Chapitre 13

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"Quand une situation réveille nos vieux démons, on se rend compte que certains cicatrices sont plus profondes qu'on ne l'imaginait."

Pablo

Je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à l'expression dégoûtée de Yasmine. Pourtant, en la regardant, même pendant ces brèves cinq secondes, j'ai perçu une profonde détresse dans son regard. Elle semblait paniquée, et cela suscite mon intérêt. Je dis rapidement à la fille avec qui j'étais de se rhabiller.

Elle me fusille du regard en récupérant ses affaires. « Tiens, mon numéro. On remettra ça... » prononce-t-elle d'une voix suave. Mais je ne compte pas la rappeler. Je ne me souviens même pas de son prénom. Louisa ? Non, peut-être Laurie. Peu importe.

Je me dépêche de sortir de la chambre et de partir à la recherche de Yasmine. Il est peu probable qu'elle cherchait une chambre. Elle devait sûrement se diriger vers la salle de bain. Je me précipite dans cette direction et ouvre la porte.

Ce que je vois me serre le cœur. Yasmine est assise par terre, la tête posée contre la baignoire. Ses yeux sont fermés, mais des larmes coulent toujours sur ses joues. Son corps entier tremble. Elle semble étouffer, manquer d'air. Je panique en la voyant dans cet état, et de mauvais souvenirs refont surface.

Je m'approche rapidement d'elle, essayant de ne pas laisser ma propre panique prendre le dessus. Je m'agenouille à côté d'elle et passe mes bras sous ses genoux et son cou, la soulevant doucement. Elle est légère, fragile, et cela me fait mal de la voir ainsi.

– Yasmine... Yasmine, ouvre les yeux, murmuré-je doucement, espérant qu'elle puisse m'entendre.

Elle reste inconsciente, ses tremblements ne faiblissant pas. En la voyant ainsi, si vulnérable, quelque chose en moi se brise.

**

– MAMA !!!

Le cri déchirant résonne dans la salle de bain. Le corps de ma mère s'effondre lourdement sur le sol carrelé, secoué de tremblements incontrôlables. Sa peau est pâle, ses yeux vitreux expriment une souffrance indescriptible. J'ai si peur, une peur viscérale qui me paralyse. Je m'approche d'elle en tremblant, tendant ma main vers la sienne.

– Mon chéri, va chercher dans mon sac, il y a une petite boîte jaune avec des petits bonbons dedans. Apporte-la moi s'il te plaît.

Ses paroles sont un murmure faible, empli d'une détresse palpable. Des larmes coulent sur mes joues alors que je lutte pour retenir mes sanglots. Je ne veux pas la laisser seule, je ne veux pas qu'elle me quitte.

Je m'agenouille près d'elle, plantant mes yeux dans les siens, cherchant désespérément un signe d'espoir. Je lui dépose un baiser sur le front, et elle esquisse un faible sourire. Ses mots, fragiles mais empreints d'amour, résonnent dans mes oreilles, brisant mon cœur déjà meurtri.

– Je t'aime fort, mon chéri. Je serai toujours là pour veiller sur toi.

Je ne peux pas le supporter. Je me lève précipitamment et je cours, les larmes brouillant ma vue. Je me hâte de trouver cette boîte jaune qu'elle m'a demandé de lui apporter. Chaque seconde semble une éternité. Chaque pas résonne dans le vide de la maison désormais silencieuse.

Quand j'arrive enfin avec la petite boîte entre les mains, mon souffle est court, mon cœur bat à tout rompre. Je me précipite vers elle, mais c'est déjà trop tard. Elle gît sur le sol, immobile, son visage serein contrastant avec la brutalité de la réalité.

Je tombe à genoux à côté d'elle, secoué de sanglots silencieux. Je la supplie de rester avec moi, de ne pas m'abandonner. Mais la mort a déjà pris sa décision, impitoyable et irréversible. Je n'ai pas été capable de la sauver. La personne que j'aimais le plus au monde est partie aujourd'hui, emportant avec elle le peu de bonheur qui me restait.

El GolpeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant