Gabriel et Jordan restèrent figés à l'orée de la clairière, le souffle coupé, leurs cœurs battant frénétiquement dans leurs poitrines. Ce qu'ils avaient sous les yeux était une scène de cauchemar.
Le silence était assourdissant, à peine perturbé par le bruissement lointain du vent dans les arbres. L'air, autrefois frais, semblait maintenant saturé, avec un goût métallique qui leur emplissait la gorge. La terre était éclaboussée de sang, et chaque détail de la scène se révélait lentement à leurs esprits, un choc après l'autre.
Gabriel fut le premier à s'avancer d'un pas hésitant. Le sol était jonché de feuilles imbibées de sang, chaque goutte semblant étouffer le monde autour d'eux dans une horreur silencieuse.
Jordan resta en retrait, incapable de bouger pendant un moment. Ses yeux se fixaient sur le corps inerte. Il y avait tant de sang. Trop de sang.
Gabriel, malgré le choc, tourna finalement son regard vers Jade. Elle était là, debout, à quelques pas du corps. Son visage était maculé de sang, déformé par une expression qu'il ne lui avait jamais vue auparavant : une terreur, mêlée d'une incompréhension totale. Ses mains tremblaient, et dans l'une d'elles, elle tenait un pistolet. Le même qui, quelques minutes plus tôt, avait mis fin à une vie.
Le temps sembla s'étirer à l'infini alors que Gabriel faisait un pas vers elle, puis un autre, ses propres jambes devenant de plus en plus lourdes, comme si le monde autour de lui ralentissait. Jade, malgré sa posture figée, semblait sur le point de s'effondrer.
- Jade... murmura Gabriel, sa voix se brisant presque dans l'air, sans oser s'approcher trop brusquement.
Elle ne bougea pas. Ses yeux étaient grands ouverts, fixés sur le corps du garde. Chaque muscle de son petit corps semblait crispé, figé dans une terreur viscérale. Le pistolet tremblait entre ses doigts, oscillant légèrement à chaque spasme de sa main.
Gabriel, maintenant à quelques pas d'elle, tendit lentement la main vers l'arme, ses gestes calmes et mesurés. Il voulait qu'elle sache qu'elle n'était pas seule, qu'elle pouvait lâcher prise. Mais il sentait également l'urgence de la situation. Ce pistolet dans les mains d'une enfant, recouverte de sang... c'était une image qu'il ne pouvait pas supporter.
- C'est fini, Jade, tu es en sécurité, murmura-t-il doucement, sans la brusquer. Je vais juste... prendre ça, d'accord ?
Elle ne répondit pas. Ses lèvres remuaient faiblement, mais aucun son ne sortait. Elle restait silencieuse, les yeux toujours fixés sur le corps sans vie devant elle. Finalement, Gabriel se risqua à approcher encore d'un pas, son regard fixant celui de Jade.
Doucement, presque comme si le moindre geste brusque risquait de tout briser, il saisit le pistolet des mains de Jade. Ses doigts restaient crispés autour de la crosse, mais après quelques secondes, elle finit par relâcher l'arme. Gabriel déposa l'arme au sol, à l'écart, avant de revenir à elle, son cœur se serrant à la vue de son visage si dévasté.
- Viens ici... souffla-t-il, les bras ouverts.
Mais avant qu'il ne puisse la prendre dans ses bras, Jade tomba, ses jambes fléchissant sous elle. Elle s'effondra littéralement dans ses bras, et Gabriel l'attrapa juste à temps pour empêcher sa chute. Il la serra contre lui, ses petits bras entourant faiblement son torse, son visage blotti contre lui, mais elle ne pleurait pas. Elle tremblait simplement, secouée de spasmes silencieux.
- J'ai... j'ai tué quelqu'un, balbutia-t-elle, sa voix brisée, répétant ces mots encore et encore, comme une litanie.
- Chut... c'est fini, tu es en sécurité maintenant, répondit Gabriel, même s'il savait que ses mots n'avaient pas l'effet apaisant qu'il espérait. Il essayait de trouver les mots justes, mais rien ne semblait suffisant. Comment pouvait-il rassurer une enfant qui venait de vivre une telle horreur ?
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L'empire des ruines 2
FanficLa France a réussi à se libérer du joug du régime totalitaire, mais la menace n'est pas éteinte. Les membres restants de l'ancien régime, bien que peu nombreux, préparent un plan pour reprendre le contrôle et asservir à nouveau la nation. Gabriel, p...