Chapitre 10

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"La vie est pleine de surprises, surtout quand on est en retard."

Pablo

Le réveil est brutal, comme souvent après une nuit de débauche. Mon crâne tambourine sous l'effet d'un mal de tête persistant, un rappel cuisant de notre virée de la veille. La cuite, c'est sûr, ne me réussit plus comme avant.

Marcus, mon coloc et mon meilleur ami depuis l'enfance, doit se lever tôt aujourd'hui pour accompagner son fils au centre de loisirs. Mais il a décidé que ce serait moi qui prendrais le relais.

– TONTOOON PABLO !! RÉVEILLE-TOI, TU PEUX M'EMMENER S'IL TE PLAÎT ! PAPA NE SE RÉVEILLE PAS !

J'entends la voix aiguë et pleine d'énergie de son fils résonner à travers les murs. Marcus, ce sacré farceur, doit feindre de dormir pour s'éviter la corvée. Mais bon, comment pourrais-je résister à cette bouille d'amour ? Je m'extirpe difficilement de mon lit, soufflant un soupir résigné.

Une douche glacée plus tard, je me traîne jusqu'à la garde-robe pour attraper un sweat et un jogging, optant pour le confort absolu au détriment du style. Pas le temps pour un petit déjeuner, bien sûr. Nous prenons la route en quatrième vitesse, déjà en retard pour le centre de loisirs.

À l'arrière de la voiture, il s'agite, impatiemment excité à l'idée de rejoindre ses copains.

– Allez, champion, tu vas retrouver tes amis !

– OUII ! s'exclame-t-il avec un enthousiasme contagieux qui réussit à esquisser un faible sourire sur mon visage morose. Malgré mon état d'âme matinal, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de fierté. Être tonton n'est pas toujours facile, surtout après une nuit arrosée, mais cette petite boule d'énergie a ce don de rendre les choses un peu plus supportables.

Sur la route, le silence s'installe entre nous, à peine troublé par les ronronnements du moteur et les petits bruits qu'il fait en jouant avec ses doigts. Je regarde brièvement dans le rétroviseur, observant son visage enfantin éclairé par un sourire béat. Il a les mêmes yeux rieurs que Marcus, les mêmes fossettes quand il sourit. C'est incroyable à quel point il ressemble à son père, malgré les années qui nous séparent de notre jeunesse insouciante.

Arrivés au centre de loisirs, je jette un coup d'œil rapide à l'horloge sur le tableau de bord. 9h40. L'accueil ferme à 9h30... Typiquement moi, toujours en retard quand il s'agit de quelque chose d'important. Un soupir de frustration s'échappe de mes lèvres alors que je me gare précipitamment près du portail.

– On est en retard, Tonton Pablo ! s'exclame-t-il en pointant du doigt les portes du centre, où l'activité semble déjà bien lancée.

Je jette un coup d'œil nerveux autour de moi. Pas un animateur en vue. La situation me crispe. Marcus m'a bien eu ce matin, et je sens la colère monter en moi.

J'avais prévu que le portail serait fermé quand nous sommes arrivés.

– Pourquoi je ne peux pas rentrer, tonton ? demanda-t-il avec une pointe de panique dans la voix.

Je soupirai intérieurement tout en tentant de garder mon calme. Ce petit garnement, dans toute sa théâtralité habituelle, se mit alors à crier à pleins poumons.

– YASMINE !!! YASMINE, VIENS M'OUVRIR ! ON M'A ENFERMÉ !! JE VAIS MOURIR ICI ! criait-il, attirant l'attention de tous les alentours.

Je baissai les yeux, légèrement embarrassé par ce spectacle matinal. Mes tempes me lançaient déjà, et les cris stridents de Livio ne faisaient qu'aggraver mon mal de crâne. Puis, comme si la journée n'était pas assez chaotique, je levai les yeux et la vis : Yasmine, debout non loin, les cheveux dénoués encadrant son visage, vêtue d'un jean bleu simple et d'un sweat noir qui mettait en valeur sa silhouette sans effort. Elle affichait un grand sourire à Livio, qui semblait complètement ravi de la voir.

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