Au delà du réel -2- [BARDATTAL]

𝐅𝐈𝐍 𝐀𝐋𝐓𝐄𝐑𝐍𝐀𝐓𝐈𝐕𝐄

" - VOUS avez une imagination débordante, Monsieur Bardella.

- Non.. non, je vous assure, tout cela est vrai.

- Est-ce que vous avez pris vos cachets aujourd'hui ? S'enquit l'infirmière tout en débarrassant le plateau repas qui venait d'être englouti.

- Oui.. non, je ne sais plus...

Les pilules colorées étaient restées intactes sur la table de chevet.
La voix du vieillard résonnait dans la pièce, accompagnant celles des machines médicales des chambres d'à côté.

- Vous ne les avez pas prit Monsieur Bardella.

- Je ne veux plus les prendre, ils ont mauvais goût.

- Mais ça vous évitera ce genre...d'hérésie.

- Ce ne sont pas des hérésies ! Tout cela est vraiment arrivé, quand j'étais jeune !

- Monsieur Bardella, il est temps que vous preniez vos médicaments.

Le vieil homme s'agitait dans tous les sens, menaçant de se lever de son lit dans lequel il était allongé depuis des mois, voir des années.

Il commençait à crier un tas de choses insensées.
Insensées pour les membres de cet hôpital, mais pas insensées pour lui.

Jordan Bardella, l'homme sur qui tous les espoirs reposaient, figure emblématique de la politique française dans sa jeunesse, avait subi une chute tragique, entraînant son parti avec lui...

Après des années de mutisme, Gabriel Attal, son opposant avec qui il avait été vu à maintes et maintes reprises lors de débats, avait pris la parole et décidé de porter plainte.
Il révéla être harcelé par Jordan Bardella depuis presque deux ans, ce dernier lui aurait envoyé des centaines de messages et aurait stalker ses moindres faits et gestes.

Les forces de l'ordre se sont donc rendues de force dans le domicile de l'ex président du rassemblement national et ont trouvé dans son téléphone, son ordinateur et dans de vieux carnets de notes des preuves accablantes montrant qu'il menait de véritables enquêtes sur Gabriel Attal.

Un journal intime a aussi été retrouvé. Dans ce dernier, il racontait sa prétendue relation tumultueuse avec l'ancien premier ministre.
Échanges de messages, mots d'amour, récits de baisers, tout était inscrit
dans les moindres détails, ligne par ligne.

L'homme, alors à peine âge de trente ans à l'époque, se fait arrêter et juger, mais finit par être reconnu irresponsable de ses actes au vu de son état de santé mentale.
Il est révélé qu'il est atteint d'une grave dépression nerveuse mais aussi de bipolarité. Pathologie qui semble suivre la famille Bardella puisque sa mère en était également atteinte, avant qu'elle ne mette fin à ses jours un soir, les secours n'arrivant pas à tant pour la sauver de son overdose.
Le décès de cette dernière aurait, selon les médecins, aggravé d'autant plus le cas du jeune Jordan qui plongea encore plus loin dans son érotomanie, déjà sévère.

Il est placé provisoirement dans un hôpital publique où il subira plusieurs tests neurologiques et psychologiques, puis le quittera au profit d'une clinique psychiatrique privée où il sera jugé inapte à sortir et y passera le restant de ses jours.

Gabriel Attal, lui, s'est retiré de la politique peu de temps après cette affaire, considérant qu'il avait besoin de temps pour se remettre de ce scandale ayant autant affecté sa vie professionnelle que sa vie personnelle.
Il fera, cependant, en 2047, son grand retour en se présentant aux élections présidentielles, soit plus de vingt ans après ce scandale.
Suite à une longue campagne et un fort soutien de la part des militants, il gagnera ces élections et restera au pouvoir durant cinq ans.
Il ne se présentera plus après cela mais continuera d'occuper une place importante au sein de son parti jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite.

Il ne reviendra plus jamais sur l'affaire que les médias ont nommé :

Au delà du réel, on trouve le virtuel : affaire Bardella. "

La santé mentale est un sujet que la société a rendu tabou, poussant les personnes atteintes de troubles à se taire et ne pas se faire aider.
Tout cela aurait pu être évité si le père de Jordan n'avait pas quitté sa mère après pris connaissance de son diagnostic, si il avait grandi dans un foyer stable et aimant, s'il ne s'était pas fait harcelé à l'école primaire, si Marine Le Pen n'avait pas abusé de sa faiblesse, si sa mère ne s'était pas suicidée.
Jordan aurait pu avoir une belle vie, mais à la place, il la passa à souffrir.

À Jordan, et à tous ceux qui ont passé une existence à souffrir en se demandant pourquoi

FIN.