin sur le qui-vive et souleva délicatement un coin du tissu.
La scène qui découvrit, sous ce cocon de chaleur et de douceur le laissa sans voix : Abigail et Kim, profondément endormies l'une contre l'autre. La barmaid avait toujours la tête nichée contre la poitrine d’Abigail, tandis que cette dernière reposait sa joue sur le sommet de la tête de la jeune femme, tout en continuant de l'enlacer.

Devant cette scène, Franck resta figé, incapable de détourner le regard de ce tableau à la fois surprenant et touchant. L’aura de tendresse qui émanait des deux femmes lui fit esquisser un sourire qu’il ne put réprimer. Puis, il recula doucement en rangeant son arme et sortit son téléphone de sa poche pour immortaliser ce moment inattendu. Une fois la photo prise, il tapota l'épaule d'Abigail pour la réveiller.
Sentant les légers coups, Abigail émergea doucement de son sommeil. En ouvrant les yeux, elle réalisa qu’elle tenait Kim dans ses bras et les enleva rapidement, gênée, comme pour cacher ce moment à Franck, qui avait déjà immortalisé la scène.

« Vous êtes si mignonne », murmura-t-il en lui montrant la photo qu’il venait de prendre.

Un mélange de rougeur et de mécontentement envahissa le visage d'Abigail

« Supprime ça... tout de suite, » grogna-t-elle, incapable de soutenir son regard. 

Franck ria doucement en voyant la réaction d'Abigail pour ne pas réveiller Kim, qui dormait toujours paisiblement. 

« C’est juste un souvenir... », dit-il en plaisantant, avant de finalement supprimer la photo, puis son ton redevint sérieux :

« L'homme s'est réveillé..si tu veux lui soutirer des informations..»

Voyant la photo supprimée, Abigail soupira de soulagement, hocha la tête et murmura :

« D’accord... je vais m’en occuper. » 

Elle se dégagea lentement de sous Kim, prenant soin de ne pas troubler son sommeil. Une fois libérée, elle arrangea le plaid sur la jeune femme qui s’était retournée dans son sommeil. S'étant assurée qu'elle dormait profondément, Abigail et Franck quittèrent le penthouse en toute discrétion. La jeune mafieuse ferma la porte à clé, enfermant Kim dans son appartement, puis ils entrèrent dans l'ascenseur.

Franck ouvrit la bouche, prêt à poser une question, mais Abigail se tourna brusquement vers lui et le coupa d’un ton glacial :

« Je ne veux pas qu’on en parle. » Elle détourna ensuite le regard pour consulter son téléphone, comme si rien ne s'était passé.

Adossé à la paroi de l’ascenseur, Franck se racla la gorge, incapable de contenir plus longtemps ce qu’il avait sur le cœur.

« C’est juste que vous deux… je ne sais pas quoi en penser. Vous n’êtes pas exactement les meilleures amies du monde, et vous vous retrouvez encore dans une situation comme celle-ci… et c’est la deuxième fois. »

Abigail poussa un long soupir avant de ranger son téléphone dans sa poche.

« Écoute, Franck, elle était en état de choc. J’ai pensé que c’était plus sage de l’héberger. Par gentillesse, rien de plus. »

Franck lui répondit avec sa tendresse habituelle :

« Je n’ai jamais dit le contraire. Je sais que tu peux être gentille, Abigail. »

À cet instant, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur le hall scintillant du casino, mettant fin à leur échange. Sans un mot de plus, ils se dirigèrent vers l’accès réservé menant au sous-sol privé. Là, l’atmosphère changea radicalement.
En entrant, Abigail posa immédiatement les yeux sur l’homme ligoté et bâillonné au centre de la pièce. Son visage resta impassible, mais une lueur traversa ses yeux. Elle jeta un regard rapide à Franck et aux hommes de main postés dans un coin de la pièce. Puis, d’une voix ferme, presque tranchante, elle déclara :
« Laissez-moi seule avec lui. »

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