L'empire des ruines 2

17

Le silence était presque irréel alors que Gabriel et Jordan avançaient prudemment dans l'obscurité de la nuit. L'adresse qu'ils avaient trouvée menait à un vieux bâtiment industriel, délabré, où des murs de béton usés semblaient défier les années. Les seuls sons audibles étaient leurs respirations tendues et le léger frottement de leurs chaussures sur le sol poussiéreux.

Gabriel fronça les sourcils, jetant des regards furtifs autour de lui. Il y avait quelque chose qui clochait. Ils s'attendaient à rencontrer des gardes, à faire face à des obstacles, mais jusqu'à présent, le chemin semblait étrangement désert.

- C'est bizarre... murmura Jordan, la voix à peine plus forte qu'un souffle. Il devrait y avoir quelqu'un, non ? Je m'attendais à ce que ce soit plus... surveillé.

Gabriel acquiesça sans répondre, son esprit tournant à mille à l'heure. Tout ceci ne ressemblait en rien à ce qu'ils avaient imaginé. Ce silence, cette absence de résistance... c'était suspect. Trop suspect.

Ils continuèrent à avancer dans les couloirs abandonnés, les murs gris et les plafonds hauts créant une atmosphère encore plus oppressante. Le sol en béton résonnait légèrement sous leurs pas, et chaque écho semblait les suivre, comme une ombre invisible.

Soudain, un bruit lointain brisa le silence. Un grincement léger, suivi de ce qui ressemblait à des pas. Gabriel se figea, tendant l'oreille. Jordan fit de même, son cœur battant plus fort dans sa poitrine. Les deux hommes échangèrent un regard, leurs visages marqués par la méfiance.

- Tu as entendu ? murmura Gabriel, ses yeux scrutant le couloir devant eux.

- Oui... On n'est pas seuls, répondit Jordan, l'air inquiet.

Mais avant qu'ils n'aient le temps de réagir, un cri déchirant s'éleva dans l'air, résonnant dans tout le bâtiment. Un cri familier. Une voix qu'ils reconnaîtraient entre mille.

- Papa ! cria la voix désespérée de Jade. Papa, aide-moi !

Gabriel se raidit, son visage pâlissant sous l'intensité de l'émotion. C'était Jade. Sa fille, quelque part ici, souffrait. Il n'y avait plus de temps à perdre. Ni une ni deux, il se mit à courir en direction des cris, son cœur battant à tout rompre. Jordan le suivit de près, les deux hommes animés par la même détermination.

- Jade ! cria Gabriel, sa voix emplie d'angoisse. Jade, on arrive !

Ils couraient à travers les couloirs, leurs pieds frappant le sol en une cadence rapide et désespérée. Les cris de Jade résonnaient toujours, se répercutant sur les murs, se multipliant dans l'espace. Ils tournaient dans les couloirs sombres, suivant chaque écho de sa voix.

- Papa ! Aidez-moi ! suppliait-elle.

- Accroche-toi, Jade ! cria Jordan, sa voix brisée par la peur. On est là !

Le bâtiment semblait s'étendre sans fin, une sorte de labyrinthe infernal où chaque porte, chaque couloir, les menait dans une nouvelle direction. Pourtant, les cris de Jade restaient aussi proches que lointains, comme s'ils étaient partout et nulle part à la fois.

Finalement, ils arrivèrent à une grande pièce, à l'endroit où les cris semblaient provenir. Essoufflés, haletants, ils s'arrêtèrent net devant la porte entrebâillée. La lumière qui filtrait à l'intérieur semblait aveuglante comparée au peu de luminosité qu'offraient les couloirs qu'ils venaient de traverser.

Gabriel fut le premier à entrer, l'adrénaline pulsant dans ses veines. Il s'attendait à trouver Jade, peut-être attachée, peut-être blessée, mais ce qu'il découvrit le laissa sans voix.