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Jordan roulait à toute allure, le visage fermé, les yeux rivés sur la route qui s'étendait devant lui. Le paysage défilait en un flou indistinct, mais il n'y prêtait aucune attention. Ses pensées tournaient en boucle, fixées sur un seul point : Gabriel. Chaque seconde qui s'écoulait lui paraissait une éternité, et l'angoisse qui l'avait habité tout au long de cette mission le rongeait encore plus à mesure qu'il se rapprochait de sa destination.

Le moteur de la voiture ronronnait avec une régularité qui contrastait avec son chaos intérieur. Il n'y avait que la rage et la peur dans ses pensées, deux émotions qui ne faisaient qu'augmenter la tension dans son corps. Il savait que l'antidote qu'Océane avait créé pourrait être leur seul espoir, mais l'incertitude de son efficacité le hantait. S'il échouait... Il ne voulait même pas y penser.

Les explosions, les cris, les trahisons... tout cela appartenait déjà au passé, même si les cicatrices étaient encore fraîches. Duval était mort, et avec lui une partie du cauchemar que tous les français avaient traversé. Mais les 68 implants activés hantaient encore son esprit, surtout ne savant pas si Gabriel faisait partie de ces victimes.

Le bâtiment de la résistance apparut enfin à l'horizon, une silhouette familière qui s'imposa dans son champ de vision. Le bâtiment était intact, bonne nouvelle... non ? Son cœur se serra tout de même, et il accéléra encore, poussé par une énergie féroce. Dès que la voiture s'immobilisa dans la cour, Jordan bondit hors de l'habitacle, ne prenant même pas la peine de refermer la portière. Il se précipita vers l'entrée, ignorant les saluts et les questions des soldats qui patrouillaient. Il n'avait pas de temps à perdre.

Les couloirs défilèrent à toute vitesse alors qu'il courait à perdre haleine, son esprit focalisé uniquement sur l'homme qu'il aimait. Il bouscula plusieurs personnes sans un regard, entendant à peine leurs protestations. Sa vision était brouillée par l'urgence, chaque pas l'éloignant de son angoisse pour le rapprocher de ce qu'il espérait : trouver Gabriel en vie.

Enfin, il atteignit la porte de la chambre d'infirmerie où Gabriel reposait. Il s'arrêta un instant pour reprendre son souffle, son cœur battant à tout rompre. Il posa une main tremblante sur la poignée et, après une profonde inspiration, ouvrit lentement la porte.

Ce qu'il vit à l'intérieur le cloua sur place.

La pièce était baignée d'une douce lumière tamisée, et Gabriel était allongé dans son lit, les yeux mi-clos, un léger sourire aux lèvres. À ses côtés, Jade était étendue, appuyée contre lui, tenant un livre ouvert sur ses genoux. Elle était en train de lui lire une histoire à voix basse, sa petite voix douce résonnant dans le silence de la pièce. Jordan reconnut immédiatement l'histoire. C'était celle du dragon et du lapin qui voulaient ouvrir une boulangerie, une histoire qu'ils avaient lue et relue pendant leur 3 mois tous les deux. C'était leur histoire préférée.

La scène était tellement parfaite, tellement paisible, que Jordan sentit un poids énorme se lever de ses épaules. C'était comme s'il entrait dans un autre monde, un monde où le chaos, la guerre et la douleur n'existaient pas. Pour un instant, tout semblait enfin aller bien.

Gabriel tourna doucement la tête en entendant la porte s'ouvrir, et ses yeux rencontrèrent ceux de Jordan. Le sourire de Gabriel s'élargit, malgré la fatigue visible sur son visage.

- Tu es revenu, murmura-t-il d'une voix douce mais pleine de soulagement.

Jordan n'attendit pas une seconde de plus. Il se précipita vers le lit, traversant la pièce en quelques foulées avant de s'agenouiller devant Gabriel. Sans hésiter, il prit le visage de Gabriel entre ses mains et l'embrassa tendrement, profondément, mettant tout son amour et tout son soulagement dans ce baiser.

L'empire des ruines 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant